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Émeutes urbaines en Grande-Bretagne

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 août 2011

Pendant cinq jours à l’été 2011, à la suite de la mort d’un jeune Noir tué par la police alors qu’il tentait de s’enfuir, les quartiers populaires des grandes villes anglaises ont été secoués par des émeutes. Criminalité, émeutes raciales ou révolte sociale ? Le reportage tente d’expliquer les causes de cette flambée de violence.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
09 août 2011
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
09 janv. 2024
Référence :
00000001659

Contexte historique

Par Claude Robinot

Tout commence le 4 août 2011, par la mort de Mark Duggan, jeune Antillais de 29 ans tué par au cours d’une fusillade avec la police à Tottenham, un quartier du nord de Londres. Les autorités le présentent comme un dealer, membre d’un gang violent. Sa famille et ses amis décrivent Mark comme un père de famille attentif, victime des tirs policiers alors qu’il cherchait à fuir les violences.

Le 6 août, une manifestation se déroule devant le commissariat de ce quartier populaire et multiethnique pour réclamer des éclaircissements sur la mort du jeune homme. La manifestation tourne à l’émeute : des véhicules et des bâtiments sont incendiés, on dénombre 30 blessés et 40 arrestations. Dans les jours qui suivent les troubles s’étendent à d’autres quartiers de Londres (Croydon, Clapham, Camden…)  ainsi que dans des villes de province (Liverpool, Birmingham, Bristol…).

Cette flambée de violence devient une affaire politique, le premier ministre doit venir s’expliquer au Parlement après avoir interrompu ses vacances. Plus de  16 000 policiers seront mobilisés dans la nuit du 9 au 10 août. Les forces de l’ordre procèdent à 1 800 interpellations, dont ¼ de mineurs. Le premier ministre met en place une commission d’enquête chargée d’élucider les causes des  violences.

Les médias de leur côté  cherchent des explications. Ce n’est pas la première fois que l’Angleterre doit faire face à des violences urbaines, déjà en 1981, le quartier londonien de Brixton s’était enflammé contre la politique de Margaret Thatcher ; on avait parlé alors d’émeutes raciales dans un quartier multiethnique. D’autres analystes font le rapprochement avec les émeutes des ghettos américains ou celles des banlieues françaises en 2005. Il est vrai que dans presque tous les cas l’élément déclencheur est la mort d’un jeune dans une confrontation avec la police dans un quartier où les rapports avec les forces de l’ordre sont conflictuels. La presse, en général conservatrice, à tendance à expliquer la révolte par le désir des émeutiers d’interdire aux autorités  un territoire sur lequel se déroulent des activités délictueuses. Les troubles sont aussi, pour certains, l’occasion de s’en prendre aux biens et de piller.

Une autre tendance, dans des médias plus progressistes, consiste à invoquer une série de facteurs politiques, économiques, sociaux et raciaux. A l’appui de leur thèse, ils dénoncent les coupes budgétaires et la suppression des programmes sociaux décidés par le gouvernement conservateur de David Cameron au pouvoir depuis un an. Il est exact que ces mesures ont durement touché les jeunes des quartiers multiethniques comme Tottenham, où le chômage est au-dessus de la moyenne nationale et les revenus plus faibles. Le fossé entre riches et pauvres s’est accru.

Pour bon nombre de sociologues, la lecture politique et économique n’est pas suffisante. Ils font remarquer qu’aucun slogan, aucune revendication politique n’a émergé pendant les violences, contrairement à l’accès de colère des étudiants qui avaient mis le feu au siège du parti conservateur en 2010, après l’explosion des frais d’inscription universitaires. De même les lectures ethniques et criminelles qui imputent les émeutes à l’échec du multiculturalisme ou aux trafics n’épuisent pas le sujet.

Les scientifiques qui observent ses phénomènes dénoncent l’explication des violences par une série d’arguments « tous faits » appliqués  sur toutes les situations. Ils demandent que chaque événement soit étudié dans son contexte particulier, pour apporter des solutions plus adaptées.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Lors du lancement du reportage pour le journal télévisé de 20 heures, Marie Drucker passe très vite sur les origines des émeutes urbaines britanniques, en rappelant pour mémoire la mort d’un jeune antillais cinq jours plus tôt. La journaliste  préfère évoquer la dégradation des conditions économiques comme explication du « malaise d’une certaine jeunesse ». Elle souligne l’absence de revendications politiques. Cette introduction est là pour justifier le choix fait par la rédaction de présenter un reportage qui insiste plus sur l’ambiance générale du pays que sur le récit des événements violents.

Les images ont été tournées à Croydon, une « ville dortoir » de la périphérie sud de Londres. Les commerçants des quartiers populaires barricadent leurs devantures en prévision des émeutes qui se sont étendues dans toute l’agglomération. Le journaliste tente une comparaison avec les banlieues françaises, si différentes dans leur aspect physique. Il s’emploie ensuite, à l’aide de deux témoignages à déconstruire « un modèle anglais » attractif par sa mixité ethnique et la facilité à trouver des emplois. Le premier témoin parle de ghetto et le second dénonce un chômage persistant. Bref tout concourt à une remise en cause d’un « eldorado britannique » qui ferait rêver les Français candidats à l’expatriation.

La deuxième partie du sujet montre des scènes classiques de violences urbaines et propose deux témoignages d’habitants d’Hackney, une banlieue nord, proche des récentes installations olympiques. Le premier stigmatise le manque d’espoir et de perspectives pour les jeunes dans un pays où les études universitaires sont payantes avec des tarifs très élevés. La deuxième dénonce les coupes budgétaires qui touchent prioritairement les programmes sociaux. Les deux témoins s’accordent pour rendre responsable de la situation le gouvernement de David Cameron. Même si le mouvement n’a pas pris directement une forme politique, le rejet des mesures prises par les conservateurs semble unanime.

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