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Les théories économiques de J. M. Keynes ou "la dernière chance du libéralisme"

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 26 avr. 1957

En 1957, l'émission propose une introduction aux modèles économiques, en présentant et en opposant celui de J. M. Keynes et de K. Marx à propos de l'interprétation des crises économiques.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
26 avr. 1957
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000621

Contexte historique

Par Christelle Rabier

La théorie économique générale de l'économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946) est présentée ici dans le contexte, non de son élaboration, mais dans celui de son application : la guerre froide. Celle-ci apparaît non seulement comme une opposition politique entre deux grands ensembles - les Etats-Unis et l'URSS - mais également comme un affrontement scientifique, autour des théories qui justifient, voire qui commandent les politiques.

John M. Keynes a élaboré sa théorie économique lors de deux crises économiques : le contexte de l'immédiat après-guerre européen (1918-1921) et celui de la crise mondiale qui se déclenche à partir de 1929. L'ensemble des travaux de Keynes sont synthétisés en 1936 dans la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Dans cet ouvrage qui synthétise sa pensée, il met en évidence l'importance du rôle du revenu dans la détermination de l'équilibre de l'offre et de la demande sur le marché des biens. En effet, le revenu a pour conséquence la consommation, qui a son tour entraîne l'offre. La part du revenu qui n'est pas consommée étant épargnée, Keynes s'intéresse également au marché des titres et met en évidence le rôle des taux directeurs et des encaisses monétaires pour comprendre l'équilibre global de l'économie. De cette théorie découle son application : le caractère primordial du plein-emploi et l'action économique de l'Etat. Cette théorie a trouvé une application partielle dans la politique du New Deal pendant lequel F. D. Roosevelt a utilisé une politique de construction de grandes infrastructures pour résorber la crise de 1929. La mise en place des structures d'assurance sociale en Grande-Bretagne notamment, trouve également sa justification théorique chez Keynes, ainsi que cela apparaît dans le second rapport Beveridge (Du travail dans une société libre, 1944).

Toutefois, la théorie keynésienne, vulgarisée par un ouvrage de Alvin Hansen (Introduction à la pensée keynésienne, 1953), connaît un âge d'or entre la Seconde Guerre mondiale et le début des années 1970. Keynes s'est vu attribuer des postes politiques importants au Royaume-Uni (conseiller économique de la Couronne, gouverneur de la Banque d'Angleterre). C'est lui qui conduit la délégation britannique à la Conférence de Bretton Woods en 1944, conférence qui sanctionne partiellement ses propositions par la création du Fonds Monétaire International.

L'intérêt de la politique économique qu'il préconise réside la nette différence entre elle et celles des régimes autoritaires, car en stimulant la consommation par la dépense de l'Etat et l'investissement par la baisse des taux directeurs, elle n'implique ni le contrôle de la production, ni celui de la consommation. Quelle validité accorder à ce modèle économique ? C'est la question que pose l'émission, en contrastant la théorie de Keynes et celle de Marx (Le Capital, 1867-1883), selon lequel les crises économiques s'expliquent par l'inadéquation entre les prix des marchés de biens de production et de consommation.

La concurrence entre ces deux théories est également politique, car toutes deux sous-tendent deux idéologies très différentes : le libéralisme, selon lequel l'économie est par nature en situation d'équilibre, que perturbent les politiques économiques ; le dirigisme, qui préconise l'action étatique. L'émission met en évidence l'importance de l'infrastructure scientifique et technologique - avec le rôle des théories statistiques et l'importance des premiers ordinateurs dans la discipline - pour valider des théories et proposer de nouveaux modèles.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

La séquence est extraite de Sciences d'aujourd'hui, réalisée par Jean-Loup Berger, elle est présentée par Jacques Panigel et Etienne Lalou, entre 1954 et 1958. Il s'agit d'une des premières émissions de vulgarisation grand public, qui touche tous les domaines universitaires, depuis les sciences physiques et chimiques jusqu'aux sciences économiques et sociales et aux humanités, présentées dans l'émission sous forme de petites séquences autonomes. L'émission du 26 avril 1957 présente ainsi tour à tour la catalyse, la mémoire des éléphants, la théorie économique de Keynes, le cancer des plantes et le déchiffrement du Crétois ancien. L'extrait choisi adopte le scénario d'un article scientifique, en illustrant visuellement chaque idée introduite par le commentaire.

Faute de séquences pouvant illustrer le propos sur la théorie économique en jeu, le documentaire reprend la métaphore du jeu de cartes, qui portent les intitulés des "facteurs économiques" utilisés dans la théorie keynésienne. De même, la mention des instituts de recherche et de leurs outils fait également appel à l'illustration stricte du propos magistral du journaliste. Enfin, on trouve à la fin de l'extrait une séquence présentant la bibliographie finale, à l'aide de clichés des livres concernés. Ainsi la réalisation d'images scientifiques ne parvient que partiellement à quitter les figures imposées par le propos scientifique.

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