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Les "indignés" de Wall Street

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 oct. 2011

Le mouvement « occupied wall street » qui ne rassemblait que quelques protestataires campant dans un parc de Manhattan prend de l’ampleur. Il reçoit le soutien des syndicalistes et de la population de New-York. Une gigantesque manifestation a lieu dans le centre de la ville et recueille beaucoup d’échos favorables dans le reste du pays.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
06 oct. 2011
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001661

Contexte historique

Par Claude Robinot

La crise financière de 2008 a eu un écho mondial. Dans les pays développés du monde capitaliste touchés, une partie de la jeunesse éduquée victime de la crise s’est révoltée contre la financiarisation de l’économie en organisant des mouvements de contestation.

Le premier d’entre eux est parti de Madrid le 15 mai 2011, où des  centaines de milliers de jeunes ont manifesté puis occupé la « Puerta Del Sol » dans un gigantesque campement. Ils se sont choisi le nom « d’indignés » d’après le titre du livre de Stéphane Hessel Indignez-vous. Le mouvement s’étend ensuite aux grandes capitales européennes comme Paris ou Londres et Bruxelles. Ses particularités sont la non-violence et l’utilisation des réseaux sociaux pour s’informer et se mobiliser. Les activistes des « printemps arabes » qui sont proches des indignés s’inspirent aussi de ce mode de fonctionnement.

La vague de contestation finit aussi par toucher les Etats-Unis, à travers la jeunesse  éduquée qui s’est fortement endettée pour suivre des études universitaires. D’après David Graeber, l’un des initiateurs de OWS (Occupied Wall Street), les jeunes sont relégués à une vie d’humiliation permanente alors qu’ils ont joué selon les règles, en regardant les financiers déréglementer complètement le jeu, détruire l’économie mondiale par une spéculation débridée, se faire sauver par une intervention rapide et massive des gouvernements, puis en ressortir encore plus puissants et respectés qu’avant. Un slogan résume cette situation paradoxale : Nous sommes les 99 % contre la rapacité du 1% restant.

L’idée d’un « sit-in » et d’une occupation symbolique de Wall Street naît dans une revue de militants canadiens opposés à la publicité, Adbusters. Elle est ensuite relayée dans les médias sociaux par les activistes d’ « Anonymous » un groupe présent sur internet, héritier des lanceurs d’alerte.

Le 17 septembre, le nombre de manifestants est encore modeste, pas plus de 1000 personnes, mais une partie d’entre eux installent des tentes dans le « Zuccoti park » à proximité  de la bourse (NYSE). Le maire de New-York, Michael Bloomberg, qui est propriétaire d’une chaîne d’informations boursières, ne peut tolérer cette situation. Sur sa demande la police de la ville va essayer par tous les moyens de démanteler le village de tentes et de disperser les manifestations. Pour cela ils s’appuient sur la loi américaine qui autorise les manifestations à condition qu’elles n’entravent pas la circulation. Les républicains et plus particulièrement le Tea Party leur sont résolument hostiles. Les démocrates manifestent en paroles une certaine sympathie à commencer par le président Obama qui déclare comprendre la frustration de la jeunesse.

Le mouvement prend de l’ampleur avec le soutien des syndicats de travailleurs qui rejoignent OWS. Dans plus d’une centaine de villes américaines des mouvements clones s’installent : Occupy Boston, Chicago, Atlanta… Le 15 octobre 2011, la journée  de manifestation est étendue au reste du monde. A Londres des tentes s’installent dans la city, devant la cathédrale Saint-Paul.

A New-York, le mouvement est brusquement interrompu par l’intervention des forces de l’ordre. Le maire obtient un jugement condamnant l’occupation de Zuccoti Park pour des raisons de santé et de salubrité publiques. Les troupes d’élite de la police interviennent dans la nuit du 14 au 15 novembre 2011. Ils expulsent sans ménagement les manifestants et procèdent à 200 arrestations. Deux jours plus tard c’est la fin officielle d’OWS.

En fait l’action se poursuit sous d’autres formes, un site internet informe de toutes les actions en cours et diffuse à travers le monde  les leçons de cette nouvelle forme de contestation.

Éclairage média

Par Claude Robinot

La  journaliste Elise Lucet, dans la phrase de lancement du sujet, utilise le poncif  habituel pour décrire un mouvement syndical : elle  parle de « grogne contre les banquiers ». De la même façon, Wall Street est présenté par le cliché du « temple du capitalisme ». Toutefois la journaliste attire l’attention sur le caractère exceptionnel de cette action de protestation, puisque dans la capitale économique des Etats-Unis il est peu fréquent que l’on remette en cause une activité vitale pour la ville et l’économie du monde. L’explication tient à  deux phénomènes nouveaux : l’ampleur de la colère d’une partie des Américains contre les institutions financières responsables de la crise et l’inspiration du mouvement des « indignés » venu d’Europe.

Les images sont intéressantes car elles montrent la rencontre de deux formes d’action revendicative, pour une fois unies contre une même cible : le pouvoir de Wall Street. Dans le parc en face de la bourse, de jeunes étudiants campent sur la place, comme à Madrid, Londres ou Paris. Ils se sont appuyés sur les médias sociaux pour se mobiliser. Leur slogan #occupywallst, très présent sur les pancartes reprend les codes de twitter. L’informaticien interviewé est en train de peindre une pancarte pour inviter à un atelier de réflexion. L’autre contingent de manifestants est apporté par les syndicats de travailleurs. Le commentaire souligne le caractère inhabituel de la rencontre des étudiants et des ouvriers qui donne toute la puissance au mouvement.

On remarquera aussi les effets de la loi américaine qui autorise les manifestations à condition qu’elles n’entravent pas la liberté de circulation et qu’elles ne bloquent pas les accès aux lieux publics. Les grandes banderoles familières aux défilés européens sont ici remplacées par des pancartes individuelles couvertes de slogans. La présence des syndicats de travailleurs est visible grâce aux pancartes imprimées distribuées à leurs adhérents (l’une d’elle est tenue par le syndicat des infirmières). Une jeune femme se réjouit non seulement de l’ampleur de la manifestation mais aussi de sa mixité sociale, ethnique et générationnelle. Toutes les couches de la société semblent réunies. Il faut toutefois rester prudent, le reportage ne montre pas l’hostilité des professionnels de la bourse et des marchés financiers qui n’ont aucune sympathie pour les protestataires. Le maire de New-York, lui-même très investi dans la finance, fera déloger sans ménagement les occupants de « liberty square » de nuit, loin des caméras.

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