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L'invention de la pilule

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 dĂ©c. 1970

L'invention de la pilule contraceptive en 1956 modifie durablement les méthodes contraceptives que les hommes utilisaient jusqu'alors. Conçue par Gregory Pincus à partir d'hormones de synthèses, la pilule connaît un succès immédiat.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - LycĂ©e gĂ©nĂ©ral et technologique - LycĂ©e professionnel

    Les femmes dans la société française depuis 1945

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du mĂ©dia :
14 déc. 1970
Production :
INA
Page publiĂ©e le :
2006
ModifiĂ©e le :
29 juin 2023
RĂ©fĂ©rence :
00000000642

Contexte historique

Par Christelle Rabier

L'invention de la pilule en 1956 ne peut s'expliquer sans le mouvement fĂ©ministe amĂ©ricain qui en a favorisĂ© l'invention et qui en a assurĂ© le succès : en 1965, soit cinq ans après la mise sur le marchĂ© du contraceptif oral, plus du quart des femmes amĂ©ricaines de moins de 45 ans l'avaient adoptĂ©e et le taux de fĂ©conditĂ© avait baissĂ© de 20% par rapport Ă  1955. La meilleure connaissance de la mĂ©decine ancienne, mais aussi l'Ă©tude du comportement sexuel des populations de l'Ă©poque moderne, permettent de savoir aujourd'hui que les hommes ont utilisĂ© depuis très longtemps des mĂ©thodes contraceptives. Celles-ci sont chimiques Ă  usage local (spermicides), instrumentales (prĂ©servatifs Ă  usage multiple) ou encore mĂ©canique (retrait, ou coĂŻtus interruptus ). Ces mĂ©thodes visent toutes Ă  rĂ©duire le nombre de naissances.

C'est la transformation profonde du rapport de la femme Ă  la sexualitĂ© qui explique l'adoption immĂ©diate de la pilule. A partir des annĂ©es 1920, Margaret Sanger, infirmière de formation, fĂ©ministe, fut Ă  l'origine d'un vaste mouvement d'information sur les moyens de contraception. A la tĂŞte de la FĂ©dĂ©ration du planning familial, s'Ă©tant assurĂ© le concours de gynĂ©cologues, elle dĂ©veloppe des coopĂ©rations internationales pour le dĂ©veloppement de nouveaux moyens contraceptifs. Dès 1913, elle fait importer d'Europe le diaphragme ou stĂ©rilet, mis au point au dĂ©but du siècle ; elle fait financer de nombreux programmes de recherche. Elle dĂ©veloppe ainsi l'idĂ©e rĂ©volutionnaire qu'une sexualitĂ© dĂ©barrassĂ©e de la crainte de la grossesse devrait permettre d'atteindre le " degrĂ© le plus Ă©levĂ© dans l'expression et l'accomplissement des dĂ©sirs fĂ©minins ". Les recherches sur la physiologie de la reproduction de Ludwig Haberlandt mettent en Ă©vidence dès 1922 que des extraits ovariens provoquent la stĂ©rilisation. On suspecte alors qu'une " hormone ", substance vĂ©hiculĂ©e par le sang qui provoque une sĂ©crĂ©tion glandulaire, est responsable de la rĂ©gulation du cycle fĂ©minin. Celui-ci est dĂ©finitivement Ă©tabli au cours des annĂ©es 1930 : le rĂ´le des corps jaunes et des deux hormones - oestrogène et progestĂ©rone - est connu. C'est alors que la mĂ©thode contraceptive la plus utilisĂ©e après-guerre est mise au point, fondĂ©e sur l'Ă©volution de la tempĂ©rature du corps de la femme, ce qui permet d'en connaĂ®tre les pĂ©riodes de fĂ©conditĂ© : la mĂ©thode Knauss, ou Ogino-Knauss. Cette mĂ©thode s'avère pourtant peu efficace et ne parvient donc pas Ă  satisfaire les souhaits des fĂ©ministes dans l'accomplissement de leur sexualitĂ©. La synthèse de la progestĂ©rone, pour ĂŞtre applicable Ă  une contraception orale, doit ĂŞtre industrielle : c'est dans ce but que Russel Marker crĂ©e en 1944 le laboratoire Syntex, qui obtient des rĂ©sultats concluants grâce aux travaux de Carl Djerassi. Ce dernier met au point la première progestĂ©rone artificielle.

A cette date, Gregory Pincus, spĂ©cialiste rĂ©putĂ© de l'endocrinologie sexuelle, avait rĂ©uni autour de lui une Ă©quipe sur la question, Ă  la Fondation Worcester pour la biologie expĂ©rimentale. En 1950, il rencontre Margaret Sanger qui lui propose de rechercher une hormone de synthèse contraceptive et lui offre de financer une partie des recherches, grâce Ă  sa Fondation pour le planning familial et au soutien financier de la très riche Katherine Dexter Mc Cormick. Avec Min Chueh Chang, Gregory Pincus met en Ă©vidence le rĂ´le dĂ©cisif d'une progestĂ©rone de synthèse sur la fĂ©conditĂ© animale. Il effectue alors, avec deux mĂ©decins, Celso-Ramon Garcia et John Rock, une expĂ©rience clinique sur des femmes portoricaines. Les rĂ©sultats, probants, sont renforcĂ©s dès 1958 avec l'usage d'un nouveau composĂ© : l'Enovid. Pincus publie très rapidement ses rĂ©sultats et obtient de la Food and Drug Administration l'autorisation de mise sur le marchĂ© en 1960. La pilule est nĂ©e.

Grâce Ă  sa simplicitĂ© d'utilisation et de prescription, elle connaĂ®t un succès immense aux Etats-Unis, en dĂ©pit d'effets secondaires quelquefois invalidants. En Europe, elle est rapidement importĂ©e massivement de façon illĂ©gale. En France, la loi Neuwirth de 1967 met un terme Ă  son statut hors-la-loi. Les recherches se poursuivent alors pour essayer de rĂ©soudre les risques cardio-vasculaires qu'elle occasionne, notamment lorsque son usage est couplĂ© avec celui de la cigarette. Le succès de la pilule ne s'est pas dĂ©menti, mĂŞme si les dĂ©veloppements des maladies sexuellement transmissibles et particulièrement le SIDA au milieu des annĂ©es 1980, a contribuĂ© Ă  dĂ©velopper d'autres modalitĂ©s de contraception : prĂ©servatifs fĂ©minins et prĂ©servatifs masculins Ă  usage unique (Voir Le SIDA devient une cause nationale).

Bibliographie :

"L'invention de la pilule", Les Cahiers de Sciences et Vie, n°10, août 1992.

Carl Djerassi, De la chimie des hormones à la pilule. Autobiographie, Paris, Belin, 1995 (1e éd., 1992).

Éclairage média

Par Christelle Rabier

" Portrait de l'univers " est un magazine mensuel de vulgarisation scientifique produit par Jean Lallier et Monique Tosello, pionniers de la vulgarisation télévisuelle. La nouvelle grille de programme, adoptée en 1969, en fait un rendez-vous obligé. Le documentaire engage une réflexion approfondie sur l'usage du contraceptif oral. La pilule est considérée sous ses aspects chimique, pharmaceutique, mais aussi dans ses dimensions physiologique et sociale. C'est pourquoi le réalisateur choisit de présenter des images tirées d'univers différents, qui co-existent dans l'histoire de la pilule et de son invention. Dans ce film militant, la pilule apparaît comme un progrès, porté par l'abnégation d'un chercheur, Grégory Pincus, dont on souligne le désintéressement matériel.

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