Le théâtre contemporain : Bernard-Marie Koltès et Patrice Chéreau

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 déc. 1995

A l'occasion des représentations de Dans la solitude dans les champs de coton en 1995, Patrice Chéreau parle de son travail avec Bernard-Marie Koltès.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Le Cercle de minuit
Date de diffusion du média :
05 déc. 1995
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000589

Contexte historique

Par Vincent Casanova

En 1982, le metteur en scène Patrice Chéreau (né en 1944) devient directeur du théâtre des Amandiers de Nanterre. C'est à partir de ce moment qu'il noue une relation privilégiée avec l'auteur dramatique Bernard-Marie Koltès (1949-1989) et qu'il monte quatre de ses textes notamment Combat de nègre et de chiens (1983) et Dans la solitude des champs de coton (1987), pièce qu'il reprend en 1995 à la Manufacture des oeillets d'Ivry-sur-Seine. Grâce à Chéreau, l'oeuvre de Koltès s'impose comme un classique du répertoire contemporain.

Koltès rompt avec les traditions du renoncement à la fiction héritées de Samuel Beckett et Eugène Ionesco. Ses pièces racontent une histoire et les personnages sont définis par une appartenance sociale, familiale ou un passé, retrouvant d'une certaine manière des éléments de la règle des trois unités du théâtre classique. Mais l'ancrage "réaliste" de ses situations dramatiques n'est qu'un point de départ pour une réflexion métaphysique sur le langage et les rapports humains, questionnement que l'on retrouve quoique dans une écriture très différente chez des auteurs comme Valère Novarina et Jean-Luc Lagarce. Les dialogues de Koltès révèlent d'irréconciliables différences et débouchent sur l'affrontement puisque pour lui "l'échange des mots ne sert qu'à gagner du temps avec l'échange des coups". La représentation elle-même devient une façon de différer le réel et repose volontiers sur un décloisonnement des arts. La danse, la musique, l'image sont autant de paramètres pris en compte dans les spectacles contemporains.

Les mises en scène de Chéreau se caractérisent ainsi par un travail de débordement du cadre scènique, où la machinerie théâtrale est mise à nue, où un jeu est instauré avec la salle et où les comédiens exposent leur corps. Entouré depuis les années 1970 du décorateur Richard Peduzzi, après s'être consacré à des pièces d'auteurs classiques, Chéreau mène de front mise en scène de théâtre et d'opéra. Il monte ainsi en 1976, à l'invitation de Pierre Boulez, la "Tétralogie" de Richard Wagner à Bayreuth, spectacle-somme qui fait d'abord scandale avant de devenir "historique". Il se consacre aussi depuis les années 80 au cinéma (La Reine Margot, Intimité ) mais il n'y a pas encore rencontré le même succès que sur scène. Chéreau a réalisé le modèle idéal réunissant un auteur et un metteur en scène qui accomplissent ensemble une oeuvre, union artistique interrompue par la mort de Koltès du SIDA et que l'on retrouve aujourd'hui par exemple avec Olivier Cadiot et Ludovic Lagarde.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Le "Cercle de minuit" (aujourd'hui "Des mots de minuit") animé par Laure Adler (l'émission a été lancée par Michel Field) et diffusé à une heure avancée de la soirée était un programme culturel qui selon les occasions recevait un ou plusieurs invités. A la différence d'"Apostrophes", le magazine littéraire de Bernard Pivot, le programme, quasiment dégagé de toute logique d'audience, était l'occasion d'écouter la parole des grands artistes de notre temps.

Selon le dispositif du salon littéraire c'est-à-dire d'une discussion intelligente organisée par un maître de cérémonie, les invités peuvent se raconter et expliquer leur travail dans le calme (le public n'est pas là pour applaudir toutes les 5 minutes au moindre propos). Refusant la logique du débat contradictoire, Laure Adler écoute et suscite l'écoute en menant son entretien comme on raconte une histoire, témoignage de ses études passées. Dans ces moments, la télévision assure sa mission culturelle de service public dans l'héritage des émissions de Pierre Dumayet par exemple ("Lecture pour tous").

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