Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 27 déc. 1984
Dix ans après la catastrophe minière qui a endeuillé la ville, des cérémonies du souvenir et des expositions sont organisées à Liévin en soutien aux familles des 42 victimes.
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 27 déc. 1984
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2007
- Modifiée le :
- 29 juin 2023
- Référence :
- 00000000925
Contexte historique
Liévin, ville voisine de Lens, connaît un destin similaire à celui de nombreuses cités minières du Pas-de-Calais. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'exploitation de la houille permet un fort développement démographique et économique du "pays minier" (qui s'étend depuis Valenciennes jusqu'aux collines de l'Artois, sur 120 km de long). Dès 1880, la production s'élève à 8 millions de tonnes de charbon. L'exploitation de la houille dans les mines rythme la vie des habitants des corons environnants. La mine est source de croissance pour ces villes mais aussi de danger pour les mineurs qui descendent dans les fosses. La poussière de silice inhalée au fond de la mine occasionne des maladies mortelles (silicose).
Les catastrophes minières périodiques viennent également endeuiller le pays minier du Nord. En 1906, la catastrophe de Courrières fait 1099 victimes. Elle émeut l'opinion et entraîne une grave crise sociale (grève des mineurs). Ces catastrophes sont souvent occasionnées par des coups de grisou. Le grisou est un gaz naturel qui s'échappe des couches de charbon et peut provoquer des explosions ou une asphyxie mortelle. Le 27 décembre 1974, l'accident le plus meurtrier enregistré à Liévin provoque la mort de 42 mineurs. Il entraîne la fermeture anticipée du dernier puits minier.
La fin de l'exploitation des puits est alors un phénomène général et programmé. Elle résulte d'une crise du secteur minier causé depuis les années 50 par la concurrence du pétrole et l'épuisement du gisement. Elle entraîne une baisse progressive des effectifs employés. Liévin, comme d'autres cités minières doit alors se reconvertir dans d'autres branches de l'industrie et du tertiaire. Depuis la fin de l'exploitation minière au début des années 90, le terril qui borde l'autoroute A1 Paris-Lille à hauteur de Douai et les quelques puits visitables par les touristes sont les seuls vestiges d'un genre de vie et d'un paysage (corons, fosses) aujourd'hui disparus.
Éclairage média
Le sujet s'ouvre par un résumé très classique des cérémonies du souvenir organisées en mémoire des victimes de la catastrophe de 1974: dépôts de gerbes sur le monument commémoratif, discours officiels, activités pédagogiques organisées autour de l'événement (expositions dans l'école voisine). Le fond sonore accentue la solennité des cérémonies. La deuxième partie du reportage est consacrée à un rappel des circonstances de la catastrophe à l'aide d'images de la mine et d'archives d'époque. Le commentaire est très écrit: les phrases sont courtes, percutantes, et le ton saccadé permet de donner du rythme au reportage. Le journaliste tente ainsi de faire mieux appréhender aux télespectateurs le drame humain vécu en décembre 1974 par les habitants du bassin minier. Les vues de Liévin au moment du drame, diffusées avec le son d'époque, permettent de mieux retranscrire l'émotion régnant alors sur place: attente et larmes des familles, importance de la foule présente aux obsèques. Le journaliste jette un regard critique sur les suites données à l'affaire. Malgré les promesses formulées par les politiques à l'époque, les responsabilités pénales ne sont pas établies et l'indemnisation reste une question en suspens.
Cet éclairage donne une signification beaucoup plus tragique au dernier plan sur une foule assez clairsemée (composée d'enfants et de personnes âgées). La cérémonie paraît de taille modeste par rapport à celle qui eut lieu dix ans plus tôt. Les organisations syndicales et les officiels locaux sont les seuls à avoir fait le déplacement. Les puits de la mine fermés, visibles en arrière-plan, symbolisent ici les vestiges d'une organisation économique et sociale locale en voie de démantèlement et de reconversion.