Le premier congrès du film documentaire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 avr. 1943

À l'occasion du premier congrès du film documentaire, en 1943, le reportage revient sur les progrès techniques de la prise de vue cinématographique, en particulier la mise au point du ralenti dans les films scientifiques.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
09 avr. 1943
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000609

Contexte historique

Par Christelle Rabier

A l'occasion du Premier congrès du film documentaire, le reportage rappelle les origines du cinéma. Celui-ci naît en 1895 : Louis et Auguste Lumière proposent cette année-là plusieurs projections des images animées réalisées par leur invention, le cinématographe. On a retenu la date du 28 décembre 1895, jour de la première projection payante, comme celle de la « naissance du cinéma » ; la première projection a pourtant lieu le 22 mars 1895, devant un public de scientifiques et d'industriels qui ne font pas grand cas de l'invention.

Contrairement à la photographie, le cinéma, à ses débuts, connaît une adhésion limitée des hommes de science, qui acceptent mal cet outil jugé très tôt « peu sérieux ». Dès 1896, Georges Méliès y voit des potentialités en termes de fiction ; cette orientation détourne une invention à finalité documentaire, telle qu'elle était conçue par ses auteurs qui filment l'actualité technique et industrielle de leur temps. Or, à la fin du XIXe siècle, la recherche en cinétique, ou science du mouvement, se porte sur la chronophotographie. La visualisation de la succession des images dans le temps intéresse particulièrement Etienne Jules Marey (1830-1904), physiologiste qui étudie le mouvement des corps. En 1890, Marey dépose un brevet pour un chronophotagraphe à pellicule mobile et propose ses premiers films à la projection en 1893. Tous ces procédés permettent au chercheur de disséquer au ralenti les différentes phases de la locomotion humaine et animale, qu'elle soit terrestre, aérienne ou aquatique ; il applique ainsi la « méthode graphique dans les sciences expérimentales » (1878). Pour étudier les mouvements de l'air, il a l'idée d'utiliser de la fumée qui permet de visualiser les fluides et leur mouvement. Plus tard, c'est l'un de ses collaborateurs, Lucien Bull (1876-1972), qui met au point une technique pour filmer le ralenti au cinéma. En augmentant le nombre de clichés réalisés à la seconde, Lucien Bull peut ramener le nombre d'images à celui d'une projection de 16 ou 24 images par seconde : pour ce faire, il privilégie l'éclairage par étincelles, qui permet d'impressionner de façon discontinue la pellicule. Ainsi, grâce à la cinématographie ultrarapide à étincelles, il réalise en 1904 deux films dont le document reprend les images : Le Vol de l'agrion, du nom d'une petite libellule, et Le Passage d'une balle à travers une bulle de savon, qui met en évidence le mouvement de l'air. Ces films, qui ont vocation de recherche, ont également une vocation esthétique. Ils sont aussi à l'origine d'un usage particulier du film pour le spectacle sportif, qui met en jeu les mouvements des corps. En ce début de XXe siècle, quelques savants utilisent les enregistrements cinématographiques pour les besoins de leurs recherches, mais en aucun cas pour un public plus large.

Par ailleurs, l'engouement populaire pour le cinématographe, avec son utilisation sur les champs de foire, le cantonnait au rang d'un simple divertissement. Jean Comandon (1877-1970) développe un cinéma de l'infiniment petit (voir Le microscope électronique). Fondateur en 1930 de l'Institut de cinématographie scientifique, Jean Painlevé (1902-1989) est à l'origine d'une véritable réflexion sur le cinéma comme outil de science et de vulgarisation. Cinéaste à la production nombreuse, il fut soucieux de trouver une diffusion pour les films documentaires exclus du circuit de diffusion commerciale. Hostile à toute censure et partisan d'un cinéma militant, il utilise le cinéma comme une arme contre la sclérose de l'enseignement scientifique : dans son film L'Œuvre biologique de Pasteur, qu'il co-réalise avec Georges Rouquier en 1947, il démontre que les levures ne se reproduisent pas comme on l'enseigne à l'époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Painlevé est entré en résistance alors que s'ouvre à Paris le premier Congrès du film documentaire (avril 1943) : les autorités de Vichy consacrent ainsi paradoxalement un engagement militant en faveur d'un cinéma favorable à l'éducation. À cette occasion, plusieurs cinéastes, dont Georges Rouquier, le collaborateur de Jean Painlevé, sont récompensés pour leurs films éducatifs.

Bibliographie :

Alexis Martinet (sd), Le Cinéma et la science, Paris, CNRS Editions, 1994.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

Les Actualités françaises présentent ainsi pour la première fois devant un grand public la production du cinéma documentaire scientifique. Revenant sur les premières images des frères Lumière, qui inaugurent les actualités au cinéma, ils s'arrêtent sur les innovations techniques de la fin du XIXe siècle et présentent des images de vols d'insectes ou de balistique, rarement vues par un public populaire. Le film de science a enfin droit de cité dans les actualités cinématographiques. Pour autant, la présence d'images d'archives prête à confusion, d'autant que le commentaire et le sujet (la balistique) pourraient laisser penser que les extraits scientifiques sont contemporains de 1943 : dans les films scientifiques comme dans les films politiques, il peut y avoir manipulation.

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