Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 03 juin 1936
Un mois après la victoire des forces du Front populaire aux élections législatives de mai 1936, a lieu à l'Elysée la passation de pouvoir entre l'ancien président du Conseil Albert Sarraut et Léon Blum, chargé de former le nouveau cabinet.
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Gaumont
- Date de diffusion du média :
- 03 juin 1936
- Production :
- Gaumont Pathé Archives
- Page publiée le :
- 2007
- Modifiée le :
- 29 juin 2023
- Référence :
- 00000000879
Contexte historique
La victoire du Front populaire en 1936 permet aux socialistes de revendiquer pour la première fois dans l'Histoire la direction du gouvernement. Les élections législatives d'avril-mai 1936 voient la victoire des forces de gauche (parti radical, SFIO et parti communiste) rassemblées depuis juin 1935 au sein du Front populaire et qui avaient publié en janvier 1936 un programme commun au sein duquel figuraient notamment l'interdiction des ligues d'extrême-droite, la défense des droits syndicaux, la nationalisation des industries de guerre et la défense de la paix. Lors du premier tour (26 avril 1936), chaque parti présentait dans les différentes circonscriptions son propre candidat mais au second tour, la discipline de l'union des gauches devait jouer, et seul le candidat de gauche le mieux placé restait en lice. Au soir du second tour (3 mai 1936) le Front populaire obtient 378 sièges (149 pour les socialistes, 106 pour les radicaux, 72 pour les communistes) contre 220 aux partis de droite. La SFIO majoritaire au sein de la nouvelle Assemblée, est en mesure d'exiger la direction du nouveau gouvernement, avec à sa tête son chef, Léon Blum.
C'est la première fois au cours de l'Histoire de France que les socialistes acceptent la responsabilité de participer au gouvernement (lors du Cartel des gauches en 1924, les socialistes soutenaient le gouvernement sans y participer). Cette victoire du Front populaire déclenche une grande vague de grèves en France, paralysant une grande partie du pays. Dans ces conditions, Albert Sarraut, le président du Conseil en place, impuissant face à l'extension des grèves, souhaite voir Léon Blum prendre le plus rapidement possible la tête du gouvernement, convaincu que seule l'arrivée au pouvoir du leader socialiste peut mettre fin au mouvement. Par légalisme et pour ne pas effrayer ses adversaires, Blum rejette cette proposition et se conforme aux règles en vigueur en ne formant le nouveau gouvernement que lorsque le mandat de la Chambre élue en 1932 arrive à expiration. Ce n'est donc que le 4 juin 1936 que le président de la République Albert Lebrun charge Blum de constituer le nouveau ministère et que se déroule la passation des pouvoirs. Les communistes ayant adopté l'attitude du soutien sans participation, le gouvernement est donc essentiellement composé de ministres socialistes et de radicaux. Les socialistes recoivent les principaux ministères économiques et sociaux (Charles Spinasse à l'Economie nationale, Vincent Auriol aux Finances) et le ministère de l'Intérieur (Roger Salengro), tandis que les radicaux sont à la Défense (Edouard Daladier), la Justice (Marc Rucart), les Affaires étrangères (Yvon Delbos), l'Education (Jean Zay), l'Air (Pierre Cot).
Éclairage média
La passation de pouvoir et la présentation de la nouvelle équipe gouvernementale se déroulent au Palais de l'Elysée mais le président Albert Lebrun est absent des images. L'événement a lieu le 4 juin 1936, soit un mois après la victoire du Front populaire, ce qui explique que certaines passions soient retombées (on remarque une certaine quiétude au niveau des visages et du discours). Le commentaire ne cite aucun nom de ministre et ne retient comme principale nouveauté de ce nouveau gouvernement que la présence de trois femmes avec le rang de secrétaire d'Etat (Suzanne Lacore à la protection de l'enfance et de la santé publique ; Irène Joliot-Curie à la Recherche ; Cécile Brunschvicg à l'Education).
Une décision assez révolutionnaire à une époque où les femmes n'étaient pas des citoyennes à part entière puisqu'elles n'avaient pas le droit de vote. La présence de ces trois femmes au sein du gouvernement constitua sans aucun doute la décision la plus audacieuse de Léon Blum quant à la formation de son gouvernement, qui pour le reste apparaissait comme un gouvernement classique de la IIIe République (avec sa composition parlementaire, ses portefeuilles traditionnels, ses dosages entre les partis et à l'intérieur des partis...).