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Pierre Boulez et la musique contemporaine

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 janv. 1966

Pierre Boulez explique les raisons de son retour sur la scène musicale parisienne après plusieurs années d'absence. Il évoque le fonctionnement conservateur du champ musical français

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 janv. 1966
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000544

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Après 1945, Pierre Boulez, compositeur et chef d'orchestre né en 1925, mène à la tête d'un groupe de jeunes musiciens (Jean Barraqué, Michel Fano) un combat esthétique, politique et générationnel virulent contre les traditions néoclassiques du monde musical français. Il multiplie ainsi les déclarations assassines contre les programmations de concert qu'ils jugent conservatrices.

En réaction, il crée en 1954 le Domaine musical, association où il peut faire entendre à un public restreint des oeuvres à la fois "de référence" (de Jean-Sébastien Bach par exemple) et de musique nouvelle. Par ailleurs, Boulez, dans des partitions radicales et sans concession comme Structures, veut "réunir le faisceau de disponibilités élaboré par (ses) prédécesseurs", généralisant parfois à l'ensemble des paramètres sonores (hauteur, intensité, durée) la notion de série qu'avait développée dans les années 1920 les musiciens viennois Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Webern.

Amorçant une tendance toujours existante qui fait de la composition musicale le produit d'une "recherche" par analogie avec les sciences, il contribue à l'image intellectualiste de la musique contemporaine. On le tient particulièrement responsable du désintérêt et de la désaffection du public pour la musique savante de notre temps, alors que toutes ses apparitions en concert font salle pleine. En désaccord avec les principaux responsables de la vie musicale à la fin des années 50, il quitte Paris et part enseigner à l'étranger. Il fait un premier retour en France en 1966 par une série de concerts à la tête de l'Orchestre national de France dans la prestigieuse salle du Théâtre des Champs-Elysées. Il choisit de diriger des oeuvres qu'il aime comme le 2ème Concerto pour piano du compositeur hongrois Bélà Bartok (décédé en 1945), ainsi que des oeuvres de Mozart, Debussy, Stravinsky et Berg qu'il contribue à ériger au statut de "classique".

Son retour définitif s'effectue lorsqu'il crée dans le cadre du Centre Georges Pompidou et prend la direction de l'Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) en 1974 qui associe directement compositeurs et ingénieurs.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Boulez profite de son retour pour réitérer ses critiques à l'encontre des "responsables musicaux en France" dont le journaliste tait le nom par respect sans doute pour les intéressés, Marcel Landowski, chargé de la musique au ministère des affaires culturelles, et Henry Barraud, directeur de la musique à la Radiodiffusion française. Le sens de la provocation du musicien, que le journaliste déclenche par des questions en apparence anodine, s'exprime sans artifice.

Après quelques furtifs plans sur l'orchestre se préparant à une répétition, commence l'entretien au dispositif simple : le cadre se resserre progressivement sur le visage de Boulez au fur et à mesure que les propos se font de plus en plus acerbes. Boulez prend la posture du donneur de leçons et de sauveur, accoudé tranquillement au piano, col de chemise ouvert, cravate dénouée, donnant avec assurance et non sans insolence image à sa rébellion esthétique et politique. Il semble d'ailleurs que ce soit le seul aspect polémique qui intéresse le journaliste tant il est peu question des oeuvres interprétées. En cela, l'information culturelle ne s'intéresse qu'à l'aspect "personnel" de l'événement et bien peu aux questions proprement artistiques.

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