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Exposition de statues de l'âge d'or de l'art classique indien au Grand Palais

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 avr. 2007

Dans les Galeries du Grand Palais, l'exposition consacrée en juillet 2007 à l'Inde classique de la période des Gupta (IVe-VIe siècle) présente plus de cent vingt œuvres qui témoignent de la richesse de cette civilisation ancienne. C'est un événement culturel et diplomatique qui resserre les liens entre la France et l'Inde.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 avr. 2007
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001515

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Régulièrement en France sont organisées de grandes expositions qui donnent à admirer l'art indien. En 1960, ce sont les Trésors de l'art indien, soit 940 pièces proposées au Petit Palais et rassemblées sous la houlette d'André Malraux. Il est alors ministre de la Culture, passionné par la civilisation indienne, au sein d'un gouvernement qui souhaite cultiver de bonnes relations avec la jeune République indienne de Nehru. En 1978, Inde, cinq mille ans d'art au Petit Palais, puis en 1986 Rasa, les neufs visages de l'art indien prolongent le goût pour cet art d'Asie du sud.

En 2007 c'est la première fois qu'est organisée hors d'Inde une exposition « illustrant ce véritable âge d'or, du IVe au VIe siècle, dont le rayonnement a transformé une grande partie de l'histoire artistique de nombreux pays d'Asie » [Jean-François Jarrige, alors Président du Musée des Arts Asiatiques Guimet en charge de la mission scientifique de préparation de l'exposition].

Exceptionnelle, cette exposition l'est à deux titres. D'abord parce qu'elle présente des œuvres d'une civilisation méconnue, la dynastie des Gupta. L'exposition de 2007 ambitionne de montrer des œuvres majeures de cette dynastie (Gupta signifie « secret » en sanscrit) fondée par Chandragupta, qui régna de 375 à 415. C'est le début d'une lignée d'empereurs conquérants – mais sans violence rapporte la légende – et centralisateurs. Leur puissance nous est transmise par des pièces associant le souverain à un dieu ou d'une déesse comme Shrî-Laksmî, protectrice de la royauté et des cités. Toutefois l'empire, affaibli par les assauts des « Huns blancs », les Shvetahûma, disparaît au VIe siècle.

Comme le souligne l'exposition, cet empire est surtout connu pour sa richesse artistique et culturelle. Sa science est révolutionnaire avec l'apparition du « 0 », sa sculpture fixe les canons du beau en Asie du Sud, son architecture de pierre (sanctuaire de Déogarh) ou de brique (sanctuaire de Bhîtargaon) dénote un sens aigu de l'ornementation – encadrements de portes richement décorés, niches des rondes-bosses et des reliefs qui dépeignent des épisodes de la vie de Bouddha ou des divinités de la mythologie hindouiste.

Le caractère exceptionnel vient également de l'importance politique accordée à cet événement. La diplomatie culturelle est en effet un élément moteur de cette exposition, que confirme l'inauguration de l'exposition conjointement par les présidents des républiques française Jacques Chirac et indienne Abdul Kalam. Elle est l'aboutissement d'un processus de rapprochement initié par la visite de Jacques Chirac en Inde en 1998, suivie du prêt d'oeuvres de Pablo Picasso pour une exposition à Delhi puis à Bombay en 2001. L'exposition au Grand Palais à Paris est le troisième temps fort de ce rapprochement politico-culturel car « les Indiens nous prêtent avec générosité l'équivalent de La Joconde et de Néfertiti » [Jean-François Jarrige].

Les œuvres ne sont pas des portraits de souverains, mais sont un art du sacré. « Gardons-nous surtout de chercher dans ces statues, des interprétations plus ou moins idéalisées des vivants : presque toutes appartiennent au divin ou au légendaire, que l'Inde mêle d'instinct. Ses artistes doivent créer ce qui n'existe pas sur terre, ce qui ne saurait exister. Ils nous apportent, reines d'un inépuisable conte de fées métaphysique, quelques formes suprêmes qui ressemblent aux hommes, mais auxquels les hommes ne ressemblent pas » [Jean-Claude Perrier (dir), André Malraux et la tentation de l'Inde, Paris, Gallimard, 2004]. Cette dynastie est également un exemple de tolérance : les empereurs Gupta étaient adeptes de Vishnu mais acceptaient le jaïnisme, qui prône la frugalité et la non-violence, et le bouddhisme. C'est l'une des leçons que l'antiquité tardive peut donner à la modernité politique.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

L'exposition est un événement culturel, à la manière dont ceux-ci sont organisés depuis les années 1990. Alors que les musées ont souvent du mal à attirer et fédérer le public, les grandes expositions rétrospectives connaissent un succès croissant. Les expositions exceptionnelles sont souvent riches des échanges opérés entre musées, comme au Grand Palais où les pièces viennent des quatre coins de l'Inde : cent vingt-deux sculptures prêtées exceptionnellement par 17 musées d'Inde dont ceux d'Allahabad, Delhi, Deogarh, Kota, Kolkata, Lucknow, Mathura, Mumbai, Nalanda, Patna, Sarnath, Vadodara, Varanasi.

Toute une stratégie marketing est mise en place par les musées pour faire de l'exposition un événement culturel, voire un événement mondain à ne pas manquer : campagnes d'affichage, communication par voie de presse, parution de numéros spéciaux de magazines spécialisés et ouvrages participent de cet événement. Cet événement est historique, le reportage le présente comme le prolongement de la visite d'André Malraux à Sarnat, « haut lieu du bouddhisme », en 1973. Il n'est alors plus ministre de la culture mais continue à jouer un rôle fondamental dans la diplomatie culturelle de la France. Les images le montrent érudit et décontracté lorsque devant un bas-relief il signale qu'il décrit « le départ de Rama [roi mythique de l'Inde antique] sur des chevaux dans la guerre contre Ravana [démon roi du Sri Lanka], des trucs comme ça ».

La télévision est conviée comme dans le cadre de ce reportage, axé sur le fait que les œuvres n'ont jamais été montrées à Paris et sur les enjeux de l'installation muséographique. Il s'ouvre sur le déballage des œuvres pour insister sur la découverte pour le public français, sur la difficulté qu'il y a à faire voyager et à installer des œuvres si rares, donc si précieuses. C'est le cas du linteau de Torana, en provenance du Musée de Gwalior, une pièce monumentale de plus d'une tonne sur laquelle sont sculptés dans le grès deux mythes hindous. J.E. Dawson, conservateur du Musée National de New Delhi qui accompagne les pièces, tente de rassurer le spectateur qui découvre que la sculpture déballée de la divinité a été abîmée. « Les statues sont faites en grès. C'est une pierre très friable. Il faut simplement les manipuler avec précaution ». Ce n'est pas si rassurant.

La scénographie sobre de Renaud Pierrard met en valeur les statues et bas-reliefs représentant des dieux et déesses comme Vishnu, Khrishna ou Bouddha. Amina Okada, Conservateur en Chef du musée Guimet et commissaire de l'exposition avec Thierry Zephyr, commente en insistant sur la « grâce », l'« élégance » et la « sobriété » et signale par ailleurs que « c'est [...] une exposition exigeante car ce sont des œuvres sobres, peu bavardes. C'est un art de l'épure, tout en intériorité. La beauté des œuvres s'impose d'elle-même ».

Pour expliquer les règles de fabrication qui s'imposent aux sculpteurs, des incrustations numériques réussies et pédagogiques montrent comment les poitrines doivent être « semblables à des jarres remplies d'eau, les bras suggérer la trompe de l'éléphant, les sourcils se cambrer comme un arc [sur une statue de Vishnu au menton arrondi caractéristique du Ve siècle], les jambes figurer la finesse et le fuselage des lianes ». Cet ensemble « remarquable » rend compte de l'intériorité et de la puissance tranquille des divinités indiennes, en même temps que d'un dispositif muséal bien rôdé.

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