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Deux présidents de la République aux cérémonies commémoratives du 8 mai 1945

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 mai 2012

Le 8 mai 2012, le président de la République sortant Nicolas Sarkozy et son successeur, élu deux jours avant, François Hollande participent ensemble aux cérémonies commémoratives du 67ème anniversaire du 8 mai 1945 place de l'Étoile. François Hollande et plusieurs personnalités politiques (Valérie Pécresse, François Baroin et Lionel Jospin) s'expriment sur le caractère inédit de cette célébration.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 mai 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001671

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 6 mai 2012, François Hollande est élu président de la République au second tour avec 51,64 % des suffrages exprimés contre 48,36 % au président sortant Nicolas Sarkozy. Deux jours après, les cérémonies commémorant le 67ème anniversaire de la victoire du 8 mai 1945 sur l'Allemagne nazie doivent avoir lieu place de l'Étoile. Président en exercice jusqu'à la passation de pouvoirs prévue le 15 mai 2012, Nicolas Sarkozy propose à son successeur d'y participer à ses côtés.

La présence de deux présidents de la République, le sortant et le nouvel élu, à la commémoration de la capitulation allemande n'est pas complètement inédite. Le 8 mai 1995, le lendemain même de son élection, Jacques Chirac y avait ainsi pris part aux côtés de François Mitterrand. Cependant, ce dernier quittait alors l'Élysée au terme de deux septennats et n'avait pas pris part au scrutin présidentiel. À l'inverse, en 2012, Nicolas Sarkozy s'était représenté. Aussi, en conviant François Hollande à la cérémonie du 8 mai 1945, c'est son vainqueur qu'il invite. La décision de Nicolas Sarkozy surprend d'autant plus qu'en 2007 il avait annoncé avant même le second tour de l'élection présidentielle qu'il n'assisterait pas aux cérémonies du 8 mai s'il était élu : il ne souhaitait pas « donner l'impression d'une République à deux têtes » jusqu'à la passation de pouvoirs avec Jacques Chirac.

Les cérémonies du 67ème anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie le 8 mai 2012 présentent donc un caractère éminemment symbolique puisqu'elles associent le président de la République sortant Nicolas Sarkozy et son successeur élu deux jours auparavant, François Hollande. Elles offrent l'image d'une union nationale et républicaine qui contraste fortement avec la campagne présidentielle. Les deux hommes s'étaient notamment vivement affrontés du débat télévisé de l'entre-deux-tours, le 2 mai 2012. Six jours après, ils déposent pourtant ensemble une gerbe de fleurs sur la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe. Adoptant la même posture droite avec les bras le long du corps, ils écoutent ensuite côte à côte la Sonnerie aux morts puis La Marseillaise et Le Chant des partisans chantés a capella par le chœur des armées. Ils signent également tous les deux le livre d'or. Interrogé à l'issue de cette cérémonie réunissant deux présidents de la République, François Hollande parle d'une « image du rassemblement qui devait se faire ». Il n'est toutefois investi président de la République de la Ve République qu'une semaine plus tard, le 15 mai 2012, à l'issue de la passation de pouvoirs avec Nicolas Sarkozy au palais de l'Élysée.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage, qui fait l'ouverture du journal télévisé de 20 heures de France 2 le 8 mai 2012, propose un résumé des cérémonies commémoratives du 67ème anniversaire du 8 mai 1945 qui ont eu lieu le matin même, place de l'Étoile, à Paris. Il met en avant le caractère exceptionnel de cette cérémonie qui a réuni deux présidents de la République, le sortant Nicolas Sarkozy et son successeur François Hollande, élu deux jours auparavant. Cette association entre le président en exercice et le nouvel élu ne s'était en effet produite qu'à une seule reprise sous la Ve République, le 8 mai 1995, avec François Mitterrand et Jacques Chirac. Le journaliste Franck Genauzeau qualifie d'ailleurs la présence de deux présidents aux cérémonies commémoratives du 8 mai « d'instants inédits sous la Ve République ».

Le reportage multiplie les plans de Nicolas Sarkozy et François Hollande ensemble afin de souligner la dimension historique de cette cérémonie. Il s'ouvre ainsi sur un plan des deux présidents côte à côte devant la tombe du Soldat inconnu. Cette double présence présidentielle est renforcée par le mimétisme des deux hommes : ils adoptent le même air grave et la même posture droite, les bras le long du corps. De manière symbolique, ils déposent ensemble une gerbe de fleurs au pied de la tombe du Soldat inconnu. Ils saluent également tous deux les anciens combattants présents et signent le livre d'or.

Ce sujet place ces moments sous le signe de l'union nationale. Les commentaires sont particulièrement emphatiques : Franck Genauzeau parle d'« une image forte, celle d'une République une et indivisible », tandis que dans son lancement le présentateur du journal télévisé David Pujadas estime que « l'histoire est plus forte que la bataille politique ». De fait, ce qui frappe unanimement journalistes et hommes politiques, c'est la trêve républicaine conclue par Nicolas Sarkozy et François Hollande après qu'ils se soient pourtant durement affrontés pendant la campagne présidentielle. Les deux anciens adversaires échangent notamment quelques mots et sourires après la cérémonie, alors qu'ils avaient été parfois jusqu'à s'invectiver lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours. La trêve gagne même les camps de leurs partisans. En témoignent les poignées de main chaleureuses échangées par François Hollande avec des ministres du gouvernement Fillon ou la discussion entre le ministre de l'Économie et des Finances François Baroin et l'ancien Premier ministre Lionel Jospin. Interrogés à l'issue de la cérémonie, Valérie Pécresse, ministre du Budget, François Baroin et Lionel Jospin font précisément l'éloge de ces moments d'union nationale.

Pourtant, si la cérémonie se déroule en présence de deux présidents de la République, c'est bien le sortant, encore en fonction jusqu'à la passation de pouvoirs du 15 mai 2012, qui en demeure le maître d'œuvre. Nicolas Sarkozy précède ainsi systématiquement François Hollande qui se contente de le suivre. C'est lui qui salue en premier les anciens combattants et signe le livre d'or. De même, sa voiture est placée en tête du cortège qui redescend les Champs-Élysées après la cérémonie. Nicolas Sarkozy ne se contente pas de précéder François Hollande mais en habitué du protocole il le guide dans les différentes étapes de la cérémonie. Il invite par exemple le nouvel élu à le suivre devant la tombe du Soldat inconnu, de même qu'il lui indique par un geste de la main le moment où il faut porter la couronne de fleurs. Président encore en exercice, Nicolas Sarkozy accomplit certaines tâches seul, telles que le ravivage de la flamme. La différence statutaire entre les deux présidents est rendue particulièrement visible par un gros plan sur la page du livre d'or qu'ils ont paraphé : François Hollande a signé sous ses seuls prénom et nom, tandis que Nicolas Sarkozy l'a fait sous le titre de « Son excellence Monsieur Nicolas Sarkozy Président de la République française ».

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