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Débuts de la guerre civile en Algérie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 févr. 1992 | Date d'évènement : 09 févr. 1992

La poussée électorale du parti islamiste algérien (FIS) amène le gouvernement algérien à suspendre le processus démocratique et à décréter l'état d'urgence le 9 février 1992. Cette mesure donne le signal à une lutte armée longue et sanglante.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
09 févr. 1992
Date de diffusion du média :
10 févr. 1992
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000775

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Depuis octobre 1988, l'Algérie s'est engagée dans un processus de démocratisation : le FLN (Front de Libération Nationale) n'est plus le parti unique, et des élections libres sont organisées. C'est de cette époque que date la création et la légalisation par le pouvoir d'un nouveau parti, le FIS (Front Islamique du Salut). Ce parti prône l'instauration d'une République islamique et le rejet de la démocratie, considérée comme un héritage colonial français, incarnée par les hommes au pouvoir. Ce discours séduit une partie de la population puisque le FIS remporte les élections municipales et régionales de juin 1990.

Mais l'année suivante, l'organisation des premières élections législatives est perturbée par les violences contre le mode de scrutin, violences encouragées par le FIS. L'état de siège est décrété, les élections sont reportées. Malgré cela, le FIS remporte une large victoire au premier tour (188 sièges contre 15 au FLN), mais il faut noter le très fort taux d'abstention (42%). L'armée, qui contrôle toujours les rouages de l'Etat, refuse de collaborer avec le FIS et décide de remplacer un Premier Ministre jugé trop conciliant. Dans les jours qui suivent, le processus électoral est suspendu et Mohamed Boudiaf, un des artisans de l'indépendance algérienne, est appelé à la tête d'un Haut Comité d'Etat, nouvel organe exécutif. Ce dernier obtient l'interdiction du FIS et décrète l'état d'urgence le 9 février 1992. Ces mesures marquent le début d'une période de terreur dont Boudiaf sera lui-même la victime, puisqu'il est assassiné en juin 1992.

A la répression officielle et aux arrestations massives des dirigeants du parti islamiste répond une radicalisation d'une partie des bandes armées soutenant le FIS. Le GIA ( Groupes Islamiques Armés) exporte même le conflit au-delà des frontières algériennes en détournant un avion d'Air France en décembre 1994. La crise algérienne se dénoue partiellement avec l'élection de Bouteflika à la présidence en avril 1999 et le référendum approuvant sa politique de concorde civile (voir le "Référendum sur le projet de Concorde Civile de 1999").

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le reportage évoque les mesures envisagées par le pouvoir algérien contre le FIS (Front Islamique du Salut). Ce parti politique est présenté comme une menace ; rendu responsable des flambées de violences, il rassemblerait les votes de tous les "laissés pour compte", dans un pays en proie à de graves difficultés socio-économiques. Le journaliste ne fait aucune allusion aux mesures gouvernementales visant à empêcher le déroulement normal du processus démocratique. La suspension du scrutin électoral après le large succès du FIS au premier tour des législatives et la mise à l'écart par l'armée de l'ancien Premier ministre sont ainsi passées sous silence.

L'état d'urgence semble donc s'inscrire dans une nécessaire logique de protection d'un Etat politiquement affaibli. Le journaliste ne doute pas de son efficacité : "l'Etat s'est doté de tous les moyens pour faire respecter l'ordre public". Toutes les mesures répressives prises contre le FIS et sa prochaine interdiction semblent ainsi garantir le "retour au calme". Cette analyse, alors largement diffusée, minimise l'assise dont dispose le FIS auprès d'une certaine partie de la population algérienne, injustement réduite ici aux "laissés pour compte" et aux "barbus", aperçus au cours du reportage. L'état d'urgence, théoriquement décrété pour un an, a été maintenu tout au long des années de terreur en Algérie, qui ont vu s'affronter les forces gouvernementales et les groupes armés soutenant le mouvement politique islamiste.

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