Opérations de lutte contre les moustiques dans une région marécageuse d'Algérie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 août 1947

Dans une région marécageuse d'Algérie se déroulent de vastes opérations de lutte contre les moustiques : des scientifiques prélèvent des larves, des ouvriers agricoles et un avion répandent de la poudre insecticide sur le marais.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
14 août 1947
Production :
INA
Page publiée le :
23 juil. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001208

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Les progrès remarquables réalisés sur le plan sanitaire au sein de l'Empire français (construction d'hôpitaux et de dispensaires, recul de la mortalité, éradication de certains fléaux) ont toujours été mis en avant pour justifier la colonisation et le fait que la France a accompli une "mission civilisatrice" dans ses possessions coloniales, en apportant progrès, civilisation et en améliorant le sort des populations locales. Les médecins, pharmaciens et scientifiques coloniaux, auxquels sont associés les noms de Calmette, Yersin, Jamot, occupent ainsi une place privilégiée dans l'imaginaire colonial et sont largement héroïsés à travers une carrière souvent risquée outre-mer et leur rôle décisif dans la lutte contre les maladies tropicales et l'éradication de certains fléaux.

A la fin du XIXe siècle, la mission première des médecins coloniaux est de soigner les troupes européennes participant à la conquête coloniale, souvent décimées par des endémies tropicales. Progressivement, la mission de ces médecins s'élargit aux populations autochtones. Une assistance médicale indigène (AMI) est expérimentée au Tonkin dès 1883-1887, étendue à l'AOF en 1905 puis à l'AEF en 1908. L'AMI constitue ainsi l'infrastructure fixe de la santé publique, sous forme de réseaux de dispensaires et d'hôpitaux généraux. Elle réalise une œuvre importante d'accueil et de soins en ces lieux mais aussi lors des tournées effectuées par les médecins dans les villages. Les particularités des maladies d'outre-mer imposant une formation spécifique, une Ecole d'application du service de santé des troupes coloniales est créée en 1905 et installée au palais du Pharo à Marseille. Outre les soins apportés aux populations indigènes, les colonisateurs engagent également d'importantes opérations destinées à faire reculer certaines maladies et épidémies. Afin de lutter contre le paludisme, les opérations contre les moustiques, notamment dans les zones marécageuses ou littorales, sont particulièrement importantes. De grandes campagnes de vaccination (variole, fièvre jaune, peste, rougeole, diphtérie) sont également pratiquées. Parfois menées manu militari, ces campagnes sont plus ou moins bien acceptées par les populations locales mais permettent d'éradiquer certaines endémies comme la variole ou la "maladie du sommeil". Enfin, les colonisateurs contribuent également à former sur place des auxiliaires locaux, médecins, infirmiers, sages-femmes... Des écoles de médecine indigène sont créées dans la plupart des colonies. Alors qu'en 1937 on ne compte encore en AOF que 237 médecins et pharmaciens africains et 246 européens, en 1954, les progrès sont spectaculaires et la parité renversée au profit des Africains. Le recul de la mortalité dans les colonies et les progrès de la médecine sont sans doute le seul point "positif" de la colonisation.

Il y a cependant un risque important à isoler cet aspect par rapport aux autres éléments du système colonial, tendant à montrer que si la colonisation a eu des points négatifs, elle a aussi eu des aspects plus positifs. Le système colonial doit être abordé dans son ensemble et les progrès de la médecine ne sauraient faire oublier les conséquences souvent dramatiques des guerres de conquête et des opérations de "pacification", l'exploitation des populations coloniales et les injustices de la colonisation. Souvent, l'effort mené dans les colonies sur le plan sanitaire n'est pas dénué d'arrières pensées puisqu'il s'agit aussi d'avoir des travailleurs ou soldats indigènes en nombre et en bonne santé. L'aide médicale apportée aux territoires d'outre-mer aurait de toute façon pu s'effectuer dans un autre cadre que celui de la colonisation. Enfin, il ne faut pas non plus surévaluer l'œuvre accomplie. Malgré des efforts considérables, l'encadrement médical et sanitaire des colonies reste toujours très en-deçà des besoins : en 1954, le taux d'encadrement médical d'un territoire de 175 000 km2 comme la Haute Volta n'est que d'un médecin européen pour 250 000 habitants, et un infirmier pour 10 000.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

A travers ce reportage de 1947 portant sur une opération de lutte contre les moustiques en Algérie, on retrouve en fait un thème qui a été largement développé dans l'entre-deux-guerres : la colonisation permet à la France d'apporter le progrès dans les colonies et d'améliorer le sort des populations locales. La date est importante puisque l'on se situe au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où la domination coloniale commence fortement à être critiquée. Il s'agit donc de justifier sous un angle positif la présence française dans les colonies, notamment dans la principale d'entre-elles, l'Algérie.

Les images montrent très clairement la "hiérarchisation sociale" qui existe alors en Algérie : si médecins et scientifiques sont des Français, les tâches manuelles sont effectuées par des ouvriers agricoles musulmans. Le fait de montrer un avion laissant échapper une longue traînée de poudre insecticide sur le marécage permet de montrer l'importance des moyens mis en œuvre dans les opérations de lutte contre les moustiques, tout en rappelant que seule la France est capable de mener ce genre d'opérations, du fait de son avance technologique.

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