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Maria Callas

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 déc. 1958

Sur la scène de l'Opéra de Paris, dans le cadre du gala de la Légion d'honneur, Maria Callas interprète l'air de la Casta diva, extrait de la Norma de Bellini.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
19 déc. 1958
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
13 sept. 2023
Référence :
00000001226

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Par sa tessiture de soprano aux moirés singuliers, l'extrême diversité de son registre dramatique et surtout ses talents exceptionnels de tragédienne, Maria Callas a profondément influé sur l'évolution de l'art lyrique, en révolutionnant littéralement les règles de l'interprétation, mais aussi sur l'image traditionnellement associée à la cantatrice d'opéra. Par son charisme enfin, elle est parvenue à toucher le public bien au-delà du cercle des mélomanes, pour s'imposer comme l'incarnation même de la diva et au-delà comme l'une des grandes icônes culturelles du XXe siècle.

Née à New York le 2 décembre 1923 dans une famille d'émigrés grecs, Anna Maria Cecillia Kalogeropoulos (dite Maria Callas), passe une enfance modeste à Manhattan avant de suivre sa mère et sa sœur à Athènes en 1937 suite au divorce de ses parents. Là elle intègre le Conservatoire où elle étudie le piano et le chant sous la direction de Maria Trivela et d'Elvira de Hidalgo, l'une des plus célèbres soprani leggeri de son temps. Elle révèle très vite des capacités vocales exceptionnelles et n'a que 19 ans lorsqu'elle chante pour la première fois sur scène l'œuvre qui lui restera à jamais associée, la Tosca. En 1945 elle choisit de partir retrouver son père aux USA et accumule les récitals. C'est en 1947 que le chef d'orchestre italien Tullio Serafin la remarque dans la Gioconda de Ponchielli et décide se s'occuper de sa carrière. Il lui fait interpréter les rôles les plus exigeants du répertoire (Turandot, Isolde, Leonore de La Force du destin, Aïda) mais lui révèle surtout les dimensions psychologiques et dramatiques que se doit de sonder toute grande interprétation. En novembre 1948 son triomphe dans la Norma de Bellini lui ouvre les portes de la renommée. Elle accumule dès lors les rôles prestigieux dans les plus grands théâtres du monde et enregistre accompagnée des plus grands chefs une série de disques entrés dans la légende. Ce que Maria Callas apporte c'est un ton neuf, une façon de privilégier la ligne musicale aux effets de virtuosité, une vraie modernité dans l'art de mettre l'expressivité au service du sens. A l'aise dans tous les répertoires (de Gluck à Wagner en passant par Bizet) c'est cependant dans l'opéra italien qu'elle donne le meilleur d'elle-même : grâce à sa voix exceptionnelle mêlée à des talents d'actrice parfaitement révolutionnaires, les grandes oeuvres du bel canto (Verdi, Donizetti, Bellini) trouvent une seconde jeunesse et de nombreux opéras tombés dans l'oubli se voient ressuscités. Ce n'est rien moins que la crédibilité théâtrale de l'opéra qu'elle restaure ainsi durant ces quelques années d'intense créativité. La Callas devient une star : ses caprices de diva ainsi que sa rivalité avec l'autre grande cantatrice de l'époque Renata Tebaldi font la une des journaux. Amincie, elle voit sa carrière atteindre son point culminant en 1955 à la Scala de Milan lors d'une représentation légendaire de la Traviata, mise en scène par Luchino Visconti. En 1956 elle fait la une de Time Magazine et rencontre l'année suivante le milliardaire grec Aristote Onassis dont elle devient la maîtresse.

Sa vie publique intense et tourmentée prend peu à peu le pas sur sa carrière et Maria Callas, affaiblie et dépressive, à la suite d'une représentation désastreuse de la Norma à l'Opéra de Paris, décide en 1965 de ne plus remonter sur scène. En 1969 le cinéaste et poète italien Pier Paolo Pasolini la sort de sa retraite en la convaincant d'interpréter le rôle de Médée dans son film éponyme. Elle y démontre de grands talents d'actrice mais ne poursuit pas l'aventure. Elle se consacre alors un temps à l'enseignement à la Juilliard School de New York (1972), mais décide finalement de se retirer du monde en 1974 en se calfeutrant dans son appartement parisien. Elle y meurt le 16 septembre 1977 d'une embolie pulmonaire, âgée seulement de 53 ans.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

Cette séquence rend compte d'une soirée de prestige organisée dans les ors de l'Opéra de Paris le 19 décembre 1958 et retransmise en direct et en eurovision à la télévision française sous le titre "La Grande nuit de l'opéra". Accompagnée de l'orchestre de Paris placé sous la direction de Georges Sebastian, Maria Callas, alors au faîte de sa renommée, offre là son tout premier récital en France, devant un parterre exceptionnel composé de la fine fleur du monde artistique, culturel et politique du pays. Le président René Coty en personne a fait le déplacement pour ce qui s'avèrera la toute dernière sortie officielle d'un représentant de la IVe République - le Général de Gaulle prenant les rênes du pouvoir à peine deux jours plus tard...

Mise en scène avec solennité dans un décor somptueux, Maria Callas, objet de tous les regards, impressionne ici par sa grâce et sa modernité. Mince, altière, comme légèrement absente, elle incarne avec superbe une façon résolument nouvelle de se tenir sur une scène d'opéra et de "jouer le jeu" de la diva, qui tranche avec le caractère empesé du décorum et le classicisme de la réalisation. Son interprétation de l'air célèbre de la "Casta diva" extrait de la Norma de Bellini est un modèle de musicalité, de sensibilité et de théâtralité savamment entremêlées.

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