Raymond Aron et la sociologie des sociétés industrielles

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 janv. 1963

La présentation des Dix huit leçons sur la société industrielle de Raymond Aron permet de revenir sur un thème essentiel de la pensée du sociologue, la ressemblance entre les systèmes socialiste et capitaliste.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Lectures pour tous
Date de diffusion du média :
30 janv. 1963
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000627

Contexte historique

Par Raphael Morera

Un an après la crise des missiles et la proclamation d'indépendance de l'Algérie, Raymond Aron publie une série de cours sur la société industrielle. Dans un contexte international tendu, où l'affrontement entre les blocs capitalistes et communistes fait rage, Raymond Aron pose donc la question de l'essence de la société contemporaine.

Opposant farouche au communisme, il n'en soutient pas moins une thèse iconoclaste. Selon lui, l'industrialisation des sociétés capitalistes et socialistes les différencie radicalement des sociétés traditionnelles ou non industrialisées, comme le Tiers monde. Les ennemis irréductibles du monde contemporain ont donc plus de points communs qu'ils ne pourraient publiquement l'admettre. Cette thèse s'appuie sur un des apports fondamentaux de Raymond Aron aux sciences humaines, la redécouverte de la pensée sociologique antérieure à Karl Marx, c'est à dire du XVIIIe et du début du XIXe siècles (Montesquieu, Saint-Simon, Auguste Comte...).

Bien qu'il s'en défende, la pensée de Raymond Aron s'inscrit dans un contexte politique et culturel très déterminé. Les débats idéologiques de la Guerre froide opposent le marxisme, soutenu par l'URSS, à la démocratie libérale. Dans cette opposition, les penseurs libéraux souffrent d'une faiblesse : ils n'ont pas de constructions théoriques aussi fermes que leurs opposants. L'oeuvre de Raymond Aron peut donc être interprétée comme une opération de légitimation théorique et culturelle de la pensée libérale.

Un temps tenté par le socialisme et le non-engagement, Raymond Aron (1905-1983) prend fermement parti pour le gaullisme dès les années 1940. En 1946 et 1947, il participe à la rédaction du journal Combat avant de rejoindre Le Figaro qu'il ne quitta qu'en 1983. En 1955, année de son élection à la Sorbonne, il publie L'Opium des Intellectuels, ouvrage fustigeant l'engagement romantique et idéaliste des intellectuels marxistes soutenant le régime soviétique. La rédaction de cet essai s'inscrit d'ailleurs dans un mouvement de rupture entre certains intellectuels et le Parti Communiste Français (PCF). Raymond Aron fut, en effet, tout au long de sa carrière, un scientifique engagé, menant de front une activité de recherche et de journaliste à travers ses éditoriaux du Figaro. Le prestige ainsi acquis lui permet de créer le Centre de sociologie européenne grâce à des financements de la Fondation Ford (1960). Au cours des années 1960 et 1970, alors Professeur au Collège de France, il devient le porte parole des intellectuels de droite, sans hésiter pourtant retrouver Jean-Paul Sartre pour la défense des Boat People en 1979.

Bibliographie :

Jacques Julliard, Michel Winock, Dictionnaire des intellectuels français au XXe siècle, Paris, Le Seuil, 2002.

Quelques ouvrages de Raymond Aron :

Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique, Paris, Gallimard, 1938.

Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965.

Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, 1967.

Éclairage média

Par Raphael Morera

En vertu d'intérêts communs entre deux médias, le livre a toujours été présent à la télévision. Une émission qui contribue à sa promotion fournit également un contenu bon marché aux chaînes de télévision. Dans les années 1960, la présentation du livre garde un ton solennel et académique qui ne disparaît qu'au cours des années 1970. Raymond Aron présente ainsi son ouvrage au cours d'un entretien en face à face. Le présentateur ne cherche pas à apporter la contradiction mais à mettre en valeur la pensée de l'auteur. Il n'hésite pas pour cela à commettre quelques approximations et erreurs afin de faciliter la tâche à Raymond Aron.

Ce type de mise en scène témoigne du prestige et de l'autorité dont jouissaient les universitaires au cours des années 1960. Elle laisse également penser que le public visé par les programmateurs s'intéressait potentiellement aux lectures arides des sciences humaines. La télévision n'est pas encore devenu le média de masse soumis à la pression de l'audimat qu'elle est devenue quelques années plus tard.

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