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Le pari nucléaire : 15 ans après

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 sept. 1984

15 ans après la décision de développer au maximum les centrales nucléaires en France, ce reportage fait un bilan d'étape très optimiste concernant la stratégie française.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 sept. 1984
Production :
INA
Page publiée le :
01 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001614

Contexte historique

Par Fatima RahmounProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris ) et

Par Sophie EdouardProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris )

Même si le reportage date le début du nucléaire français en 1973, la réalité est un peu différente car le pari nucléaire français date d'avant la première crise pétrolière. Depuis la découverte de la radioactivité par Becquerel, Pierre et Marie Curie puis celle de la radioactivité artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie, la recherche française a toujours été active en ce domaine. On peut se reporter au sujet Les nouvelles sources d'énergie de la France au milieu des années 1960 qui date du 15 décembre 1965 et où le choix du nucléaire est déjà clairement indiqué. La crise pétrolière a simplement accéléré l'implantation des centrales sur le territoire.

A la veille du premier choc pétrolier, le fioul est la première ressource énergétique utilisée en France. Il permet de produire la moitié de l'électricité.

Le 6 octobre 1973, Israël célèbre Yom Kippour. L'Égypte et la Syrie en profitent pour lancer une attaque militaire surprise. Il s'agit d'une revanche sur la guerre des Six Jours (juin 1967). Réunis le 16 octobre, les pays arabes membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) décident d'augmenter de 70 % le prix du baril de pétrole brut, de mettre en place une réduction mensuelle de 5 % de la production pétrolière et un embargo sur les livraisons de pétrole à destination des États-Unis et de l'Europe occidentale qui soutiennent Israël.

En 1974, suite au premier choc pétrolier, la France annonce la construction de 13 centrales nucléaires en deux ans.

L'année du reportage, deux réacteurs sont définitivement arrêtés et 6 sont mis en service. L'année précédente, cinq réacteurs ont été mis en service. En 1985, 6 réacteurs seront mis en service et 2 seront arrêtés. En 2014, 58 réacteurs sont en service, répartis sur 19 sites. Parmi ces 58 réacteurs, 28 étaient déjà en service en 1984.

Fin 1984, au moment du reportage, le problème de la sûreté nucléaire n'est pas encore présent dans les esprits, on peut pourtant citer en 1979, l'accident nucléaire de Three Miles Island, aux États-Unis, où se produit une fusion partielle du cœur du réacteur qui est classé au niveau 5. La France n'est pas non plus épargnée avec, un an plus tard, l'accident de la centrale nucléaire de Saint-Laurent qui est classé au niveau 4. Mais les catastrophes nucléaires de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011, toutes les deux classées au niveau 7 vont changer durablement cet état d'esprit.

Éclairage média

Par Fatima RahmounProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris ) et

Par Sophie EdouardProfesseure de physique-chimie de l'académie de Paris )

Le lancement plateau de Christine Ockrent plante le décor. En quelques mots, nous comprenons que la conclusion du reportage sera positive. Derrière la journaliste, 4 réfrigérants sont visibles. Ce qu'on peut observer sortant de ces « grandes cheminées » est du brouillard donc de l'eau liquide en suspension dans l'air. La campagne semble paisible malgré les grandes cheminées.

Les premières images du reportage voient se succéder des installations de production d'électricité jusqu'à arriver à une centrale nucléaire. Quand le journaliste parle du « tournant nucléaire », la caméra zoome sur les réfrigérants. Puis, c'est l'apparition d'une carte de France et de petits points figurant les sites nucléaires. Quand le journaliste utilise le terme « tranches », il s'agit en fait des réacteurs nucléaires. Sur un même site, il peut y avoir plusieurs réacteurs, donc plusieurs tranches. Cela explique le fait que le journaliste parle de 21 sites mais d'une trentaine de tranches. Pendant le commentaire du journaliste sur la quantité de sites nucléaires en France, des images arrêtées d'éléments électriques se succèdent. Cela donne une drôle d'impression et on ne voit pas bien où va le reportage.

Jean-Michel Fauve, de la direction générale d'EDF en 1984, explique que « le tout nucléaire » était un slogan et que ce ne semble pas être la solution miracle. Il est étonnant que cette vision du nucléaire ne soit pas relatée dans le reportage La fin du tout nucléaire ? qui sera tourné 14 ans plus tard. Le ton est d'ailleurs bien différent dans ce reportage. Le chiffre avancé sur la production d'électricité via le nucléaire est assez cohérent avec les données dont nous disposons aujourd'hui. Une grande différence aussi avec le reportage de 1998...

Le journaliste continue à présenter des chiffres et on se rend compte que la France est passée de statut de « dépendant énergétique » à « exportateur d'électricité ». Le reportage se terminera sur des gros plans de conduits dans une centrale. Etrange mise en scène. Un drôle de bruit de fond, un peu déroutant, nous accompagne pendant tout le reportage, sauf lors de l'intervention de Jean-Michel Fauve.

La conclusion du reportage laisse songeur... « Sans réel problème », le reportage semble volontairement occulter un certain nombre de points concernant la production d'électricité via le nucléaire. Si le reportage de 1998 (voir le sujet La fin du tout nucléaire ?) était bien trop à charge malgré ses oublis et son côté burlesque, celui-ci semble bien trop ménager le nucléaire. Il s'agit d'utiliser la pensée positive ici et de faire oublier les quelques accidents qui ont déjà eu lieu. La catastrophe de Tchernobyl ne se produira, elle, que 2 ans après le tournage de ce reportage.

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