La signature des accords Blum-Byrnes (1946)

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1946 | Date d'évènement : 28 mai 1946

Les accords Blum-Byrnes – qui permettent la libre pénétration du cinéma américain en France en échange d'importants avantages financiers – sont signés à Washington le 28 mai 1946. La signature est suivie des discours des deux signataires.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
28 mai 1946
Date de diffusion du média :
1946
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
02 oct. 2023
Référence :
00000000549

Contexte historique

Par Carole Robert

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma français est en crise : la question de la réorganisation de son économie se pose de façon cruciale. Les professionnels demandent une garantie économique de la part de l'État. De leur côté, les États-Unis ont tout un stock de films qu'ils veulent écouler sur le marché européen. Les accords Blum-Byrnes sont des accords économiques d'ensemble sur la libéralisation des échanges entre les États-Unis et la France, en échange de prêts avantageux et de l'effacement de la dette française (650 millions de dollars prêtés à la France). Une clause concerne le cinéma : elle met en place un système de « contingentement » ou de « quota à l'écran ». Désormais, le nombre de films américains diffusés sur le territoire français n'est plus limité, mais les salles de cinéma ne programment que des films français quatre semaines par trimestre. Tous les fleurons de la production hollywoodienne envahissent les salles françaises et, en 1947, 420 millions de spectateurs se ruent au cinéma pour découvrir les films américains : c'est un record inégalé pour les exploitants.

Le préjudice pour la production française se fait sentir puisque le nombre de productions chute à 71 films, moins qu'en 1942. La signature des accords, estimés comme « une tentative d'assassinat du cinéma français », soulève un tollé immédiat dans le milieu audiovisuel. La mobilisation des professionnels est relayée par le PCF et la CGT. Avec l'entrée dans la guerre froide, l'enjeu du refus des accords Blum-Byrnes s'assimile à la lutte contre l'impérialisme américain. Des comités de défense du cinéma français sont mis en place dans toute la France. En janvier 1948, une énorme manifestation, à laquelle participent de nombreuses stars (Jean Marais notamment) est organisée pour la relance et la protection du cinéma et contre les accords Blum-Byrnes. Le mouvement aboutit à la révision des accords : le temps réservé aux films français est rallongé, le quota sur le nombre de films américains diffusé en France est rétabli. Peu de temps après, le CNC, qui vient d'être fondé en octobre 1946 et qui est financé de façon autonome sur la vente des billets, met en place la première loi d'aide à la création cinématographique.

Éclairage média

Par Carole Robert

La signature et les deux discours sont filmés de façon très sobre, renforçant le caractère solennel de l'événement. Les plans sont fixes sans aucun commentaire en voix off. Le discours de Léon Blum est filmé avec une seule caméra sur pied, de face. Le cadre intègre Blum et Byrnes. Pendant le discours de Byrnes, en revanche, Blum n'est pas dans le champ. Dans son allocution, filmée en plan séquence, Blum insiste bien sur l'amitié franco-américaine et sur la solidarité internationale au sortir de la guerre. Son discours, ponctué par l'anaphore de la phrase Je suis convaincu, est digne du grand orateur habitué des foules. Il parle lentement, d'un ton posé et n'a pas besoin de lire son discours. Il peut ainsi regarder la caméra, donc les spectateurs, créant un lien de proximité. Il semble déjà à l'aise devant la caméra, ce qui constitue pourtant un exercice nouveau pour les hommes politiques.

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