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Naissance de Marguerite : le clonage en question

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 mars 1998

En mars 1998, deux semaines après la naissance de Marguerite, le premier veau français issu d'un clonage de cellules, le reportage présente la technique et son intérêt dans la recherche expérimentale.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
05 mars 1998
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000688

Contexte historique

Par Christelle Rabier

Un clone est un ensemble d'organismes génétiquement identiques. Le clonage est un mode de reproduction fréquent dans la nature : le bouturage chez les plantes, ou la parthénogenèse chez certains insectes en sont des exemples connus. Le clonage issu d'une manipulation humaine existe depuis les années 1950. Jusqu'à la naissance de la brebis Dolly en 1997, le clonage s'effectuait par scission d'un embryon composé de deux cellules, ou d'embryons plus tardifs. Jusqu'à sa naissance, on pensait qu'un noyau de cellule adulte ne pouvait être remis dans un état embryonnaire, pour s'engager dans un cycle de divisions aboutissant à la naissance d'un embryon. Or, c'est ce qui s'est produit avec Dolly. Auparavant, on pensait que la différenciation - la spécialisation des cellules - était un phénomène irréversible. Avec Dolly, les chercheurs ont montré qu'un noyau de cellule adulte transféré dans un ovocyte pouvait réactiver tous les programmes génétiques éteints lors de sa spécialisation, et retrouver sa totipotence, comme à l'état embryonnaire. Cette " dédifférenciation " est d'autant plus étonnante qu'elle peut se produire en quelques heures, alors que normalement, le processus inverse nécessite plusieurs générations cellulaires.

Pour créer la brebis clonée, les chercheurs écossais Ian Wilmut et Keith Campbell ont remplacé le noyau d'un ovocyte par celui d'une cellule de brebis adulte. Lors de l'insertion du noyau adulte dans l'ovocyte énucléé, celui-ci réagit à son nouvel environnement : la transcription d'ADN en ARN s'interrompt, sa taille augmente et son enveloppe se modifie. L'oeuf ainsi formé a commencé à se diviser en 2, 4, 8 cellules, toutes identiques, comme un oeuf issu d'une fécondation. L'embryon a ensuite été placé dans l'utérus d'une autre brebis, qui a joué le rôle de mère porteuse. Ainsi, Dolly a hérité du patrimoine génétique d'un seul individu - la brebis d'origine - et non des chromosomes amenés pour moitié par un spermatozoïde et pour l'autre par un ovocyte, comme une cellule résultant d'une fécondation. La technique du clonage permet donc de créer des animaux sans rencontre de gamètes : c'est une reproduction asexuée.

Aujourd'hui, on appelle le plus souvent " clones " des animaux issus du transfert d'un noyau de cellule différenciée dans un ovocyte énucléé. Ces animaux ont le même ensemble de gènes nucléaires que celui de l'animal sur lequel ont été prélevées les cellules. Mais ils diffèrent souvent par certains caractères physiques : les taches du pelage des vaches noires et blanches par exemple, la taille à la naissance chez la souris ou la vache.

A la différence des jumeaux ou homozygotes, ils n'ont en commun que le patrimoine génétique de leur noyau ; en effet, d'autres éléments du patrimoine génétique sont portés par d'autres structures du noyau comme les mitochondries qui disposent d'un ADN mitochondrial. Pour obtenir des jumeaux, il faut donc faire un clone de clone, à partir d'un ovocyte du premier animal.

On distingue clonage reproductif et clonage thérapeutique. Le clonage reproductif a pour but de produire des organismes complets (animaux, plantes) génétiquement identiques. Le clonage thérapeutique, lui, vise principalement à produire des cellules embryonnaires pour ensuite les maintenir en culture en vue de fabriquer des tissus, voire des organes destinés à être greffés.

Le clonage est un nouvel outil très utile pour étudier le développement précoce de l'embryon, ou la différenciation cellulaire et ses dérèglements, à l'origine des cancers. Associé à la transgenèse - technique de modification du génome par introduction de séquences d'ADN -, il permet de fabriquer des animaux avec un gène produisant une substance d'intérêt thérapeutique. C'est le cas aujourd'hui avec les lapines, les moutons et les vaches qui produisent dans leur lait ou dans leur sang des molécules-médicaments comme des anticorps ou des enzymes qui permettent la coagulation du sang. D'autres applications du clonage à la médecine expliquent l'activité de la recherche dans ce domaine et la prise de brevets, mais également la législation récente qui encadre l'expérimentation en ce domaine.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

Le reportage du journal télévisé de France 2 utilise le format habituel du journalisme scientifique : (i) des vues prises de l'environnement dans lequel est née Marguerite, (ii) une animation pour exposer sommairement la technique, (iii) un document scientifique (vue microscopique de l'insertion du noyau dans l'ovocyte énucléé) dont la fonction est de participer au " marquage " médiatique de la qualité scientifique du documentaire et (iv) une interview, celle de Yann Heyman, de l'INRA, présentant l'intérêt de la technique. Le reportage, extrêmement court, se conclut par une séquence qui se veut humoristique, où sont repris les conceptions enfantines sur la reproduction. Le propos, compte tenu de sa durée, de son format et du contenu, n'est pas d'expliquer la technique et ses enjeux scientifiques ou économiques , mais de " couvrir " l'actualité.

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