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La crise asiatique de 1997

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 24 oct. 1997

Dix ans après le premier krach financier de la mondialisation, les bourses asiatiques doivent faire face à une forte baisse, consécutive à la dévaluation de la monnaie thaïlandaise. L'explosion de la bulle spéculative asiatique remet en cause le développement de l'Asie du sud-est et fait sentir ses effets au Japon et en Occident.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
24 oct. 1997
Production :
INA
Page publiée le :
31 mai 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001327

Contexte historique

Par Claude Robinot

Le développement rapide des économies asiatiques dans les décennies 70-90 a suscité l'admiration envieuse des pays occidentaux au moment où ces derniers connaissaient un ralentissement. On parle de basculement de l'économie vers le Pacifique. Le Japon est devenu la deuxième puissance économique mondiale, et inspire le développement industriel des quatre dragons : Corée, Taïwan, Singapour et Hong-Kong. Ils entraînent dans leur sillage les « bébés-tigres » : Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Philippines. La zone asiatique, sauf le Japon, est animée par une croissance rapide des PIB. avec des taux annuels de 8 à 12 % de 1985 à 1995. Des villes comme Bangkok ou Djakarta se dotent de quartiers d'affaires et de gratte-ciels. Ces pays « en développement » sont déclarés « marchés émergents ». Le boom économique s'explique d'abord par les investissements industriels des firmes japonaises et américaines (IDE) qui trouvent dans ces pays des avantages de coûts. Ensuite les besoins en équipements et en immobilier attirent l'épargne locale et les capitaux étrangers. L'Indonésie, La Malaisie ou la Thaïlande deviennent des placements attractifs pour les spéculateurs d'autant que la libéralisation financière, effective dès le début des années 90 dans ces pays, facilite les mouvements. Des milliards de dollars, sous forme de prêts, se déversent sur l'Asie du sud-est. Cet afflux de crédit, qui dépasse les besoins de financement de l'économie réelle, finissent par se placer dans des projets immobiliers. C'est le mécanisme classique d'une bulle immobilière spéculative. Jusqu'en 1997, les investisseurs sont relativement confiants car ces pays sont peut endettés, l'inflation est faible et l'activité industrielle dynamique. Pourtant quelques signes avant-coureurs d'un retournement de tendance sont perceptibles : faillites immobilières, retraits de capitaux étrangers, pression sur la monnaie locale jugée surévaluée par rapport au dollar.

La crise éclate brusquement le 2 juillet 1997, lorsque le gouvernement thaïlandais dévalue le bath pour contrecarrer les attaques spéculatives. Ce réajustement, au lieu de faire baisser la pression, déclenche une panique. Les capitaux étrangers quittent la Thaïlande, la bourse perd 80 % de sa valeur en trois mois. Les firmes bancaires et immobilières les plus fragiles font faillite. Près d'un million de m2 de bureaux restent sans acheteurs. La crise touche aussi les autres secteurs. La croissance, qui était de 8 % l'année précédente, est nulle en 1997.

L'originalité de cette crise est que l'onde de choc se propage aux pays voisins, en août 1997 ; les monnaies de la Malaisie, de l'Indonésie et les Philippines sont dévaluées de 25 à 30 %. A l'automne, c'est le tour de Singapour, de Hong Kong et de la Corée du Sud. Dans ce dernier pays, déjà développé autour d'une solide industrie, la crise est provoquée par la spéculation des banques liées aux chaebols, les conglomérats industriels.

La purge est violente ; la dépréciation monétaire se poursuit en 1998, malgré l'intervention du FMI qui débloque 40 milliards de dollars de crédit pour restructurer le secteur bancaire. En échange, l'institution internationale impose des mesures de libéralisation et demande une surveillance accrue des déficits publics.

En 2000, la reprise de l'activité et des exportations liées au marché mondial sort l'Asie du Sud-Est de la crise, elle est plus rapide à Singapour et en Corée dont les secteurs de pointe tirent la croissance vers le haut. Elle est plus lente en Thaïlande et en Indonésie, dans ce dernier pays la crise économique se double d'une crise politique qui chasse le président Suharto du pouvoir. La Chine, qui avait dévalué sa monnaie en 1994, est assez peu touchée par la crise asiatique.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Dans le lancement par le présentateur, comme dans le commentaire du sujet, les journalistes essayent de relier la crise asiatique qui se développe à l'automne 1997 aux préoccupations et aux connaissances des téléspectateurs français. Pour la notion de krach boursier, Patrick Chêne évoque les 10 ans de la chute de Wall Street qui avait frappé l'opinion car elle apparaissait comme la manifestation de phénomènes économiques nouveaux. Une émission intitulée « vive la crise » avec Yves Montand avait eu un fort retentissement. Dans le commentaire, on suggère au début qu'avec la baisse de la bourse de Paris une contagion n'est pas impossible, puis on rassure à la fin en présentant les pays européens comme des places refuges.

Le sujet date d'octobre 1997, la crise boursière et financière a déjà deux mois d'existence. La Malaisie, l'Indonésie et les Philippines ont déjà plongé, juste après la Thaïlande. Ces pays ne sont pas considérés comme des grandes puissances, en revanche quand la panique atteint les « Dragons » comme Hong Kong ou Singapour et au-delà le Japon, on prend conscience de la contagion et de l'effet domino de la crise. Une infographie indique le mécanisme. Les explications et les causes du krach sont plus confuses, on évoque l'appétit de capitaux et les investissements immobiliers. On insiste aussi sur les changements intervenus dans la zone en parlant d'économies émergentes et d'échanges intra-asiatiques, ce qui laisse supposer que ces pays ne sont plus seulement des fournisseurs de produits pour les marchés développés. Le commentaire reste muet sur l'origine des capitaux qui ont inondé la région, il suggère le rôle du Japon, lui aussi touché, mais il ignore le rôle des investisseurs américains et européens qui étaient aussi très présents.

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