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1986 : le sida devient une cause nationale

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 janv. 1987

Le sida représente le fait de l'année 1986 : l'épidémie s'étend sur les cinq continents. 

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
02 janv. 1987
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
24 nov. 2023
Référence :
00000000668

Contexte historique

Par Christelle Rabier

Après la confirmation de la découverte du rétrovirus du sida, les recherches s'orientent dans deux directions : le diagnostic et la prévention.

Le diagnostic représente un enjeu très important, car il est associé à des brevets qui réglementent la rétribution de la découverte. Le conflit des brevets éclate au cours de l'été 1985 : la demande de brevet français, déposée avant la découverte américaine, n'est pas acceptée avant le brevet américain. Or l'équipe de Gallo a bénéficié de matériel du laboratoire de l'Institut Pasteur, avant de découvrir une souche de virus : n'y a-t-il pas eu utilisation commerciale des souches virales de l'Institut Pasteur pour mettre au point un test de dépistage ? Faute de parvenir à un accord amiable, l'Institut Pasteur attaque alors le NCI. Le sida devient une affaire d'État : les médias font naître une affaire Gallo-Montagnier, où la question des brevets est occultée devant celle de l'antériorité de la découverte, sur fond de nationalisme. Les enjeux économiques sont tels que les gouvernements français et américain parviennent à accepter, en décembre 1986, le principe d'un accord, tandis que Montagnier est récompensé avec Gallo du prix scientifique américain Lasker. L'accord est obtenu fin mars 1987. Les deux brevets sont joints : trois-quart des bénéfices sont partagés à part égale entre le NCI et l'Institut Pasteur, qui deviennent les deux firmes à contrôler le marché mondial du diagnostic du sida.

La mise au point des diagnostics conduit à mettre en évidence le caractère très particulier de la maladie. Jusqu'à la fin des années 1970, une maladie se définissait par des symptômes cliniques ou par des lésions anatomiques, dont il fallait déchiffrer la signature. Or, le diagnostic met en évidence un état de séropositivité. Infecté par le VIH, le patient n'est pas sain, mais présente une première phase latente de la maladie, susceptible d'être suivie par un stade avéré de la maladie. Dès lors, c'est la conception même de l'épidémie qui change d'échelle : la maladie menace des populations bien plus nombreuses. Ce changement dans la conception de la maladie a conduit à des transformations profondes de la médecine et de la prise en charge. Les associations militantes ont joué un rôle moteur dans ces transformations : à l'instar d'AIDES créée en 1984, elles s'ouvrent à des militants hétérosexuels et des bénévoles, des malades et des personnes saines. Ces associations diversifient leurs activités (soutien aux malades, prévention) et contribuent à faire du sida une cause nationale et bientôt, mondiale.

Dès lors, le sida devient un enjeu de santé publique, en dépit du faible nombre de cas déclarés. Sous la pression des médecins, des associations et des patients qui sont étroitement associés à la définition des protocoles de soins, la prise en charge de la maladie et de la prévention évolue. Alors que les premiers antirétroviraux (AZT) apparaissent sur le marché, les associations homosexuelles militent pour l'accès aux soins pour tous. La prévention passe également par une moralisation des mœurs et par une définition des bonnes pratiques sexuelles qui permettent de conjurer le fléau, mais également d'intégrer des groupes sociaux jusque là exclus : l'OMS abandonne la classification de l'homosexualité comme maladie mentale à la fin des années 1980 ; les toxicomanes bénéficient d'une prise en charge partielle (seringues gratuites).

Bibliographie :

Mirko D. Grmek, Histoire du sida, Paris, Payot, 1995.

Bernard Seytre, Histoire de la recherche sur le sida, Paris, Puf " Que sais-je ? ", 1995.

Claude Thiaudière, Sida : la découverte du sida et la naissance d'un fléau, in Dictionnaire de la pensée médicale, sd D. Lecourt, Paris, Puf, 2004, pp. 1038-1041.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

Le format de nature rétrospective du reportage explique sa richesse visuelle. Des images très diversifiées sont organisées selon un propos qui construit le devenir du sida comme cause nationale. Le reportage permet d'associer des illustrations aux propos de la voix off : images du virus par microscopie, photos institutionnelles (remise des prix), interviews de responsables politiques (Jonathan Mann, de l'OMS), vues d'un patient hospitalisé pour évoquer les traitements et enfin, photos de placards publicitaires et de couvertures de journaux, qui ont participé à transformer l'image de la maladie dans les sociétés occidentales au cours des années 1980.

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