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Britannicus de Jean Racine

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 nov. 1981

Extrait de la mise en scène de Britannicus de Jean Racine au Théâtre National de Chaillot en 1981 et interview d'Antoine Vitez. Fin de la tirade d'Agrippine, acte IV, scène 2.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
11 nov. 1981
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001555

Contexte historique

Par Johanna Pernot

Né en 1639 à la Ferté-Milon d'une famille modeste, Jean Racine reçoit une éducation janséniste au couvent de Port-Royal, près de Paris, où il apprend le grec et le latin, découvre les tragédies antiques d'Eschyle, Sophocle et Euripide. La morale austère du jansénisme, qui nie la liberté humaine en affirmant la prédestination des âmes, sauvées ou non par la grâce divine, se retrouve dans ses tragédies sous les traits de la fatalité.

Dès 1658, Racine fréquente les milieux littéraires et mondains où il se lie avec La Fontaine, puis Molière et Boileau qu'il rencontre à la cour. Il devient dramaturge. Après La Thébaïde, que joue en 1664 la troupe de Molière, la représentation d'Alexandre le Grand l'année suivante le brouille définitivement avec son ami. Il rompt également avec Port-Royal, qui condamne le genre immoral du théâtre. Avec son premier grand succès, Andromaque, en 1667, Racine apparaît comme le vrai grand rival de Corneille, dont il est de trente ans le cadet. De Britannicus en 1668, Bérénice et Bajazet, jusqu'à Iphigénie en 1674, l'art dramatique de Racine se perfectionne pour culminer avec Phèdre, en 1677. Mais les contestations soulevées par la pièce et son retour à la piété le font rompre avec le monde du théâtre. La cour, de plus en plus dévote sous l'influence de Madame de Maintenon, accueille d'ailleurs avec moins d'enthousiasme les représentations. Racine embrasse alors une carrière officielle et glorieuse en devenant, avec Boileau, historiographe du roi. Il se réconcilie avec Port-Royal. Dix ans plus tard, Madame de Maintenon, qui s'occupe à Saint-Cyr d'une institution de jeunes filles et veut, tout en les instruisant, leur faire pratiquer le chant et le jeu théâtral, lui commande deux pièces d'inspiration sacrée. Avec ses deux tragédies bibliques, Esther en 1689 et Athalie en 1691, Racine réconcilie sa foi religieuse et son goût pour le théâtre, tout en donnant pleine satisfaction à l'épouse secrète de son roi. À sa mort, en 1699, il est inhumé à Port-Royal.

Même s'il a remporté un beau succès avec son unique comédie, Les Plaideurs, Racine demeure dans toutes les mémoires, avec son rival Corneille, le maître de la tragédie classique. Alors que l'auteur du Cid, aux écrits parfois teintés de baroque, fait généralement triompher l'honneur et le devoir, le protégé de Louis XIV, plus orthodoxe dans ses compositions qui respectent scrupuleusement les règles de l'alexandrin et des trois unités, montre davantage le ravage des passions sur les hommes, en proie à un destin auquel ils ne peuvent se soustraire. Britannicus n'échappe pas à la règle. Elle montre comment le jeune empereur Néron, qui veut s'affranchir du joug politique de sa mère Agrippine et conquérir la belle Junie aux dépens de son frère adoptif Britannicus, cède aux fureurs de la jalousie et de la tyrannie et fait empoisonner par Narcisse son rival.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Pour sa page culture, l'édition d'Antenne 2 midi du 11 novembre 1981 invite sur son plateau le célèbre metteur en scène Antoine Vitez, qui présente sa programmation au Théâtre National de Chaillot, dont il vient d'être nommé directeur après la victoire de la gauche aux présidentielles.

Après s'être surtout intéressé aux théâtres russe et grec, l'ancien professeur du Conservatoire s'est tourné vers les répertoires allemand et français, et en particulier vers Racine. En 1981, il monte Britannicus, dont le journal télévisé diffuse la fin de la scène 2 de l'acte IV. Alors que Britannicus a été arrêté, Agrippine tente d'intervenir auprès de Néron, dont elle a enfin obtenu un tête-à-tête. Dans cette mise en scène très épurée, Antoine Vitez met en valeur le langage des corps. Comme il le déclare dans un de ses entretiens, il « organise sur l'espace scénique le trajet du désir d'un personnage vers un autre personnage ; [il] organise l'espace de la jalousie. » Ici, la disgrâce d'Agrippine est signalée par sa position en bas du plateau et son déplacement heurté. L'étreinte suppliante qu'elle échange par la suite avec son fils suggère une relation aussi déséquilibrée que passionnée. Faisant écho au dépit jaloux qu'elle montre devant Albine à la scène 5 de l'acte II, Antoine Vitez suggère peut-être, au-delà de la lutte pour le pouvoir, l'amour presque incestueux d'Agrippine pour Néron.

Dans la brève interview qui suit l'extrait, le metteur en scène explique le point commun et la pertinence des trois pièces – le Faust de Goethe, Britannicus, et Tombeau pour cinq cent mille soldats d'après Pierre Guyotat – qu'il présente cette saison à Chaillot. Il s'agit de l'enfer : « l'enfer existe, il est parmi nous. »

On pourra comparer cette mise en scène avec l'adaptation réalisée en 1959 par Jean Kerchbron pour la télévision (voir ce document). Si les deux utilisent distances et gestes pour exprimer les rapports entre les personnages, la caméra de Kerchbron permet de construire un point de vue : en filmant à distance les personnages, elle donne l'impression qu'on les épie.

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