La Fête de l'Humanité de 1945

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 sept. 1945

À l’occasion de la première Fête de l'Humanité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un million de personnes se retrouvent au bois de Vincennes, révélant la force de la culture communiste en France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
07 sept. 1945
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000590

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Depuis le début du XXe siècle, les organisations syndicales, socialistes puis communistes, ont pris l’habitude d’organiser des fêtes pour quitter, le temps d’une journée, l’horizon quotidien de l’usine, tout en donnant à voir le spectacle de leur force et de leurs valeurs. C’est dans la continuité de cette pratique sociale et culturelle du mouvement ouvrier que le quotidien communiste L’Humanité, dirigé par Marcel Cachin, organise en septembre 1930 une fête champêtre à Bezons, en grande banlieue parisienne, en soutien à des dirigeants communistes arrêtés et emprisonnés. Interrompue pendant les années d’occupation, elle renaît triomphalement en 1945 et révèle la place centrale qu’occupent les communistes dans la vie politique et culturelle à la sortie de la guerre. Ils bénéficient en particulier du prestige de leur participation à la Résistance dont l’action fut notamment conduite par Jacques Duclos.

La "Fête de l’Huma" se tient alors au bois de Vincennes, à proximité de Paris. Portée par la soif de se sentir revivre, elle rassemble près d’un million de personnes, venues se distraire, s’amuser, assister aussi bien à des démonstrations sportives qu’aux choeurs et danses de l’Armée rouge. Il s’agit également de célébrer celui qui se déclare "Parti de la Renaissance et de la Culture". Dans le prolongement esthétique du Front populaire, des fresques réalistes représentant la France au travail sont déployées au milieu des foules. Le PC a en effet lancé la "Bataille de la production" pour rendre à la France sa puissance et son indépendance économiques. Le slogan "Gagner la bataille de la production, c’est vaincre le fascisme, sauver la France et la démocratie" trône par exemple en haut du stand de La Vie ouvrière, la revue de la CGT.

La Fête de l'Huma construit ainsi la légitimité politique des communistes. Dès 1947, celle-ci est remise en cause avec le déclenchement de la Guerre froide qui rejette les communistes dans l'opposition. À partir du milieu des années 50, la Fête de l'Huma trouve un nouveau souffle à travers son internationalisation et l'accueil d'organisations favorisant l'amitié entre les peuples.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Diffusé dans les salles de cinéma, ce court sujet des Actualités françaises, qui quelques mois auparavant étaient encore aux mains du régime de Vichy, axe tout son propos sur l’exceptionnelle foule présente au bois de Vincennes : "on n’a jamais vu tant de monde à la fois", est-il dit d’emblée. Ainsi, le changement politique se traduit par un revirement médiatique qui fait des communistes une force incontournable de la France de la reconstruction et du Gouvernement provisoire. Les plans panoramiques donnent à voir ce qui a été un succès populaire et donc le soutien des masses. La musique claironnante a tout des sonorités d’une fanfare accompagnant d’ordinaire les défilés victorieux. Cadrées en plan fixe au niveau du buste comme dans les portraits officiels, les trois principales figures du Parti communiste ont des visages sérieux et dignes tout en ayant enlevé, pour les deux plus jeunes, la veste afin de paraître décontractées. L’ouverture sur le stand de la Vie ouvrière permet d’arborer le credo du PC, les différents plans sur des visiteurs l’esprit convivial qui anime la fête.

La culture communiste semble s'identifier alors à la culture populaire. L'étonnant plan en contre-plongée sur les pas d'un défilé de drapeaux du monde entier peut apparaître comme un hommage au cinéma expérimental soviétique d'Eisenstein ; il donne un court instant l'impression d'un mouvement écrasant que rien ne semble pouvoir arrêter. L'ensemble révèle la forte adhésion que suscite le communisme dans les mois qui suivent la Libération.

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