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Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand [extrait]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 déc. 1960

Adaptation de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand par Claude Barma en 1960. La tirade du nez.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
25 déc. 1960
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001564

Contexte historique

Par Johanna Pernot

Né en 1868 dans une famille bourgeoise, Edmond Rostand se tourne tôt vers le théâtre où il connaît surtout, à l'exception de sa comédie Les Romanesques, des demi-succès. Sa carrière est protégée par l'immense actrice Sarah Bernhardt, pour laquelle il écrit plusieurs pièces. Le succès éblouissant de Cyrano de Bergerac marque le tournant de sa carrière. Le 28 décembre 1897, la première au théâtre de la Porte Saint-Martin est un triomphe, qui vaut dès le dernier entracte la légion d'honneur à Rostand et le porte au rang de héros national. Deux ans plus tard, L'Aiglon, avec Sarah Bernhardt et Lucien Guitry, remporte un nouveau succès, mais en retrait de celui de Cyrano. Cette même année, la maladie pulmonaire de Rostand, déjà neurasthénique, se déclare. Le dramaturge s'installe alors dans les Pyrénées, à Cambo. Il est élu à l'Académie Française. Mais de plus en plus neurasthénique, il tombe dans une inactivité paradoxale : il embrasse tellement de projets à la fois qu'il n'en aboutit pas un seul. Obsédé par la perfection, Rostand ne parvient pas à mettre un point final à son Chantecler. Commencé en 1901, la pièce est enfin achevée et créée à la Porte Saint-Martin en 1910. Mais son attente est tellement grande qu'à la fin elle déçoit. Rostand cesse alors d'écrire pour le théâtre. Eloigné du front par sa santé, il manifeste sa solidarité avec les soldats français pendant la Première Guerre. Il meurt en 1918 à Paris de la grippe espagnole.

Cyrano de Bergerac, qui a connu plus de 400 représentations consécutives, est l'un des plus durables et universels triomphes du théâtre français. Cette pièce historique, qui tient à la fois du monde des précieux et des Trois Mousquetaires, est un drame en vers rédigé en cinq actes. Même si Rostand la qualifie de « comédie héroïque », les alexandrins disloqués, le mélange des genres et des registres, les nombreux personnages et décors l'inscrivent surtout dans la tradition du drame romantique tel que l'a théorisé Hugo. La pièce raconte l'abnégation et la générosité de Cyrano, qui, affecté d'un physique disgracieux, tait toute sa vie son amour pour sa cousine et se sacrifie pour Christian, l'amant heureux de Roxane, auquel il prête dans l'ombre sa plume et sa voix. S'il s'inspire d'un personnage réel du XVIIe siècle, Rostand fait du personnage de Cyrano un véritable mythe, que ses échecs et ses contradictions rendent particulièrement attachant. Timide et pudique en amour, formidable au combat, Cyrano ne récolte jamais la rançon de ses efforts et de sa gloire. Grotesque par son apparence, sublime par sa bravoure et son sens du dépassement, tant physique que moral, le personnage idéaliste est à certains égards l'héritier populaire des héros romantiques.

Incarné à la première par le célèbre Coquelin, alors âgé de 56 ans, le prestigieux rôle-titre a depuis lors été généralement confié à des hommes d'âge mûr (Pierre Santini, Francis Huster, Jean-Paul Belmondo ou encore Gérard Depardieu) au mépris de la réalité historique et du texte.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Claude Barma, l'un des pionniers de la télévision française, est, avec ses tournages complexes en direct et en studio, l'un des réalisateurs emblématiques de l'école des Buttes-Chaumont. Après avoir affirmé en 1959 son goût pour l'histoire et les romans de cape et d'épée avec l'adaptation des Trois Mousquetaires de Dumas (voir Les Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas), il poursuit l'année suivante avec Cyrano de Bergerac. De nouveau, le spectacle mobilise de grands moyens : une cinquantaine de comédiens et cent cinquante figurants, pour quatre studios équipés de cinq décors différents. Seuls les actes II, III et IV sont en direct, les deux autres sont filmés. L'acte premier, qui se déroule à l'occasion d'une représentation à l'Hôtel de Bourgogne, contient la fameuse tirade du nez. À la surprise générale, Cyrano (Daniel Sorano) vient d'interrompre le spectacle. Il fait l'éloge de son nez contre le vicomte de Valvert, qui vient de le provoquer.

La mise en scène, minimaliste, met en avant le discours et les gestes du héros, qui se fait déjà histrion avant la célèbre scène du balcon, où il joue pour Christian le rôle du séducteur (acte III, scène 10). Dans le décor de théâtre, Cyrano se substitue en effet au spectacle initial. Au début, alors que le vicomte se gausse, la caméra le montre de dos : cette posture suscite l'attente du spectateur, qui ignore encore l'effet de la provocation du vicomte et aimerait observer de plus près le fameux « promontoire. » Mais le duel, que signalent au début et à la fin de l'extrait les plans où Cyrano et le vicomte se font face, tourne court. À partir du moment où il se retourne et monopolise la parole, Cyrano éclipse en effet tous les autres : après les comédiens, c'est au tour du vicomte de se faire voler la vedette. La caméra, qui suit sans interruption tous ses mouvements, n'a d'yeux que pour lui, tout comme les spectateurs à l'arrière-plan. Avides de ce nouveau spectacle, ils demeurent immobiles ; même le vicomte écoute sans broncher. Leur fixité contraste avec l'agilité de Cyrano, qui, dans ce décor de théâtre, déploie ses talents de comédien et sa verve, dans un discours humoristique fondé sur l'hyperbole et l'accumulation. Il se déplace, à gauche et à droite, fait de l'esprit, sourit, tourne autour du vicomte et le nargue : finalement, c'est bien son nez le clou du spectacle !

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