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Jacques Dutronc

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 févr. 1970

Jacques Dutronc interprète sur scène son grand succès Il est cinq heures, Paris s'éveille.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 févr. 1970
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001233

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Né à Paris le 28 avril 1943, Jacques Dutronc commence sa carrière en pleine vague yéyé en tant que guitariste du groupe El Toro et les cyclones puis aux côtés d'Eddy Mitchell. Il intègre ensuite la maison de disque Vogue comme directeur artistique et sous l'impulsion de Jacques Wolfsohn commence d'écrire quelques chansons pour Françoise Hardy (Va prendre un tambour et surtout C'est le temps de l'amour ). Elle deviendra sa compagne quelques années plus tard. En 1965, Wolfsohn, toujours en quête de nouveaux talents, incite Dutronc à continuer de composer et le met en relation avec le journaliste et romancier Jacques Lanzmann, alors directeur du magazine Lui.

Débute alors l'une des plus fructueuses collaborations de l'histoire de la chanson française. Les deux hommes complices et complémentaires inventent un style original, mélange de drôlerie surréaliste et distanciée, d'anarchisme désabusé et de séduction nonchalante. Dès son premier 45 tours, Et Moi, et moi et moi, Dutronc, chanteur dilettante et improvisé, se retrouve du jour au lendemain la nouvelle star de la jeune chanson française. Les duettistes accumulent alors les pépites (Mini, mini, mini, Les Cactus, Les Playboys, J'aime les filles ) et le premier album de Dutronc se vend à un million d'exemplaires. Poursuivant dans cette veine ironique et nonchalante, Dutronc, tout aussi éloigné de la chanson d'auteur engagé que de la variété consensuelle, est l'un des très rares artistes français de l'époque (avec Nino Ferrer et Serge Gainsbourg) à capter et à adapter à l'esprit français le rock juvénile et irrévérencieux de groupe anglais comme les Kinks et les Rolling Stones. Son deuxième album paru en 1968 reflète parfaitement un certain "air du temps" avec son orchestration résolument rock et ses textes ironiquement contestataires (Fais pas ci, fais pas ça, On nous cache tout, on nous dit rien ). Il renferme surtout une des plus belles chansons écrites après-guerre : Il est cinq heures, Paris s'éveille. Après un troisième disque A tout berzingue paru en 1969, où Dutronc plus que jamais provocateur joue avec délice de son image à la séduction ambiguë (L'Opportuniste, L'Aventurier ), il entame les années 70 en prenant des distances avec sa carrière de chanteur.

Il collabore avec le dessinateur Fred le temps de deux disques pour enfant (Le Sceptre et La Voiture au clair de lune ), signe encore quelques pépites isolées (Le Petit jardin, poétique et écologique avant l'heure ; L'Arsène et Gentleman cambrioleur, chansons du générique de la série télévisée Arsène Lupin ) et fait paraître en 1975 L'Ile enchanteresse qui marque la fin de sa collaboration avec Lanzmann pour de longues années. Mais c'est alors sa carrière d'acteur de cinéma, débutée en 1973 qui occupe l'essentiel de son temps. Il tourne avec Andrzej Zulawski (L'important c'est d'aimer, 1974), Claude Lelouch (Le bon et les méchants, 1976), Claude Sautet (Mado, 1976), Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), 1980) ou encore Barbet Schroeder (Tricheurs, 1981) et obtient la consécration de son travail d'acteur avec le rôle-titre du film Van Gogh de Maurice Pialat en 1991, qui lui vaut un César.

Ce n'est qu'en 1980 avec l'album Guerre et pets, concocté avec son grand ami Serge Gainsbourg, que Dutronc revient à la chanson. L'album fait sensation et est suivi dans la foulée d'un autre 33 tours, C'est pas du bronze (1982) puis en 1984 du single Merde in France qui obtient un gros succès public. Même si par la suite ses disques n'ont pas toujours connu le même succès (CQFD, 1987), Dutronc tout en poursuivant sa carrière d'acteur (Merci pour le chocolat de Claude Chabrol en 2000) persiste désormais à donner régulièrement de ses nouvelles phonographiques. Madame l'existence paru en 2003, album jazzy aux orchestrations sophistiquées, mêlant tendresse et dérision, a ainsi marqué ses retrouvailles inespérées avec Jacques Lanzmann, après plus de vingt-cinq années de séparation artistique.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

C'est dans le cadre d'une émission de variété exceptionnelle, organisée le 16 février 1970 en direct d'un grand théâtre parisien en l'honneur de l'athlète française Colette Besson (championne olympique du 400 mètres deux ans plus tôt à Mexico), que Jacques Dutronc offre cette très belle version de son titre le plus populaire, Il est cinq heures, Paris s'éveille. Présentée par Jacqueline Joubert et Henri Spade, cette émission de prestige s'adresse sans détour à un public familial et populaire. Par son sujet, éminemment consensuel (Colette Besson, au faîte de sa popularité, est alors surnommée "la petite fiancée des Français"). Par sa programmation aussi, interdisciplinaire et savamment intergénérationnelle, alternant invités du monde du sport (Alain Mimoun), personnalités du monde de la culture (Robert Hossein, Antoine Blondin) et artistes de variétés représentant toutes les tendances de la chanson française (de Luis Mariano à Joe Dassin, en passant par Lucky Blondo, Sheila ou les Compagnons de la chanson).

Idole décalée d'une jeunesse plutôt cultivée, nourrie au rock anglo-saxon, Dutronc et son image de dandy ironique et séducteur détonent dans ce contexte généraliste, aujourd'hui que la segmentation toujours plus poussée des publics est de mise. Sans doute faut-il considérer sa présence dans ce programme avant tout comme le signe de sa grande popularité en ce début des années 70. Son dernier album paru l'année précédente (A tout berzingue ) a déjà sensiblement fait évoluer l'image cynique et subversive de ses débuts, résolument rocks et provocateurs. Désormais Dutronc joue avec son image (L'Opportuniste ) et la dérision, flirtant avec l'auto parodie, trouve des accents plus consensuels.

Mais sa programmation est aussi la preuve d'une réelle politique d'ouverture à l'époque, dans ces émissions dites "de variétés", censées fédérer tous les publics, aux formes les plus diverses de la chanson française. Même si Il est cinq heures, Paris s'éveille, tant dans sa forme que dans sa tonalité, n'a rien de révolutionnaire et s'inscrit clairement dans la continuité de la tradition française de la chanson à texte, elle représente dans le panel des artistes invités un courant plus intellectuel et décalé qui de toute évidence trouve toute sa place ici.

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