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Politique et désindustrialiation

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 févr. 2012

Photowatt, Petroplus, ArcelorMittal ou Lejaby… autant d’entreprises menacées qui se sont retrouvées au cœur de la campagne présidentielle de 2012.Chacun, à gauche comme à droite, se pose en défenseur de l’emploi. Mais les politiques ont-ils réellement des leviers pour lutter contre la désindustrialisation ?

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
27 févr. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001664

Contexte historique

Par Claude Robinot

La désindustrialisation est un phénomène qui s’inscrit dans la durée, elle commence en fait dès la fin des trente glorieuses par la disparition progressive des secteurs d’industrie traditionnelles  sur lesquels avait été bâti un siècle de croissance. L’opinion publique n’en prend conscience à l’aube des années 80, alertée par la persistance d’un chômage de masse combiné à un faible taux de croissance.

Si l’on mesure le phénomène, on constate que de 1975 à 2009, la France a perdu 2,5 millions d’emplois industriels, soit plus d’un tiers du total. Ce déclin de l’emploi industriel s’accompagne d’une  régression de la part du secteur secondaire dans la formation du PIB de 35 % en 1970, à 14 % en 2008. Dernière tendance marquée, la dégradation continue du solde commercial, de positif dans la décennie 1990, il est devenu durablement négatif depuis 2004. Tous les économistes constatent que la performance française est inférieure à celle de ses voisins à cause d’une perte de compétitivité. 

La part de la France dans les échanges mondiaux était de 6 % en 1995, elle est tombée à 4 % en 2011.

Jusqu’à présent, les causes traditionnellement avancées  pour expliquer la désindustrialisation reposaient sur trois facteurs : le transfert des emplois industriels vers les emplois de service, les gains de productivité dus aux investissements et au management, la concurrence des pays à bas coût de main-d’œuvre. 

Cette évolution n’était pas jugée inquiétante dans la mesure où elle était la règle pour tous les pays développés. On parlait alors de transition vers une économie de services, plus moderne, avec une division internationale du travail plus rationnelle. Les seuls problèmes qui se posaient étaient ceux de la formation des travailleurs afin de faciliter leur transition vers une économie post-industrielle.

La crise financière de 2007-2008 a jeté une autre lumière sur l’état de l’industrie française qui continue de se dégrader : perte de 89 000 emplois entre le 1er octobre 2009 et le 1er octobre 2010.  Il devient urgent d’inverser une tendance continue et mortifère.

En 2010, le gouvernement français lance un grand emprunt de 35 milliards d’euros consacrés à la formation, la recherche, les PME, l’industrie numérique et le développement durable. Une banque publique « Oséo » est créée pour financer les projets innovants.

Les autres  problèmes à résoudre sont celui de la compétitivité et de la réorganisation du tissu industriel.Si la France dispose comme l’Allemagne d’un peu plus de 200 entreprises de plus de 5000 salariés, elle a deux fois moins de sociétés de taille intermédiaires (de 250 à 5000 salariés). Cette carence expliquerait le manque de dynamisme et de cohérence industriels.

Pour y remédier, les mesures fiscales ou réglementaires proposées (allégement des charges, TVA sociale…) font l’objet de vives polémiques entre la gauche et la droite, en vue des élections présidentielles de 2012. La désindustrialisation est devenue un enjeu politique entre les deux camps. L’opinion publique est prise à témoin à chaque fois qu’une entreprise est menacée par un dépôt de bilan ou une délocalisation de ses activités. Nicolas Sarkozy et François Hollande se rendent sur le terrain pour promettre de sauvegarder l’emploi. Des économistes libéraux critiquent cette démarche volontariste ; pour eux, investir de l’argent public dans des entreprises non rentables est inutile. Le rôle de l’Etat devrait se restreindre à financer une politique industrielle innovante.

Éclairage média

Par Claude Robinot

La journaliste Carole Gaessler introduit le sujet et son actualité par l’énumération de toutes les entreprises menacées de disparition (Photowatt, Pétroplus, Arcelor, Lejaby…); des noms qui deviennent familiers et posent la question de la marge de manœuvre des politiques. Période électorale oblige, la journaliste se doit d’accorder une place égale aux deux candidats qui apparaissent dans le décor du studio. François Hollande est entouré de sidérurgistes, Nicolas Sarkozy est face aux journalistes dans le studio de RTL. Le reportage commence avec le cas de la fermeture de l’usine de tissage Albany en Haute-Vienne. Tous les marqueurs de la désindustrialisation sont visibles à l’image. Des palettes qui brûlent pour réchauffer un piquet de grève devant la porte de l’usine, un fanion syndical et la dénonciation du fond de pension américain, qui a pris la décision de délocalisation. L’usine qui appartient au secteur textile particulièrement menacé par la concurrence des bas salaires étrangers et les stratégies industrielles des groupes financiers. 

Vient ensuite l’opposition droite-gauche sur la question industrielle dans le cadre de la campagne des présidentielles de 2012. François Hollande s’est rendu à Florange dans la Lorraine sidérurgique où l’aciérie est menacée de fermeture par le groupe Arcelor-Mittal. Le candidat socialiste promet un dispositif législatif pour obliger le propriétaire à trouver une solution de reprise du site. Il est soutenu par Olivier Ferrand, responsable d’un « Think-tank », groupe d’experts chargés de conseiller le candidat de gauche. La présence de François Hollande au milieu des sidérurgistes s’explique aussi par l’échec de son rival Nicolas Sarkozy qui, en 2009, n’avait pu maintenir l’activité industrielle à Gandrange.

Nicolas Sarkozy n’est pas en reste sur le front de la désindustrialisation, le président sortant promet des investissements publics. Il se rend sur les sites industriels, avec un puissant écho médiatique, pour présenter des solutions de sauvetage comme à Lejaby où il fait intervenir des amis industriels.

Ces actions volontaristes n’enrayent pas la tendance comme le montre l’infographie qui suit. Ce qui est confirmé en d’autres termes par l’expert de la Coe-Rexecode, un institut d’étude économique et de conjoncture qui travaille pour les entreprises et pour les services publics. La campagne pour l’élection présidentielle impose une autre approche, la réalisation de coups médiatiques et spectaculaires en direction de l’opinion.

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