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Manifestation de travailleurs à Paris pour protester contre la montée du chômage

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 déc. 1933

Alors que toute manifestation de travailleurs est interdite dans Paris, les chômeurs manifestent leur colère aux portes de la capitale, notamment à Saint-Denis et porte d'Italie. Quelques leaders communistes (Thorez) participent aux manifestations.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
09 déc. 1933
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000894

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

La crise économique des années trente touche la France plus tardivement que les autres pays : alors que le Krach de Wall Street d'octobre 1929 entraîne une grande partie du monde capitaliste dans la dépression, la France semble constituer en 1930 un "îlot de prospérité". Les illusions sont cependant de courte durée, la France entre à son tour dans la crise au cours de l'année 1931, à la suite notamment de la dévaluation de la livre sterling (septembre 1931) qui provoque une surévaluation des prix français par rapport à tous les pays qui ont décidé de suivre l'exemple anglais en dévaluant leur monnaie. En quelques mois, la situation se dégrade très rapidement : l'indice de production industrielle s'abaisse de 17 % entre 1931 et 1932.

Cette baisse importante de l'activité entraîne des effets désastreux sur l'emploi et une forte progression du chômage. Le nombre officiel de chômeurs, inférieur à 20 000 en 1929, passe le cap des 250 000 en 1932, approche les 500 000 en 1934. Encore ne faut-il pas oublier que la progression du chômage est quelque peu amortie artificiellement par le rapatriement dans leurs pays d'une grande partie de travailleurs étrangers ou par la diminution de l'emploi féminin. Surtout, le phénomène est dans la réalité encore plus massif que ce que les statistiques officielles laissent entendre : ces statistiques ne prennent en effet en compte que les chômeurs secourus et bénéficiant des aides des fonds municipaux de chômage. Or, non seulement ces aides n'existent pas dans toutes les communes, mais surtout, elles ne peuvent dépasser trente jours consécutifs pour un travailleur sans emploi. Selon certaines estimations, le nombre réel de chômeurs atteint peut-être 900 000 ou un million de personnes au plus fort de la crise, en 1934-1935, soit environ 12 % de la population. La région parisienne figure parmi les plus touchées de France (le seul département de la Seine compterait environ 200 000 chômeurs en 1934). Les industries traditionnelles (textile, automobile) situées en banlieue parisienne apparaissent en effet comme les principales victimes de la crise et se voient obligées de procéder à de nombreux licenciements, à des baisses de salaires et à des réductions du temps de travail. A Montreuil, le nombre de chômeurs secourus est de 464 en novembre 1931, 1847 en novembre 1933. A Ivry, on passe de 10 à 1000 chômeurs secourus entre 1930 et 1932.

Pour protester contre le chômage et la détérioration de leurs conditions de travail, les ouvriers de la région parisienne organisent plusieurs manifestations importantes en 1932-1933. En décembre 1933, plusieurs marches de chômeurs vers la capitale sont notamment organisées à partir des principales villes industrielles situées en banlieue parisienne. De plus en plus ces manifestations se politisent, démontrant les progrès du parti communiste au sein des catégories ouvrières. Dans les communes de la périphérie parisienne notamment, les élus communistes pratiquent une politique de terrain en mettant en place des systèmes d'aide aux chômeurs (organisation de soupes populaires, distribution de lait aux enfants, de vêtements...). Cette politique joue un rôle indéniable dans les bons résultats obtenus par les communistes aux élections législatives de 1936 (le parti communiste devance alors la SFIO dans le monde ouvrier).

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les revendications figurant sur les pancartes des manifestants ("du pain", "exonération des loyers pour les chômeurs", "sur deux millions de chômeurs, 300 000 seulement touchent une allocation complète", "allocation de 12 francs par jour") témoignent de la faiblesse des aides accordées aux chômeurs. Il existe certes dans certaines communes (mais pas dans toutes) des caisses d'aide aux chômeurs. Mais les conditions imposées par les pouvoirs publics pour obtenir une allocation sont draconiennes : il faut attendre le 4ème jour pour toucher la première indemnité. Par ailleurs, elle n'est pas accordée plus de trente jours consécutifs et ces allocations ne peuvent dépasser la moitié des ressources touchées antérieurement. L'insuffisance des aides apportées par l'Etat explique le succès des politiques pratiquées par les communistes dans certaines communes de la banlieue parisienne pour mieux secourir les chômeurs (soupe populaire, distribution de produits collectés...).

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