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Une pièce de Marie NDiaye à la Comédie-Française

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 mars 2003

À l’occasion de l’entrée au répertoire de Papa doit manger de Marie NDiaye, le comédien Bakary Sangaré dit sa joie de jouer à la Comédie-Française.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
03 mars 2003
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000604

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Créée par Louis XIV en 1680, en associant deux troupes, dont celle de Molière, la Comédie-Française s’installe en 1812 au Théâtre Français, l’actuelle salle Richelieu. Longtemps, le répertoire s’est enrichi de textes contemporains déposés par les auteurs auprès des sociétaires. Progressivement, seuls les textes déjà consacrés entrent au répertoire et sont joués à Richelieu, la création étant réservée aux deux autres salles ouvertes dans les années 90, le Studio-Théâtre et le théâtre du Vieux Colombier. La Comédie-Française semble alors se figer dans une approche patrimoniale du théâtre. En 2003, avec l’entrée au répertoire et la mise en scène Salle Richelieu de Papa doit manger de l’écrivain Marie NDiaye, la Comédie-Française renoue avec une tradition qui a fait la vitalité de sa programmation depuis des siècles, en créant sur sa scène principale le texte nouveau d’un auteur vivant, événement qui ne s’était pas produit depuis 1983.

Marie NDiaye, née en 1967, est l'auteur de nombreux romans dont Rosie Carpe, Prix Femina en 2001. Elle publie en 2003 sa deuxième pièce de théâtre, Papa doit manger, et affirme à ce propos : "J'ai entrepris d'écrire du théâtre sans souhaiter précisément en écrire ni penser que j'en écrivais : en commençant ce à quoi on a pu, par la suite, donner le nom de "pièce", il me semblait que j'écrivais un roman court dont je ne conservais que les dialogues, éliminant toute partie descriptive, par lassitude, à ce moment-là, d'une certaine pesanteur du roman".

À l’occasion de l’entrée au répertoire de Papa doit manger, le comédien malien Bakary Sangaré devient pensionnaire du Théâtre Français. Ancien élève de l’Institut National des Arts de Bamako, Bakary Sangaré arrive en France en 1984 puis est repéré par le metteur en scène Peter Brook ; leur collaboration durera plus de dix ans. Bakary Sangaré est le premier acteur africain à prendre pension chez Molière, mais non pas le premier acteur noir. En 1967, Georges Aminel, dont le père était martiniquais, entre à la Comédie-Française. Il y restera à peine cinq ans. En 1972, il incarnait Oedipe dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon. La pièce fut fortement décriée par la critique qui s’indignait qu’Aminel incarne ce rôle. On le remplaça en lui proposant un prochain rôle dans Othello. Alors qu’il était à quelques jours de devenir sociétaire de la Comédie-Française, Georges Aminel préféra démissionner. Depuis, les mentalités ont en partie évolué : en 2005, Bakary Sangaré a par exemple incarné le personnage d’Orgon dans Le Tartuffe de Molière.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Élise Lucet annonce le sujet consacré à Papa doit manger de Marie NDiaye en insistant sur l’entrée au répertoire de la Comédie-Française d’une pièce contemporaine écrite par une femme. Cependant, le reportage qui suit se concentre uniquement sur le comédien qui incarne le personnage de Papa et ne mentionne pas le renouveau d’une politique de création à la Comédie-Française. La pièce de Marie NDiaye est à peine évoquée.

En consacrant leur reportage à la figure de Bakary Sangaré, les journalistes consciencieux font le choix de mettre en valeur le rôle intégrateur d'une institution publique. Le reportage s'ouvre sur la silhouette de ce "géant qui surgit du métro" pour se rendre dans les locaux de la prestigieuse institution et le ton est donné : il s'agit de confronter le comédien malien à un univers culturel qui ne lui semblait pas destiné. "Symbole malgré lui", Bakary Sangaré témoigne de l'aisance avec laquelle il s'est intégré au groupe des pensionnaires de la Comédie-Française. L'accent porté de manière condescendante sur l'origine sociale ("petit-fils de conteurs et de paysans"), sur la nationalité et la couleur de la peau du comédien contribue à ériger la pièce en événement.

La télévision aborde ici la culture en insistant sur le sensationnel (un comédien noir joue au Français) davantage que sur le contenu esthétique ou politique de la pièce.

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