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Le congrès de Reims

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 nov. 2008

Le congrès national du Parti Socialiste réuni à Reims témoigne des divisions internes au Parti et de ses difficultés à incarner une opposition unie à la politique du Gouvernement.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 nov. 2008
Production :
INA
Page publiée le :
09 oct. 2009
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001280

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Le Congrès national du Parti Socialiste réuni à Reims du 14 au 16 novembre révèle avec éclat les divisions du parti. En effet, comme lors du Congrès de Rennes de 1990, aucune motion n'est parvenue à emporter la majorité.

Le congrès national, réuni tous les trois ans, est l'une des instances qui régule la vie interne du parti socialiste. En effet, c'est au cours du congrès national que la ligne politique du parti est définie, au terme de débats entre les différentes contributions proposées par les motions au cours de l'été qui précède. En 2008, 6 motions sont en lice : la motion A, conduite par Bertrand Delanoë, soutenu par François Hollande, la motion B du Pôle Ecologique, la motion C qui réunit l'aile gauche du parti derrière Benoit Hamon, la motion D menée par Martine Aubry et soutenue par Laurent Fabius, la motion E, présentée par Gérard Collomb, avec l'appui de Ségolène Royal, et la motion F déposée par les écologistes et altermondialistes d'Utopia.

Le 6 novembre, les 230 000 militants socialistes sont appelés à se prononcer en faveur d'une de ces 6 motions. A l'issue du vote, aucune majorité absolue ne se dégage : la motion A obtient 25,24% ; la motion C 18,52%, la motion D 24,32% et la motion E 29,08%. C'est sur la base des résultats de ce vote militant que les délégués des fédérations sont ensuite désignés, de manière proportionnelle, pour siéger dans les instances dirigeantes. En cas d'absence de majorité absolue, comme c'est le cas en 2008, un accord ou une synthèse entre plusieurs motions doit intervenir afin de constituer une majorité pour déterminer la ligne politique du Parti Socialiste jusqu'en 2011. Le congrès est donc à la fois un lieu de délibération collective et d'alliances pour déterminer une stratégie politique à moyen terme pour le parti. Bertrand Delanoë, dont le score obtenu est analysé comme un échec, décide de soutenir la motion conduite par Martine Aubry.

Au lendemain du congrès, les militants sont alors invités à élire le premier secrétaire du parti. Trois candidats demeurent en lice, Martine Aubry, Ségolène Royal et Benoît Hamon. Au soir du 20 novembre, Benoît Hamon, arrivé troisième, appelle ses partisans à voter pour Martine Aubry. Martine Aubry est officiellement élue Première Secrétaire du Parti socialiste à l'issue du Conseil national du 25 novembre. Selon le rapport de la commission de récolement, elle obtient 67 451 voix et Ségolène Royal 67 349 voix. Ce faible écart de voix nourrit la déception du camp vaincu et suscite des accusations réciproques de tricherie.

Ainsi, le Congrès échoue à définir une ligne politique puis à désigner un leader dont la légitimité puisse s'imposer de manière évidente à tous. Le congrès de Reims met en lumière les nombreuses divisions au sein même du parti socialiste et sa difficulté à incarner l'opposition à Nicolas Sarkozy. Il révèle par ailleurs les difficultés d'adaptation du parti socialiste aux institutions de la Ve République, illustrées par les modalités mêmes de son fonctionnement interne. Ainsi, la représentation proportionnelle des motions dans les instances dirigeantes et le principe essentiel de la délibération collective pour définir la ligne politique cohabitent difficilement avec l'élection directe du premier secrétaire par l'ensemble des adhérents, dans une logique majoritaire empruntée au mode de scrutin présidentiel français. Ce système explose à Reims en raison de la personnalisation croissante de la politique française : la question du leadership du parti prime alors sur les questions de fond. Ce Congrès traduit dès lors le problème d'adaptation du parti à la logique de présidentialisation de la vie politique française sous la Ve République.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Au soir du 16 novembre, ce reportage sur le congrès du Parti Socialiste dresse le bilan de deux journées de discours, de débats et de tractations. Alors que trois candidats demeurent en lice pour l'élection comme premier secrétaire du parti, le document focalise son attention sur le duel entre Martine Aubry et Ségolène Royal, et demeure bien plus discret sur Benoît Hamon, jeune représentant de l'aile gauche du parti, dont les résultats à l'issue du vote des militants ont pourtant créé la surprise.

Les interventions successives de Martine Aubry et de Ségolène Royal à la tribune témoignent, par leur ton, leur style et leurs références de cultures politiques, et de personnalités distinctes. Si Martine Aubry puise dans le registre traditionnel de la gauche en invoquant l'appel à la lutte sociale d'un militant syndicaliste, Ségolène Royal, dans la lignée de la campagne présidentielle de 2007 s'érige en défenseur des plus démunis. Le discours de Bertrand Delanoë, grand perdant du congrès de Reims et qui se retire de la compétition, est quant à lui amer et critique sur l'état du parti socialiste. C'est d'ailleurs sur le constat d'échec dressé par François Hollande, soutien de Bertrand Delanoë que s'achève ce reportage : la division du parti socialiste ne peut que limiter sa capacité d'opposition à la politique menée par Nicolas Sarkozy. Les gros plans sur les mines fatiguées, perplexes voire désabusées des militants socialistes illustrent enfin la lassitude et l'inquiétude de ces derniers.

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