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La France et le choix du nucléaire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 mars 2011

Au moment où la catastrophe nucléaire de Fukushima remet en cause l'avenir de cette énergie, on explique les origines du choix français et les avantages qui lui sont liés. On examine ensuite les différents scénarios de sortie du nucléaire, leurs avantages et leur coût.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    Enjeux planétaires contemporains : les énergies

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
16 mars 2011
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001462

Contexte historique

Par Claude Robinot

L'engagement de la France dans le nucléaire a été une politique constante des gouvernements qui se sont succédé depuis la fin de la guerre. De la phase de recherche à celle de réalisation, les programmes civils et militaires ont marché de pair, même si jusqu'à la fin des mandats du général de Gaulle, c'est l'objectif militaire et stratégique qui a eu la priorité, la production d'électricité n'étant qu'un sous-produit du programme de défense. Le premier réacteur nucléaire avait été expérimenté sur le site de Marcoule. 6 tranches nucléaires produisant 5 % des besoins électriques nationaux sont mises en place de 1966 à 1970, à Chinon, Bugey et Saint-Laurent-des-Eaux. On considère habituellement que le développement du parc nucléaire français est une conséquence de la guerre du Kippour de 1973 et du premier choc pétrolier. Il serait plus exact de dire que ces événements n'ont fait qu'accélérer un choix politique qui était déjà bien engagé. La dépendance énergétique de la France et de ses approvisionnements étaient pris en compte. Le VIe plan prévoyait déjà des centrales pour une puissance de 13 000 mégawatts. Les choix techniques et industriels étaient faits : réacteurs à eau pressurisée plutôt que Graphite-Gaz, retraitement du combustible à La Hague dès 1967, engagement des sociétés opératrices comme EDF, Alsthom, Framatome. De 1974 à 1977, 18 tranches sont mises en service, la carte du nucléaire français commence à prendre forme. Le reste du nucléaire français sera construit et mis en service de 1980 à 2000, pour aboutir à un parc stabilisé de 58 centrales. L'opposition au choix du nucléaire ne s'est manifestée qu'assez tardivement. Entre 1978 et 1981, les habitants de Plogoff dans le Finistère se sont violemment opposés à l'implantation d'une centrale, un combat mené en parallèle avec celui du camp du Larzac. Les deux projets sont abandonnés en 1981. C'est le signe d'un retournement de l'opinion et des inquiétudes vis-à-vis du risque. L'accident de Tchernobyl en avril 1986 a eu comme conséquence l'arrêt de tous les nouveaux projets. Il faut attendre 2004, pour que l'on entreprenne à Flamanville la construction d'un réacteur EPR ; un autre est prévu à Penly.

Le choix du « tout nucléaire » est justifié par les avantages suivants : doublement du taux d'indépendance énergétique qui est de 50 %, l'électricité d'origine nucléaire a un coût du kw/h de 0,15 €, plus bas que celui de la plupart des grands pays européens. D'autres arguments sont mis en avant : la France exporte de l'électricité et sa technologie nucléaire. EDF avance aussi les faibles rejets de gaz à effet de serre de l'électricité nucléaire, 6g de CO2 /kwh, contre 430g pour le gaz et 800 pour le charbon. D'après les calculs de la DGEC (Direction Générale de l'Energie et du Climat), l'énergie nucléaire produite par les EPR à l'horizon 2020 resterait compétitive par rapport au gaz et au charbon, même avec un surcoût d'investissement de 40 %. Il est vrai que ces calculs sont des hypothèses.

Le paysage et les perspectives de l'industrie nucléaire ont changé au début du XXe siècle. Sous la pression de l'Europe et de la mondialisation, la production électrique est soumise à la concurrence, les fleurons publics EDF et GDF se sont ouverts au privé, les tarifs contrôlés par l'Etat sont considérés comme déloyaux et l'industrie nucléaire française a dû se restructurer pour faire face à la concurrence mondiale. Areva et ses filiales ont remplacé la Cogema et Framatome. De nouveaux acteurs apparaissent : GDF-Suez ou Siemens.

Surtout c'est la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en mars 2011 qui force à remettre en perspective l'avenir du nucléaire. L'attention a été attirée sur le vieillissement des centrales françaises, La plus vieille centrale, celle de Fessenheim, doit fermer. En 2001, le gouvernement a créé l'Agence de Sécurité Nucléaire ; informer le public des incidents et accidents est devenu un enjeu dont est chargée une autorité indépendante. C'est indispensable dans un contexte où la volonté politique est de maintenir le choix nucléaire contre l'avis d'une partie de l'opinion.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Le petit logo infographique « spécial Japon » avec un petit drapeau en mouvement, en dit long sur le contexte immédiat du sujet. Il s'agit de présenter aux téléspectateurs français un argumentaire justifiant le choix national de l'électricité nucléaire, au moment où la catastrophe de Fukushima le remet en cause dans un pays développé comme le Japon, réputé pour son sérieux dans le traitement des risques. Dans le lancement du sujet, David Pujadas pose l'hypothèse de la sortie du nucléaire, pour en évoquer tout de suite le coût. Des images d'archives servent de fond à une infographie qui rappelle que 75 % de l'électricité française est nucléaire. On évoque ensuite, toujours en infographie, la solution de l'éolien ou du solaire pour en montrer l'absurde avec une Europe couverte de panneaux photovoltaïques. En opposition, on réaffirme la continuité du choix nucléaire par une archive de Marcoule en 1956 et un discours du général de Gaulle en 1963 après sa visite à Cadarache. Le commentaire passe très vite sur les années 70, pourtant essentielles. La suite est un argumentaire appuyé sur tous les avantages économiques en termes d'emploi, de coût et de dynamisme. En incrustation, Jean-Marie Chevallier, professeur d'économie industrielle, explique le coût d'une sortie du nucléaire. Les inconvénients du nucléaire sont ensuite évoqués (déchets, démantèlement, accidents). S'il n'est pas question d'une sortie du nucléaire, on présente un scénario transitionnel « raisonnable » qui consisterait à systématiser les économies d'énergie par des constructions vertueuses et une chasse au gaspillage. Cette thèse est défendue depuis 2003 par Thierry Salomon et l'association Negawatt qui milite pour la maison écologique. Il est présenté ici comme un expert. Ce reportage, par les choix des arguments, des interlocuteurs et des archives est favorable à l'orientation nucléaire qui sera réaffirmée par Nicolas Sarkozy le 24 mars 2011, quelques jours avant la diffusion de ce reportage.

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