vidéo -  Apostrophes

Tahar Ben Jelloun : La Nuit sacrée

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 16 nov. 1987

Bernard Pivot reçoit l'écrivain Tahar Ben Jelloun, lauréat du Prix Goncourt en 1987 pour son roman La Nuit sacrée.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Apostrophes
Date de diffusion du média :
16 nov. 1987
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001598

Contexte historique

Par Alexandra Von Bomhard

Tahar Ben Jelloun naît au Maroc en 1944. Il fait des études de philosophie, discipline qu'il enseigne par la suite. L'arabisation de la pédagogie en 1971 l'amène à s'installer en France, à Paris, où il poursuit des études de psychologie. En 1972, il est pigiste pour Le Monde, et publie ses premières oeuvres (Hommes sous linceul de silence, Les Cicatrices du soleil, Harrouda - récit émouvant où il parle de sa mère, ...). Le romancier est très sensible à ce qu'il appelle les «blessures», soient les souffrances qui atteignent les êtres les plus vulnérables de la société : femmes, enfants, mendiants. Son expérience de psychothérapeute nourrit par ailleurs son écriture comme dans La Réclusion solitaire qui paraît en 1976. En 1985, le roman L'Enfant de sable, marqué par l'influence des conteurs marocains, le rend célèbre. Il est suivi, deux ans plus tard, par La Nuit sacrée, qui lui vaut le Prix Goncourt. Tahar Ben Jelloun est aussi poète (notamment connu pour son recueil Les Amandiers sont morts de leurs blessures, 1976) et auteur d'ouvrages pédagogiques (Le Racisme expliqué à ma fille, L'Islam expliqué aux enfants...). Il ne cesse d'oeuvrer en faveur de la tolérance.

Publié en 1987, deux ans après L'Enfant de sable, le roman La Nuit sacrée est conçu comme une suite du précédent. Dans L'Enfant de sable, un conteur narrait l'histoire d'Ahmed, jeune fille marocaine que son père, humilié de ne pas avoir d'héritier mâle, avait fait passer pour un homme durant toute sa vie. Dans La Nuit sacrée, c'est Ahmed qui prend la parole, se faisant conteuse d'elle-même. Après la mort de son père, lors de la nuit sacrée (la 27ème nuit de ramadan, «la meilleure de toutes les nuits» selon le Coran), elle décide de fuir la maison parentale à la recherche de sa véritable identité. Mêlant imaginaire et réalisme, le roman offre une vision très rude de la société marocaine, dénonçant la misogynie généralisée, la mendicité et les crimes d'Etat.

Éclairage média

Par Alexandra Von Bomhard

Le programme 'Strophes est conçu comme un supplément d'Apostrophes, au cours duquel l'animateur se concentre sur un seul écrivain. La célèbre émission présentée par Bernard Pivot connut non seulement un succès indéniable en termes d'audience (2,5 à 5 millions de téléspectateurs se réunissaient chaque semaine autour du petit écran pour de véritables veillées littéraires). Elle eut aussi une influence décisive sur la vente des livres et la découverte de certains auteurs. Salon littéraire moderne, ce magazine répond aux exigences de démocratisation culturelle, dans la lignée de programmes antérieurs tels que Lectures pour tous, animé par Pierre Dumayet.

L'émission du 16 novembre 1987 est consacrée à Tahar Ben Jelloun et à son roman La Nuit sacrée. L'entretien, mené par un Bernard Pivot enthousiaste et convaincu, permet à l'écrivain marocain de revenir sur des notions qui lui sont chères : le métissage (le livre offre une véritable osmose entre la langue française et la culture arabe) et la tolérance. On note le savoir faire du présentateur qui amène le romancier à parler de son livre sans en déflorer l'intrigue. Ainsi Pivot propose-t-il des formules à la fois précises et synthétiques pour définir La Nuit sacrée («parabole sur l'aliénation de la femme», «roman de la tolérance»), permettant à Tahar Ben Jelloun de préciser ses intentions d'auteur. En véritable passeur, Bernard Pivot lit avec délectation des extraits du roman (c'est d'ailleurs une des recettes de son succès : l'exemplaire, marqué, corné, de l'animateur montre que celui-ci l'a vraiment lu). Quant à l'écrivain, il reconnaît que, derrière le voile de la fiction, s'exprime sa pensée personnelle : La Nuit sacrée est bien un plaidoyer pour la tolérance et le dialogue.

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