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Claude Nougaro

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 mars 1969

Filmé en répétition, Claude Nougaro interprète sa chanson Quatre boules de cuir.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 mars 1969
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001232

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Né à Toulouse le 9 septembre 1929 d'un père chanteur d'opéra et d'une mère Premier Prix de piano au conservatoire, Claude Nougaro grandit dans un univers d'artistes où la musique est essentielle. Attiré par les rythmes syncopés du jazz mais aussi par la musique des mots, Claude Nougaro s'essaie très vite à la poésie et dès 1952 monte à Paris pour tenter sa chance. Il y rencontre le poète Jacques Audiberti qui devient son père spirituel et compose les paroles de ses premières chansons. Après un premier disque encore sous influences paru en 1958, Nougaro trouve véritablement sa voix en 1962, en s'associant avec un jeune compositeur fou de jazz comme lui, Michel Legrand.

Rompant avec le tout-venant du style yéyé à la mode, Nougaro y révèle un univers d'emblée totalement original (Une petite fille, Cécile ), parvenant en une écriture très visuelle et savamment cinématique (sens du découpage et du montage) à adapter la prosodie française aux rythmes et harmonies sophistiquées du jazz moderne (sa version du thème Blue Rondo à la Turk de Dave Brubeck sous le titre A bout de souffle en est un parfait exemple). Persistant dans cette veine il s'associe en 1964 avec deux grands noms du jazz français (le pianiste Maurice Vander qui devient le directeur musical de ses disques, et l'organiste Eddy Louiss) et multiplie les chef-d'œuvres : Le Cinéma, Le Jazz et la java, Armstrong, et surtout Toulouse, hymne lyrique à sa ville natale. A partir de la seconde moitié des années 60, Nougaro diversifie son inspiration, embarquant son univers vers des climats de plus en plus métissés empruntants leurs couleurs à l'Afrique (L'Amour sorcier ) ou au Brésil (Bidonville en 1974, d'après une chanson de Baden Powell et surtout Tu verras en 1978, magistrale adaptation du grand succès de Chico Buarque O que sera, qui lui vaut le Prix spécial de la chanson française de l'Académie Charles Cros). S'il renouvelle ses collaborateurs au tournant des années 80 (Aldo Romano, Richard Galliano) puis se lance dans une longue tournée internationale entouré seulement d'un trio de jazz, Nougaro peine pourtant à trouver un second souffle. Il lui faudra attendre 1988 et la sortie du disque Nougayork, pour renouveler totalement son inspiration en se branchant aux pulsations les plus contemporaines de la musique afro-américaine. Le succès est retentissant et permet à Nougaro, à l'aube de la soixantaine, de toucher un nouveau public. Il enregistrera dans les années 90 trois autres disques relevant de cette esthétique éclectique et électrique, mêlant genres et rythmes (jazz, blues, tango, rap) - Pacifique, Chansongs et L'Enfant phare - sans abandonner pour autant son amour du jazz comme en atteste durant cette même période l'album Une Voix dix doigts, enregistré en duo avec le fidèle Maurice Vander.

Malade et fatigué Claude Nougaro a encore la force en 2000 de publier le disque Embarquement immédiat, mais il s'éteint à Paris le 4 mars 2004 avant d'avoir pu finaliser son dernier projet phonographique, La Note bleue. L'œuvre sera publiée quelques mois après sa disparition par la mythique firme Blue Note.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

Filmée au cours d'une répétition organisée vraisemblablement dans l'appartement même du chanteur, cette séquence diffusée le 22 mars 1969 dans le cadre d'une émission intitulée "A l'affiche du monde" offre le précieux témoignage d'un artiste "au travail".

Entouré de ses musiciens (un trio de jazz où l'on croit reconnaître le fidèle Maurice Vander à l'orgue), Nougaro interprète une de ses anciennes chansons parmi les plus célèbres, Quatre boules de cuir. La réalisation, particulièrement soignée et audacieuse, rend parfaitement compte de l'atmosphère d'improvisation qui prévaut dans cet instant saisi sur le vif. Faisant cohabiter une esthétique relevant du documentaire dans la façon de filmer (une caméra à l'épaule très mobile et réactive, passant d'un musicien à l'autre dans une interaction directe avec ce qui "se joue" devant elle) avec un montage très travaillé, rompant résolument avec ce parti-pris naturaliste pour chercher au contraire à saisir et transcrire visuellement le rythme syncopé de la musique, elle atteint même à la fin une dimension quasi romanesque, lorsque changeant de registre (le son n'est plus direct, indiquant clairement que l'on est entré dans un autre temps que celui de la captation du réel), elle montre en un long plan aux images tremblées Nougaro venir enlacer sa compagne présente dans la pièce. On est plongé là au cœur même de l'intimité du chanteur et l'impression de proximité est totale.

La séquence se termine par un extrait d'interview où Nougaro explicite son credo artistique, se plaçant dans son rapport au public et à sa pratique sur le même plan qu'un peintre ou un poète : dans la solitude de l'homme face à la création - à mille lieues du star system et de ses paillettes.

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