vidéo

Les Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas [extrait]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 déc. 1959

Adaptation des Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas par Claude Barma en 1959. L'extrait, qui correspond pour partie au chapitre VIII du roman, s'ouvre sur la visite de Bonacieux, qui surprend d'Artagnan et son valet, Planchet. L'épisode, en deux volets (le récit de l'enlèvement de Madame Bonacieux ; l'arrestation de son mari), en s'achevant sur le pacte des mousquetaires contre Richelieu, signe le début véritable de l'action.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
25 déc. 1959
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001563

Contexte historique

Par Johanna Pernot

Né en 1802, Alexandre Dumas père est, avec Eugène Sue, l'un des écrivains les plus connus de la littérature populaire. Pourtant, c'est d'abord avec ses drames romantiques inspirés par la lecture de Shakespeare qu'il acquiert, à moins de trente ans, la célébrité. Henri III et sa cour est, un an avant le Hernani d'Hugo, la première pièce romantique jamais représentée.

Grand amateur des romans historiques de Walter Scott, Dumas rêve également d'écrire pour un large public des œuvres où l'Histoire officielle et les destins individuels se mêlent, d'une façon vivante et pittoresque. Il reprend alors l'obscur roman d'Auguste Maquet, écrit à partir des mémoires de d'Artagnan, pour produire, entre 1844 et 1848, la fameuse trilogie : Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après, Le Comte de Bragelonne. Le succès de ces romans, que les journaux s'arrachent pour leur publication en feuilletons, le pousse à en proposer d'autres, en collaboration avec Maquet : Le Comte de Monte-Christo, La Reine Margot et La Dame de Monsoreau voient le jour en deux ans.

Cette activité prolifique fait la fortune de Dumas, qu'il dilapide avec une générosité incroyable. Il mène un train de vie fastueux, collectionne les maîtresses, fait des folies pour le plaisir du geste – il se fait même construire un château de Monte-Christo. Fortement endetté, il fuit Paris pour Bruxelles, où il écrit ses Mémoires. Il meurt en France en 1870, en laissant inachevé son Dictionnaire de cuisine, qui célèbre sa passion pour la gourmandise.

Les Trois Mousquetaires reste un roman emblématique de la littérature populaire, dont l'intrigue se noue le plus souvent dans le décor sombre et mystérieux des villes, entre des personnages archétypiques. Très longue en raison des publications en feuilletons, elle accumule les situations dramatiques et les rebondissements forts en émotions, mais finit presque toujours par le triomphe du Bien. Dumas, qui imagine une lutte secrète entre le cardinal de Richelieu et la reine Anne d'Autriche, innove en mêlant au roman populaire l'Histoire de France. À l'image de son créateur, le héros, fougueux et désintéressé, risque sa vie dans des aventures où il se jette avec panache. Secondé par ses amis Athos, Portos et Aramis, trois mousquetaires attachés au service de Louis XIII, d'Artagnan déjoue une première fois les plans machiavéliques du cardinal et sauve l'honneur de la reine, mais ne parvient pas ensuite à éviter l'assassinat de son amant, le duc de Buckingham, lors du siège de La Rochelle. À la fin du roman, d'Artagnan se réconcilie néanmoins avec le terrible cardinal, et devient lieutenant des mousquetaires.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Comme beaucoup de pionniers de la télévision, Claude Barma affectionne la réalisation en direct, qui privilégie l'événement. Ses tournages complexes, avec de multiples décors et caméras en studio, font de lui le réalisateur par excellence de l'école des Buttes-Chaumont. En 1959, son goût pour l'histoire et les romans de cape et d'épée le porte vers le mélodrame des Trois Mousquetaires, que Dumas a adapté pour la scène en collaboration avec Auguste Maquet. Tourné en direct, le spectacle, qui fait appel à de grands moyens (pas moins de huit caméras et deux studios), constitue une véritable performance. On découvre un débutant, Jean-Paul Belmondo, dans le rôle de d'Artagnan.

L'extrait, qui correspond pour partie au chapitre VIII du roman, s'ouvre sur la visite de Bonacieux, qui surprend d'Artagnan et son valet, Planchet (Robert Hirsch). L'épisode, en deux volets (le récit de l'enlèvement de Madame Bonacieux ; l'arrestation de son mari), en s'achevant sur le pacte des mousquetaires contre Richelieu, signe le début véritable de l'action.

Pendant toute la séquence qui se déroule dans l'intérieur modeste de d'Artagnan, la caméra, presque toujours fixe, sert avant tout le texte de Dumas en mettant en valeur les dialogues et les relations des personnages.

Ces derniers, qui incarnent des types, offrent le mélange des genres grotesque et sublime propre à l'esthétique romantique. Le valet et le bourgeois, que d'Artagnan après son départ traite d' « imbécile », inscrivent la scène dans le registre de la comédie. L'importance accordée aux détails triviaux et à l'argent caractérise les deux hommes. Planchet, qui fait mine d'astiquer avec sa chemise les meubles à l'arrivée de Bonacieux (Michel Galabru), qui intervient dans la conversation et gêne les deux interlocuteurs en se glissant, la mine boudeuse, entre eux, ou qui vient prendre la bourse du lâche Bonacieux, a tout du valet de la farce. En prévenant les mousquetaires de l'arrestation de Bonacieux, il occupe également une fonction dramatique.

S'ils sont bons vivants et aiment le vin, ces derniers, à l'inverse, sont nobles, généreux et passionnés, et incarnent de ce fait certaines valeurs des héros. Ils débordent d'énergie et de gaieté. Le lexique de la bravoure caractérise leurs paroles. Au moment où d'Artagnan leur livre la confidence qui les propulse définitivement dans l'aventure, le plan de semi-ensemble qui les réunit suggère également leur fraternité et leur complicité, que couronne le fameux « Un pour tous, tous pour un » de la fin.

Les dialogues, tout en alimentant le suspense, préparent l'action. Au début de la conversation entre d'Artagnan et Bonacieux, la caméra qui se resserre autour des deux personnages, les unissant dans un même plan, suggère leur alliance, mais également la confidentialité des propos. Bonacieux ne livre pas les informations directement, il laisse à d'Artagnan le soin de deviner, comme s'il ne voulait pas prononcer lui-même le nom de la reine, et crée ainsi le suspense. De même, l'exclamation des trois mousquetaires, qui répètent en chœur les mots de d'Artagnan « la reine ! », scande la scène et conduit à sa dramatisation.

La rapidité des décisions, les informations qui fusent, l'arrestation de Bonacieux, catalyseur de l'action – tous ces éléments permettent à Barma, sans adopter un point de vue tranché, de transcrire fidèlement le rythme haletant de l'œuvre de Dumas.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème