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Le 50e anniversaire du débarquement en Normandie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 mars 1994

Alors que se prépare la commémoration du 50e anniversaire du débarquement, le chancelier allemand Helmut Kohl fait part de sa déception à voir une nouvelle fois l’Allemagne exclue des célébrations.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
05 mars 1994
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001015

Contexte historique

Par Vincent Casanova

La place de l’Allemagne dans les commémorations de la victoire sur l’Allemagne nazie constitue depuis 1945 un enjeu essentiel dans la vie politique française. Victime de l’occupation, la France a longtemps conservé une mémoire qui faisait des Allemands les seuls responsables de l’horreur des années noires. Toutefois, partenaire économique privilégié, la RFA devient, à la faveur de la construction européenne, un allié politique de premier plan. Par ailleurs, l’attitude repentante des dirigeants allemands a contribué à un rapprochement des gouvernements. Celui-ci vient s’incarner tout particulièrement dans la fondation du Mémorial de Caen inauguré en 1989 et qui se veut aussi bien un musée pour la Paix qu’un lieu de rencontres universitaires.

Il n’en reste pas moins que symboliquement les célébrations du débarquement de Normandie jusqu’au 60e anniversaire en juin 2004 ont systématiquement exclues l’Allemagne. Ainsi en 1994, le chancelier allemand Helmut Kohl a-t-il manifesté sa déception de ne pas être invité, appelant au boycott général des manifestations, rappelant la polémique soulevée dix ans auparavant pour le 40e anniversaire. Déjà alors, une dispute entre le ministre de la défense Charles Hernu et le représentant du Comité du Débarquement, qui avait été créé dès 1945 dans le but d’organiser le premier anniversaire, avait éclaté sur le choix des invités. Pour le Comité, seuls les Alliés pouvaient être invités. Pour le gouvernement, l’entente franco-allemande commandait d’inviter la RFA à se joindre aux commémorations. Devant la contestation, François Mitterrand préféra organiser à la veille d’un sommet entre les deux pays, à Douaumont, une cérémonie exclusivement franco-allemande. En 1994, instruit de cette expérience, François Mitterrand ne convie toujours pas aux cérémonies de Normandie l’Allemagne au risque de ne pas satisfaire les ambitions de Kohl. Il décide toutefois, en contrepartie, d’inviter les troupes de l’Eurocorps, comprenant des soldats allemands, à défiler sur les Champs-Élysées le 14 juillet 1994. Cette décision est fortement contestée au-delà du clivage droite-gauche.

Cette réaction révèle les difficultés pour les Français à cicatriser les blessures de la guerre, voire de la débâcle. Dix ans plus tard, l'invitation de Gerhard Schröder par Jacques Chirac ne soulève plus les mêmes oppositions et vient souligner la pacification des consciences, cette période quittant peu à peu les rivages de la mémoire pour entrer dans l'histoire.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Ce reportage est emblématique d’une certaine façon de faire de la télévision depuis une quinzaine d’années. Celle ci ne cherche plus forcément à informer strictement ou à uniquement expliquer : dans une logique d’identification, elle veut donner la parole aux "gens" comme pour figurer celle de ceux qui la regardent. Le principe du micro-trottoir, né au cours des événements de mai 68 dans une volonté de prise directe avec la réalité, s’est généralisé.

De cette façon, il faut rendre compte d'un vécu, d'une expérience personnelle mais potentiellement collective, plus que donner à comprendre. La juxtaposition de témoignages de personnes aux niveaux de discours différents du chercheur étranger, que le journaliste appelle par son prénom, à l'habitante anonyme d'un village doit incarner l'objectivité du journaliste qui n'assure par son commentaire que le liant de cette parole "vraie".

Le commentaire toutefois se plaît à la formule-choc ("l'histoire s'est écrite en lettres de sang") et se conclut par une prise de position explicite condamnant la polémique, alors que celle-ci est justement alimentée par les médias eux-mêmes.

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