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Le parc Eurodisney

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 avr. 1992

A quelques jours de l'ouverture de Disneyland Paris est brossé un rapide historique du projet.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 avr. 1992
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000580

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Le succès des parcs d'attraction comme le parc Astérix en forêt de Chantilly ou le parc Disneyland Paris construit dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée ne se dément toujours pas. Le chiffre d'affaire s'est établi à 1,048 milliard d'euros en 2004. Avec 12,4 millions de visiteurs par an, Disneyland-Paris constitue la première destination touristique française. Ce projet s'est développé grâce à la participation financière de l'Etat français qui en a fait un outil de sa politique d'aménagement du territoire (deux échangeurs d'autoroute et une gare TGV ont été construits, la ligne du RER A fut prolongée) de la région Ile-de-France dans la perspective de relancer les villes nouvelles.

Avant d'être culturel, l'enjeu est donc géographique et économique. Cela exprime bien l'intégration des industries culturelles dans le champ culturel. Développé à l'image des complexes de Disneyland de Floride et de Californie, ce parc d'attractions n'aurait pas été possible sans l'impact de la culture américaine en France, les dessins animés de Walt Disney étant depuis le plus jeune âge diffusés aux enfants. Il révèle également l'assimilation des pratiques culturelles au divertissement. En effet, les parcs sont devenus par excellence les lieux de l'oubli du temps social, c'est-à-dire du temps contraint du travail. Ils dessinent une fuite hors du temps réel, une mise en orbite dans le monde de la fiction. Leurs prestations privilégient l'attraction festive contre des traditions inscrites dans l'histoire. Le client est installé dans un conte qui s'impose comme un univers de magie ; il goûte la familiarité avec des personnages qui peuplent son imaginaire et a l'impression de participer à un récit. En dressant l'imagination fugitive contre une identité sociale marquante, le loisir-divertissement s'impose contre le loisir culturel qui reposait sur l'idée de perfectionnement et de projet dans le futur. Quand la visite de châteaux et d'églises faisaient du visiteur un simple spectateur, décalé dans le temps, les pratiques culturelles d'aujourd'hui le font participer émotionnellement (il s'agit de rire, d'être effrayé) à une intrigue conjuguée uniquement au présent.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Réalisé à quelques jours de l'ouverture du parc d'attraction, ce reportage du journal télévisé veut rendre compte de l'ampleur du bouleversement paysager : en donnant la parole à un ancien agriculteur, sans doute riverain du parc ou du moins ancien propriétaire terrien exproprié pour la construction de Disneyland Paris, il s'agit de conserver la mémoire d'un espace. Le reste du document est un réquisitoire indirect sur le parc.

Les propos sur le PDG de Walt Disney, Michael Eisner ("fraîchement venu de Californie dans son jet privé, flanqué de ses deux gardes du corps") sont emblématiques du mépris dans lequel peut être tenu ce genre de divertissement. Présenté comme l'aboutissement d'une volonté personnelle ("sa réussite"), le commentaire n'égratigne pas non plus les ministres de la France qui ont signé avec Eisner : "Pour Mickey, la France allait se montrer généreuse". En réduisant l'investissement de milliards de francs à la figure de la souris, le journaliste stigmatise indirectement la disproportion du projet. L'énumération de la liste des infrastructures qu'il fallut construire, filmées en panoramique en montre le vain gigantisme. Les plans d'un même espace à quatre ans d'intervalle figurent le bouleversement spatial provoqué.

Enfin le rappel du cadeau offert par Eisner à Jacques Chirac (un dessin de Blanche-Neige recevant la pomme empoisonnée) est interprété comme la métaphore de ce nouveau parc d'attractions qui sous les dehors d'un fruit mûr cache la mort de la culture. En rompant ainsi avec toute logique de neutralité, le reportage tranche dans une information le plus souvent aseptisée.

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