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A Paris, le président du Conseil Doumergue inaugure les grands travaux

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 mai 1934

Le président du Conseil Gaston Doumergue inaugure à Paris le lancement d'une politique de grands travaux initiée par son ministre du Travail ("plan Marquet") afin de créer des emplois pour les chômeurs parisiens.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
01 mai 1934
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000878

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Le phénomène du chômage est l'une des principales manifestations de la crise des années trente, notamment dans l'industrie, et contribue à lui donner une forte dimension sociale. La crise économique des années Trente touche la France plus tardivement que les autres pays : alors que le Krach de Wall Street d'octobre 1929 entraîne une grande partie du monde capitaliste dans la dépression, la France semble constituer en 1930 un "îlot de prospérité". En décembre 1930, le président du Conseil André Tardieu annonce même que la "politique de prospérité" dont il a tracé les contours l'année précédente reste d'actualité.

Les illusions restent cependant de courte durée et la France entre à son tour dans la crise au cours de l'année 1931, à la suite notamment de la dévaluation de la livre sterling (septembre 1931) provoquant une surévaluation des prix français par rapport à tous les pays qui ont décidé de suivre l'exemple anglais en dévaluant leur monnaie. En quelques mois, la situation se dégrade très rapidement : l'indice de production industrielle s'abaisse de 17 % entre 1931 et 1932. Cette baisse importante de l'activité provoque des effets désastreux sur l'emploi et une forte progression du chômage. Le nombre officiel de chômeurs, inférieur à 20 000 en 1929, passe le cap des 250 000 en 1932, et approche les 500 000 en 1934. Encore ne faut-il pas oublier que la progression du chômage est quelque peu amortie artificiellement par le rapatriement dans leurs pays d'une grande partie de travailleurs étrangers ou la diminution de l'emploi féminin. Surtout, le phénomène est dans la réalité encore plus massif que ce que les statistiques officielles laissaient entendre : ces statistiques ne prennent en effet en compte que les chômeurs secourus et bénéficiant des aides des fonds municipaux de chômage . Or ces aides n'existent pas dans toutes les communes et surtout, elles ne peuvent dépasser trente jours sans travail. Selon certaines estimations, le nombre réel de chômeurs a peut-être atteint 900 000 ou un million de personnes au plus fort de la crise, en 1934-1935. La région parisienne figure parmi les plus touchées de France (le seul département de la Seine aurait compté environ 200 000 chômeurs en 1934).

Face à cette montée du chômage, le gouvernement français n'est pas totalement inactif, contrairement à une idée souvent répandue opposant la "politique malthusienne" pratiquée par les différents gouvernements entre 1930 et 1936 et la politique plus interventionniste du Front populaire après mai 1936. A l'initiative du ministre du Travail Adrien Marquet, le gouvernement de Gaston Doumergue, formé au lendemain de la crise du 6 février 1934 dans un esprit "d'union nationale" adopte une politique de grands travaux destinés à lutter contre le chômage des ouvriers, notamment en région parisienne. Cette politique de "grands travaux" constitue une politique classique de la part des libéraux pour lutter contre le chômage ou encourager l'activité industrielle : elle s'inscrit en France dans la lignée de quelques grands plans adoptés depuis la fin du XIXe siècle (plan Freycinet en 1879, plan Tardieu en 1929...). A l'étranger, le président républicain Hoover adopte lui aussi ce genre de politique pour tenter de lutter contre le chômage. Les effets de cette politique de grands travaux restent pourtant particulièrement limités en France : le chômage continue de progresser, se stabilisant autour de 500 000 chômeurs selon les statistiques officielles en 1935. Cette politique a souffert à la fois des incertitudes politiques (démission de Doumergue dès le 8 novembre 1934) et de sa contradiction avec la volonté de réduire le déficit budgétaire et les dépenses de l'Etat.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le reportage offre deux images contrastées du président du Conseil Gaston Doumergue : derrière une certaine bonhomie, perceptible dans sa démarche et la manière dont il discute avec son entourage ou pose la première pierre des grands travaux, Doumergue se montre beaucoup plus grave et plus solennel dans son discours officiel, appelant à une mobilisation contre la crise et le chômage, à la coopération entre ouvriers et patrons, à la nécessité de faire taire les critiques et les opposants. Il est vrai que nous sommes quelques semaines seulement après la crise du 6 février 1934 qui a entraîné le rappel aux affaires de cet homme pourtant âgé de 71 ans mais perçu comme un sauveur, à la tête d'un gouvernement d'union nationale.

L'absence de commentaires explicatifs constitue une faiblesse incontestable pour le reportage, avec un risque de confusion ou d'incompréhension pour le spectateur : les travaux présentés consistent en effet à détruire différents bâtiments (afin sans doute de percer une avenue ou de procéder à une extension du métro). Or, dans son discours, qui n'est pas reproduit intégralement, Doumergue prononce les mots suivants : "nous ne sommes pas de ceux qui détruisent". Il n'évoque alors par la politique des travaux mais s'attaque à tous les opposants du régime.

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