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Le cinéma politique

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 mai 1978

Yves Montand revient sur sa riche collaboration avec le réalisateur Costa-Gavras.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
21 mai 1978
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000607

Contexte historique

Par Vincent Casanova

À partir des années 1960, parallèlement aux remises en cause intellectuelles, la vie artistique et le cinéma en particulier entreprennent de décrypter et de rendre compte de façon critique du monde prospère des « sixties ». Mai 68 vient perpétuer cet itinéraire contestataire et ébranle les certitudes nées dans l’après-guerre, notamment les espoirs incarnés par le communisme. Que ce soit avec Chris Marker (Le fond de l’air est rouge ) et Jean-Luc Godard qui participe au groupe Dziga Vertov ou de manière très différente dans ses formes esthétiques avec Costa-Gavras, un cinéma politique, en tant qu’il est relié à l’actualité, se développe, à l’unisson d’une époque en recomposition idéologique.

Né en Grèce en 1933, arrivé en France en 1951, naturalisé en 1968, Costa-Gavras a, dès son premier film en 1965, Compartiment tueurs, travaillé avec le chanteur et comédien Yves Montand (1921-1991). Celui-ci a été, avec sa femme Simone Signoret, un compagnon de route célèbre du Parti communiste. À la suite de plusieurs voyages en URSS et en Europe de l’Est à la fin des années 1950, il a pris toutefois progressivement ses distances, sans rompre brutalement, avant de soutenir Solidarnosc, au début des années 1980, le syndicat dissident de Lech Walesa en Pologne.

La trilogie réalisée entre 1969 et 1973 par Costa-Gavras et interprétée par Montand, si elle n’a pas été projetée en tant que telle, forme bien un cycle sur le pouvoir aveugle des dictatures. C’est ainsi que Z raconte l’assassinat de député de gauche Grigoris Lambrakis, par la dictature des colonels en Grèce, pays d’origine de Costa-Gavras. Primé au festival de Cannes, le film rencontre un grand succès public et traduit l’efficacité dénonciatrice d’un cinéma commercial à l’américaine, qui frappe fort pour émouvoir beaucoup. Le duo récidive avec l’adaptation du livre d’Arthur London L’Aveu (1970) où celui-ci racontait le simulacre de procès qu’il dut subir en 1952 alors qu’il était vice-ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie. Le film fut tout d’abord très violemment condamné par le Parti communiste qui se rétracta en 1976, alors qu’au cours de son XXIIe Congrès il renonçait officiellement à la « dictature du prolétariat ». Enfin, avec État de siège (1973), dont l’histoire raconte l’enlèvement par un groupe révolutionnaire, les Tupamaros, d’un diplomate américain en Uruguay et l’instrumentalisation de cet assassinat par la dictature soutenue par les États-Unis, Costa-Gavras accomplit un film engagé où est réduite au minimum la polysémie du langage cinématographique ; si certains personnages peuvent être ambigus, le récit reste clair. C’est pourquoi le spectateur en sait toujours un peu plus que les protagonistes, cette avance rassurante lui permettant de saisir sans risque d’erreurs le comportement de chacun. Le réalisateur a, en ce sens, mis au service de son cinéma « les droits de l’homme » les modes d’énonciation du cinéma d’action hollywoodien.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Entretenu à la fin de sa vie sur l’ensemble de sa carrière dans un décor austère et sur un mode assez vindicatif, Yves Montand revient sur sa collaboration avec Costa-Gavras. Il y révèle sa maîtrise du média télévisé. Très clair dans son élocution, Montand défend son travail à une époque où il veut essayer de faire oublier ses engagements passés auprès du Parti communiste tout autant que le cinéma politique qu’il a pratiqué et qui ne rencontre plus le même succès. Développant un discours d’une grande limpidité, il exprime son souci d’auto-justification en invoquant les raisons du cœur, moyen de séduire immédiatement le téléspectateur. L’insert de l’entretien avec Costa-Gavras n’a pas d’autre rôle, si ce n’est qu’il donne une respiration dans le flux comme interrompu de la parole de Montand, le journaliste n’apparaissant ni physiquement ni vocalement à l’écran, cette absence étant remarquable à une époque qui fait du présentateur télévisé une vedette au même titre que l’invité.

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