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Aung San Suu Kyi élue députée en Birmanie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 avr. 2012

Après cinquante ans de dictature militaire, les généraux birmans ont cédé aux exigences de la communauté internationale en libérant Aung San Suu Kyi, prix nobel de la paix et en organisant des élections démocratiques. Le parti de « la dame de Rangoon » est en passe de remporter cette première phase des élections, soulevant un immense espoir dans le pays.

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
02 avr. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001667

Contexte historique

Par Claude Robinot

La Birmanie, ancienne colonie britannique, accède à l’indépendance en 1948 dans des conditions tragiques. Le général Aung San, artisan de l’émancipation et père d’Aung San Suu Kyi, a été assassiné peu de temps avant le départ des colonisateurs. Le pays peuplé des nombreuses minorités est régulièrement secoué par des révoltes séparatistes dont l’armée, garante de l’unité nationale, essaye de venir à bout. En 1962, le général Ne Win prend le pouvoir et met fin à la démocratie parlementaire. Il instaure un régime autoritaire et répressif avec un parti unique teinté d’idéologie marxiste. Ne Win prétend rechercher une voie socialiste birmane qui cache un pillage organisé des ressources naturelles du pays au profit de l’armée et d’entrepreneurs corrompus.

En 1988, une révolte populaire, réprimée sans ménagement (3000 morts) provoque la chute de Ne Win et son remplacement par une junte militaire. Des élections ont lieu en 1990, elles sont remportées très largement par la « ligue Nationale pour la démocratie »  dont la présidente, Aung San Suu Kyi a été placée  en résidence surveillée par la junte. Les élections sont annulées  et la « Dame de Rangoon » devient le symbole de la résistance à l’arbitraire. En  1991, elle reçoit le prix Nobel de la paix (elle ne viendra officiellement le chercher à Oslo qu’en juin 2012).

La communauté internationale et l’ONU entretiennent avec le régime birman des relations ambigües. Des sanctions économiques sont prises à l’encontre de la junte, elles contribuent à dégrader l’économie mais elles n’empêchent pas les multinationales, comme Total, d’exploiter les ressources birmanes. Sans parler de la Chine ou de la Thaïlande qui entretiennent de solides relations commerciales avec les Birmans. L’armée, forte de 400 000 hommes, bénéficie de la contrebande des matières premières et du travail forcé qui ne sera remis en cause qu’en 2007.

Cette année-là, un vaste mouvement de protestation touche Rangoon et l’ensemble du pays. Les moines bouddhistes organisent d’immenses défilés pacifiques dans la capitale pour protester contre les conditions de vie et la hausse des prix. Le mouvement, très populaire, dépasse les frontières, la presse internationale parle de « Révolution Safran » en raison de la couleur des tuniques des moines. L’armée, comme à son habitude, réprime, procède à des arrestations et poursuit les religieux jusque dans les monastères. L’année suivante, le cyclone Nargis cause plus  de 100 000 victimes. Cette catastrophe met en relief l’incompétence de la Junte corrompue, incapable de gérer un tel événement. L’homme fort du régime, le général Thein Sein, prend conscience des faiblesses du régime militaire et lance un processus de réformes. En 2008, une constitution est enfin adoptée pour conduire la Birmanie vers « une démocratie disciplinée » selon la terminologie officielle. En novembre 2010, des élections législatives sous contrôle, donnent une large majorité aux candidats du régime. Quelques jours plus tard, Aung San Suu Kyi retrouve sa liberté de mouvement et le gouvernement engage un processus de réconciliation avec l’opposition. En mars 2011, Thien Sein dissous la junte militaire et se fait élire président de la république. D’autres mesures d’apaisement sont prises, libération de 2000 prisonniers politiques, ouverture en direction des minorités ethniques révoltées, libéralisation de la censure.  En avril 2012, le LND de Aung San Suu Kyi remporte 43 sièges  à la faveur d’élections partielles. Après avoir hésité, l’opposante de toujours accepte le compromis avec les anciens militaires de la junte en prêtant serment sur la constitution qui accorde de larges pouvoirs à Thien Sien.

La Birmanie, longtemps tenue à l’écart par la communauté internationale devient à nouveau, pour un temps, un pays fréquentable dans lequel on peut investir (6 milliards de dollars en 2012)  et faire des affaires.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Elise Lucet, qui présente l’édition de la mi-journée du journal télévisé, résume dans une phrase la situation politique de la Birmanie, un pays fermé, peu familier du grand public. On connaît surtout ce pays asiatique à travers le personnage d’Aung San Suu Kyi, symbole de la résistance à la dictature. C’est une figure médiatique séduisante, d’une grande élégance, surnommée par la presse « la dame de Rangoon ». Son combat récompensé par le prix Nobel de la paix, l’a rendue populaire au point que Luc Besson a  réalisé The Lady, un film qui raconte son parcours. Cette fille d’un ancien général, marié à un britannique, fait aussi l’objet d’une large dévotion dans la population birmane, comme le montrent les images de ses partisans venus l’acclamer. La présence permanente de ces derniers autour de la  propriété où elle était retenue, a toujours empêché l’armée de commettre un mauvais geste. Elle est à la fois chef de parti (LND) mais aussi figure charismatique, toujours vêtue d’une tenue traditionnelle et d’une fleur dans les cheveux. Elle est en quelque sorte une icône, comme l’étaient Nelson Mandela ou Yasser Arafat.

Les images tournées dans les rues de Rangoon, la plus grande ville du pays que le pouvoir militaire avait quitté pour choisir une autre capitale dans le centre du pays (Naypyidaw) montrent la forte présence dans la rue des militaires et des moines bouddhistes. Les monastères et les pagodes sont largement ouverts au public qui peut choisir de partager la vie monacale pour une période plus ou moins longue. Des images tournées pendant la « révolution safran » indique le rôle que mes moines ont pu jouer en se faisant les porte-paroles de la volonté de démocratisation. Dans son action politique Aung San Suu Kyi s’inspire de la trajectoire de Nelson Mandela en cherchant un compromis avec le pouvoir en place qui a aussi manifesté son désir de trouver un équilibre.

Personnalités

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