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Valéry Giscard d'Estaing inaugure le musée de la Renaissance d'Ecouen

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 oct. 1977

Lorsqu'il inaugure le musée de la Renaissance d'Ecouen en 1977, le président de la République Valéry Giscard d'Estaing en fait un élément de sa politique culturelle. Il entend ainsi satisfaire la demande du public pour la culture et le développement culturel de la France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 oct. 1977
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001493

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Lorsqu'il était ministre, André Malraux souhaitait doter la France d'un musée de la Renaissance qui puisse rendre justice à la richesse de cette époque. Les collections françaises étaint alors dispersées entre plusieurs lieux ou à l'étroit au musée de Cluny, dans le centre de Paris. Il leur manquait un lieu alliant visibilité et capacité de mise en valeur des œuvres.

Le musée d'Ecouen propose une collection qui aborde les différents aspects de la création de la Renaissance, tant pour les beaux-arts (peinture, sculpture...) que pour les arts du quotidien. L'une des pièces majeures est l'exceptionnelle tapisserie de David et Bethsabée. Tissée au début du XVIe siècle, elle est constituée d'une série de dix pièces d'une longueur totale de soixante-quinze mètres de long et quatre mètres cinquante de haut. Cette scène biblique est l'une des attractions du musée, à l'image de la Tapisserie de l'Apocalypse présentée au château d'Angers ou de La Dame à la Licorne conservée au musée de Cluny.

Valery Giscard d'Estaing inaugure le musée de la Renaissance d'Ecouen en 1977. Il est un président d'une grande culture mais souffre de la réputation d'avoir délaissé ce ministère. Issu de l'école polytechnique, il devient inspecteur des finances à sa sortie de l'Ecole Nationale d'Administration puis ministre de l'Economie et des Finances ; son profil n'est pas celui d'André Malraux ou de Georges Pompidou. Il est élu à la Présidence de la République en 1974 sur un discours de modernisation de la société française où la culture ne se taille pas la meilleure part. Les questions budgétaires semblent confirmer cette distance : le ministre de la Culture est remplacé par un secrétaire d'Etat aux prérogatives plus restreintes et aux moyens plus limités. Pourtant le musée d'Ecouen correspond à la culture de ce président qui fait de grands efforts pour paraître populaire. Il joue au football ou de l'accordéon devant les caméras alors qu'il est issu d'une grande famille bourgeoise et des meilleures écoles.

Valéry Giscard d'Estaing choisit le classicisme : ministre des Finances, il a inspiré une exposition à l'Hôtel de la Monnaie, Louis XV. Un moment de perfection de l'art français. Il est à l'origine du projet de musée du XIXe siècle en 1977, posant les bases du futur musée d'Orsay, mais il inaugure la même année sans grand enthousiasme le musée du XXe siècle, le Centre Georges Pompidou, après avoir hésité à mettre un terme au projet.

Il poursuit la politique de ses prédécesseur de démocratisation de la culture dont ces nouveaux sites sont l'expression. L'Etat demeure un acteur central de la politique culturelle mais devient également un facilitateur pour les collectivités locales qui développent leur politique, renforcée par la naissance des Fonds Régionaux d'Art Contemporain (FRAC) en 1977. C'est la période du développement des industries culturelles que les pouvoirs publics soutiennent.

Le château d'Ecouen s'est progressivement hissé au rang de lieu le plus visité du Val d'Oise en 2008 avec 150 000 visiteurs et plus de 80 000 pour le musée, fréquentation accélérée par la gratuité. Le musée a également mis en place une politique des publics fondée sur la mise en œuvre d'évènements et le renforcement de son offre en direction du jeune public. Ecouen répond ainsi à une demande du public mais également du président de la République lors de son inauguration.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

L'enjeu de ce reportage sur l'inauguration du musée de la Renaissance à Ecouen n'est pas le musée. Dès l'amorce plateau de Roger Gicquel et avec sa gravité habituelle, il est question de « souligner l'importance qu'il [Valéry Giscard d'Estaing] attache à l'amélioration et à la modernisation des musées en France ». Le journaliste ne déroge pas sa gestuelle de fait divers pour placer Ecouen à vingt kilomètres de Paris, « approximativement entre Paris et Chantilly » et signaler que la présidence « a confirmé d'ailleurs un projet de musée du XIXe siècle à la gare d'Orsay à Paris ».

Après quelques généralités sur les éléments rassemblés au musée où « tout est regroupé [...], dans la clarté et la cohérence : un riche mobilier, des broderies peintes, des cheminées peintes ou sculptées, des collections d'émaux », recréant ainsi « le cadre de vie d'un grand seigneur du XVIe siècle ».

Le style giscardien tranche avec les discours malrussiens et pompidoliens sur la culture : lorsqu'il s'agit d'expliquer aux médias les raisons de sa présence à cette inauguration, le président choisit une approche toute technicienne : « toutes les statistiques montrent qu'à l'heure actuelle le nombre des visiteurs dans les musées ne cesse de s'accroître dans des proportions tout à fait considérables. Il y a donc un intérêt du public et il faut ensuite naturellement que les musées soient accessibles au point de vue des heures d'ouverture, au point de vue de la présentation des collections elle-mêmes. Il faut dans une certaine mesure améliorer et moderniser notre présentation en matière de musées. Et le gouvernement va examiner dans quelques semaines un projet de loi-programme prévoyant sur plusieurs années un grand effort national en faveur de nos musées de façon à en compléter l'équipement et de façon à pouvoir présenter à tous les superbes collections de la France ».

Valéry Giscard d'Estaing, qui a supprimé la commémoration chômée du 8 mai en arrivant à la tête de l'Etat, a bien compris les nouveaux enjeux de la culture : une offre muséale doit produire de l'identité collective lorsque les Français peuvent y avoir accès, et un enjeu économique d'avenir. Il est sur les questions de démocratisation de la culture dans la lignée de ses prédécesseurs Charles de Gaulle et Georges Pompidou pour lesquels l'accès à la culture pour tous se fait par l'accès à des lieux de culture.

Il est également le promoteur du développement culturel comme moyen de faire accéder un large public à la culture par des dispositifs qui définissent des publics (jeunes, seniors, actifs) et des attentes. C'est une question sociale en même temps qu'une question économique dans une France en crise. La période des années 1970 est celle d'une inflexion vers un tourisme culturel qui ne s'avoue pas encore ainsi.

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