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Exposition David Lynch

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 mars 2007

L'exposition des œuvres de David Lynch à la Fondation Cartier, à Paris, permet de découvrir les autres facettes de l'artiste surtout connu pour ses réalisations cinématographiques. Ses œuvres sont exposés dans des espaces qu'il a pensés pour restituer son univers esthétique à la fois étrange et inquiétant.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
05 mars 2007
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001514

Contexte historique

Par Alexandre Boza

L'univers visuel et l'imaginaire développé dans ses films par David Lynch en font un cinéaste important du dernier quart du XXe siècle. Car derrière l'apparence sage et propre de l'Américain né en 1946 à Missoula, dans l'Etat du Montana, se développe toute une dimension d'« inquiétante étrangeté » qui fascine son public.

David Lynch développe dès son premier long métrage Eraserhead en 1976 un discours au style élégant (choix du noir et blanc, cadre travaillé et composé, importance du son et du mixage) pour évoquer ses obsessions et ses monstres. Elephant Man (1980, Grand prix du Festival du Film Fantastique d'Avoriaz) le révèle au grand public tant ce biopic dresse un portrait sensible et sans concession du monstre de foire John (ou Joseph) Merrick dans l'Angleterre victorienne. Il vaut à Lynch de la part de son producteur Mel Brooks le surnom de « James Stewart de la planète Mars ».

Dans ses films, les mystères ne sont pas mis en scène pour être résolus mais pour mettre dans le monde une ambiance faite d'étrangeté et d'inquiétude, comme le film Blue Velvet (1986) qui vaut à Lynch un autre Grand Prix au Festival du film fantastique d'Avoriaz, ou la série ensuite déclinée en long métrage Twin Peaks (1992). Ses histoires sont des itinéraires initiatiques dans des univers confondant réel et imaginaire, distillant une vision pessimiste de la perte de l'innocence du héros incarné par exemple par l'acteur Kyle Mac Lachlan, révélé par Lynch (Dune en 1984, Blue Velvet).

Derrière un apparent maniérisme pour cinéphile, Lynch prend toujours sa source dans des genres populaires : le thriller, le fantastique. Il y a toujours dans ses films un personnage maléfique, incarnation d'une forme de monstruosité qui ne se voit pas, une folie cachée derrière la normalité et la lutte du bien contre le mal. David Lynch multiplie les expériences, vers plus de simplicité avec Une histoire vraie (1999) ou plus d'étrangeté avec Lost Highway (1997), Mulholland Drive (prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2001, le deuxième après celui qu'il a reçu en 1990 pour Sailor et Lula) et surtout Inland Empire (2007).

L'échec de ce dernier film accélère le retour de David Lynch à la peinture et aux arts plastiques. Il n'y subit pas la même pression financière et peut donner libre court à sa créativité. La Fondation Cartier pour l'Art Contemporain l'accueille en 2007 avec l'exposition The Air Is On Fire comme elle l'a fait en 2010 pour un autre cinéaste-plasticien à l'univers singulier, le japonais Takeshi Kitano. La Fondation Cartier a été créée en 1984 et installée à Paris en 1994 dans un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel. Issue du mécénat d'entreprise, elle vise la promotion d'artistes contemporains avec une programmation très éclectique dans tous les domaines de la création, passant éventuellement des commandes spécifiques aux artistes.

Lynch expose également ses lithographies et ses courts métrages au Fonds Régional d'Art Contemporain (FRAC) d'Auvergne. Il entame par ailleurs une carrière musicale depuis 2010, ce qui en fait un artiste complet. Toutefois, il n'est pas reconnu également dans tous les domaines ; c'est surtout son passage d'un cinéma très personnel à la peinture qui suscite la curiosité du public.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

David Lynch expose ses œuvres à la Fondation Cartier : dessins, peintures, photographies. Même si le lien est évident avec son univers de cinéaste et de metteur en scène, l'exposition les présente peu, ou alors sous forme d'installations en écho aux autres oeuvres. David Lynch y est perçu avant tout comme un plasticien soucieux de ce qu'il a à transmettre ou à raconter plus que du support qu'il travaille.

C'est un « univers sombre et déroutant » qui est présenté dans cette exposition. Au rez-de-chaussée de la Fondation, des œuvres plastiques mi-figuratives (paysages, personnages), mi-abstraites (formes indéterminées faites d'objets, d'amas de peinture, de lettres disposées sur le support). Cette peinture « organique » et « toute en matière » ramène le visiteur à la vie de David Lynch, étudiant à l'académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie. Il était dans l'atelier de son académie de peinture, travaillant sur un paysage de jardin la nuit : je regarde la peinture, et le vent entre, et je vois les plantes qui commencent à bouger. J'ai pensé : ça c'est intéressant, une peinture qui bouge, qui bouge avec le son.

Au sous-sol, l'exposition est une exploration plastique associant les sons et les images pour produire une atmosphère « étrange et obsessionnelle ». Il y a une continuité entre la peinture et cette ambiance dans laquelle baigne l'accrochage de David Lynch. En même temps qu'il explique son parcours, il agite ses doigts pour donner à comprendre visuellement le phénomène de vibration que sa peinture n'est parvenue à rendre qu'en la passant sur film dès son premier court-métrage. Les visages torturés, les fluides, les organes, le rouge et le noir et blanc préfigurent son œuvre filmée.

Ses doigts pianotent encore quand il explique que « tout travail de l'être humain reflète notre monde. Or, comme nous le savons, le monde est plutôt sombre, et des choses étranges arrivent dans notre environnement ». Mais il y a aussi de « l'humour dans notre vie, et aussi beaucoup d'absurdité, et parfois, ça nous fait rire ». Ce rapport au monde fait d'inquiétude et de sidération s'exprime dans la muséographie : choix de pièces sombres et de sons comme des plaintes, de cimaises grises métalliques ou minérales, stylisation du nom de l'artiste comme titre de l'exposition. C'est un univers esthétique que l'exposition restitue - au-delà des œuvres dans lesquelles on perçoit l'influence du peintre britannique Francis Bacon.

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