Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 21 juin 1995
A l’occasion de la fête de la musique, et au lendemain de la victoire du FN aux élections municipales de 1995, une question agite la ville : Quel avenir pour les manifestations culturelles à Orange ?
Niveaux et disciplines
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 21 juin 1995
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2007
- Modifiée le :
- 29 juin 2023
- Référence :
- 00000000993
Contexte historique
Le 18 juin 1995, trois municipalités passent aux mains du Front National (FN), à la faveur de triangulaires au deuxième tour : Toulon, Marignane et Orange. Cette poussée du FN dans la région PACA provoque une vive émotion dans tout le pays. Aussitôt, le chanteur et comédien Patrick Bruel annonce qu’il annule ses concerts de l’été à Toulon et Orange. Jean-Marie Le Pen rétorque : "La ville de Toulon devra se priver des vocalises du chanteur Benguigui [patronyme de Patrick Bruel]". Les chansons du chanteur sont qualifiées de "jappements de chiot mal lavé et mal élevé", ce qui alimente la polémique.
En fait, dans le programme politique du Front national, la culture se doit de demeurer fidèle à l’héritage traditionnel de la France, et a pour mission de mettre à l’honneur des valeurs "nationales". Le parti entend orienter fortement la politique culturelle en ce sens : subventions accordées aux créations artistiques qui "respectent l’identité nationale comme valeurs de la civilisation française", soutien aux spectacles de reconstitution historique, à l’opérette, défense de la langue française ; a contrario, rap et techno ne sont pas considérés comme des expressions musicales et ne bénéficient d’aucun soutien. On comprend alors l’inquiétude de tous ceux qui vivent de la culture dans les municipalités qui passent au FN.
Ces inquiétudes semblent fondées puisqu’à Orange, aussitôt élu, le nouveau maire Jacques Bompard supprime la subvention municipale de 1 million de francs qui permet l’organisation des Chorégies. Après plusieurs semaines de polémique, c’est le Ministère de la Culture qui se substituera à la ville pour organiser la manifestation.
Éclairage média
Le reportage cherche à illustrer la controverse sur le boycott de la ville d’Orange par les artistes, célèbres et moins célèbres. Après un lancement en plateau par la journaliste, qui rappelle que Patrick Bruel a annulé sa venue, alors que Khaled l’a maintenue, la première partie du reportage s’ouvre habilement sur une chorale d’enfants, tous blancs, qui pour la fête de la musique chantent la chanson Armstrong de Claude Nougaro, chanson dont le texte joue de l’opposition entre les couleurs de peau blanche et noire. Du côté des adultes, un micro-trottoir montre ensuite l’éventail des attitudes face à la question du boycott de cette fête de la musique un peu particulière, la première sous mandat FN : si certains ne remettent pas la fête en question, d’autres affichent avec force leur volonté de "se battre".
La seconde partie du reportage reprend la question du boycott au niveau des manifestations officielles organisées par la ville. Si le Directeur des Chorégies s’attache au court terme, en insistant surtout sur le fait que les artistes maintiennent cette année-là leur venue à Orange, le maire sortant analyse plus largement l’inquiétude ambiante par le fait que le FN local a par le passé souvent critiqué les dépenses culturelles.
Le ton général du reportage semble d’accord avec le discours des officiels : il semble adresser un message aux artistes, qui ne doivent pas boycotter la ville mais continuer à y venir, selon la devise Même quand ça ne va pas très fort, le spectacle continue. On remarque d’ailleurs qu’à aucun moment la voix du FN ne s’exprime dans le reportage, destiné avant tout aux téléspectateurs instruits et épris de culture.