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Les investissements du Qatar en France

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 févr. 2012

Le Qatar a acheté des grands hôtels français dont le Carlton de Cannes. Il a également pris des participations dans de grandes entreprises. Richissime grâce à ses gisements de gaz, il a aussi racheté le club de football du Paris Saint-Germain et lancé des chaînes sportives en France. Kamel Hamza, conseiller municipal de La Courneuve, défend l'aide financière qatarie pour les banlieues françaises.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 févr. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001370

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

La stratégie de développement international mise en place par le Qatar en a fait un acteur économique et diplomatique incontournable. Devenu indépendant du Royaume-Uni en 1971, cet émirat situé sur une presqu'île de la rive sud du golfe Persique n'a pourtant qu'une superficie de 11 500 km2. Sa population ne dépasse en outre pas les 1,9 million d'habitants, en majorité concentrés dans la capitale, Doha. Parmi ceux-ci seuls 200 000 citoyens sont autochtones.

Ce petit émirat est cependant richissime grâce à ses gisements de pétrole et surtout de gaz naturel. Il possède en effet les troisièmes réserves mondiales de gaz naturel après la Russie et l'Iran. Elles sont situées dans le plus vaste gisement gazier sous-marin au monde, que le Qatar partage avec l'Iran. L'émirat a ainsi entrepris de construire des installations ultra-modernes à Ras Laffan afin d'extraire et de liquéfier le gaz. Ces aménagements lui ont permis de devenir le premier exportateur mondial de gaz liquéfié. De la sorte, le pays s'est considérablement enrichi : le produit intérieur brut moyen par habitant en 2011 était estimé à 98 144 dollars.

Fort de sa richesse, le Qatar développe une stratégie de soft power (« puissance douce ») afin d'accroître sa capacité d'influence dans le monde. Cette stratégie a été mise en place par l'émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani, arrivé sur le trône en 1995 et qui a laissé sa place à son fils Tamim Ben Hamad Al-Thani en 2013. Le Qatar déploie ainsi une grande activité diplomatique. Il s'implique par exemple activement au sein du monde arabe depuis les révolutions du printemps 2011. Il a alors envoyé des avions de chasse et des forces spéciales à l'aide des insurgés libyens. De même, il finance et arme depuis 2011 les rebelles syriens contre le régime de Bachar Al-Assad.

En outre, le Qatar mène une intense politique d'investissements dans le monde. Son fonds souverain, la Qatar Investment Authority, possède un portefeuille d'actifs de 60 milliards d'euros dans 33 pays. Les investissements qataris sont surtout importants en Europe occidentale. Le Qatar a ainsi pris des parts dans plusieurs groupes industriels français. En juin 2013, il possédait 7,6 milliards d'euros de participation dans les groupes du CAC 40 : il détenait 13 % de Lagardère, 7 % de Vinci, 5 % de Total, 4,7 % de Veolia Environnement, 2 % de Vivendi et 1 % de LVMH. En France, il a également réalisé des investissements immobiliers pour un montant de 4 milliards d'euros. Le Qatar est désormais propriétaire de plusieurs hôtels de luxe dont le Royal Monceau et le Concorde Lafayette à Paris ou le Carlton et le Martinez à Cannes. La chaîne de magasins Le Printemps est aussi en cours de rachat.

Le petit émirat s'est également imposé sur la scène médiatique avec la chaîne d'information Al Jazeera. Regardée par 200 millions de téléspectateurs dans le monde et 50 millions dans les pays arabes, elle a soutenu les révolutions de 2011 en Tunisie, en Égypte et en Libye.

Enfin, le Qatar cherche à accroître son influence mondiale par le sport. Il a ainsi été désigné pour organiser la Coupe du monde de football en 2022. La Qatar Investment Authority a par ailleurs acheté le club de football du Paris Saint-Germain en 2011 afin d'en faire l'un des plus grands clubs européens. Le Qatar a également lancé deux chaînes sportives en France en 2012, BeIn Sport et BeIn Sport 2, qui atteignent près d'1,5 million d'abonnés.

Les investissements qataris en France, dont un projet de fonds destiné aux banlieues, ont cependant suscité des controverses : ils donnaient l'impression que le petit émirat cherchait à racheter la France. Le petit émirat est pourtant loin d'être le premier investisseur dans l'Hexagone. Le Qatar est devancé par de nombreux pays, et notamment par ses voisins des Emirats arabes unis et de l'Arabie saoudite. La France reçoit ainsi moins de 10 % des investissements mondiaux qataris contre 27 % pour le Royaume-Uni.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans la première partie du journal télévisé de France 2 de 20 heures le 20 février 2012, ce sujet a un format assez inhabituel. Il dure en effet 4 minutes et 21 secondes, soit une durée bien supérieure à la plupart des reportages des journaux télévisés, généralement compris entre 2 et 3 minutes. Le présentateur du journal télévisé David Pujadas l'annonce d'ailleurs comme une « enquête », ce qui le distingue immédiatement d'un reportage ordinaire. Ce sujet dispose également d'un titre (« Qatar. Notre ami du Golfe »).

Il a uniquement été filmé en France. Le tournage a eu lieu dans trois villes différentes, Cannes, Paris et La Courneuve. La journaliste Amira Soualem est d'ailleurs filmée dans deux plateaux en situation : devant l'hôtel Royal Monceau, à Paris, et dans une rue de La Courneuve, en banlieue parisienne.

Les plans de Doha, la capitale qatarie, et du complexe gazo-industriel de Ras Laffan n'ont pas été tournés à cette occasion. Ce sont des images d'archives qui ont été intégrées au sujet. Il en est de même pour celles de la rencontre de l'émir du Qatar Hamad Ben Khalifa Al-Thani avec le président de la République Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon au palais de l'Élysée, le 30 mai 2007.

Outre ces images d'archives, le reportage alterne les images factuelles, les infographies et les interviews. Le trois infographies insérées dans le sujet ont une même visée didactique : il s'agit d'éclairer les téléspectateurs sur les investissements qataris en France et en Europe.

Les journalistes de France 2 ont choisi de montrer que les investissements qataris dans l'Hexagone se font dans plusieurs domaines. La première image du sujet est ainsi coupée en quatre parties afin de montrer précisément la diversité de ces investissements. C'est la technique de l'écran divisé, ou split screen en anglais, qui est utilisée. Chacune de ces parties présente simultanément des images différentes : des joueurs de football du Paris Saint-Germain à l'entraînement, une régie de la chaîne de télévision Al Jazeera, l'hôtel Carlton de Cannes et les gratte-ciels de Doha.

De la même manière, le reportage se constitue de quatre séquences différentes. Elles ont toutes pour but de montrer l'un des aspects des investissements qataris en France. La première, tournée à l'hôtel Carlton de Cannes et devant les hôtels Lambert et Royal Monceau à Paris, tous rachetés par le Qatar, illustre les investissements effectués dans l'immobilier de luxe. La seconde séquence s'intéresse quant à elle à la gazo-monarchie elle-même. Composée uniquement d'images d'archives à visée illustrative, elle rend compte de ses principales caractéristiques et insiste sur le rôle joué par l'émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani.

La troisième séquence est pour sa part consacrée aux investissements du Qatar dans le sport et les médias sportifs : le club du Paris Saint-Germain, racheté en 2011, et les futures chaînes de sport françaises du groupe Al Jazeera l'illustrent. La dernière séquence revient sur le projet de fonds d'investissement dans les banlieues françaises à travers l'exemple d'élus de La Courneuve qui en sont partisans. Enfin, les prises de participation qataries dans de grandes entreprises françaises sont représentées par une infographie.

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