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Mohamed Morsi, un frère musulman élu président en Egypte

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 juin 2012

Quelques jours après l'élection au suffrage universel, Mohamed Morsi, candidat présenté par les Frères musulmans, prend ses fonctions. C'est l'occasion de s'interroger sur sa marge de manœuvre et son programme. Présenté comme modéré, il doit tenir compte d'autres forces, notamment de l'armée.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 juin 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001674

Contexte historique

Par Claude Robinot

Après la chute de Moubarak en février 2011, l'Egypte entre dans un processus de renouvellement des institutions dans un paysage politique complétement renouvelé. Trois pôles occupent le devant de la scène. Les jeunes révolutionnaires urbains restent sur la place Tahrir pour poursuivre la révolution. Les Frères musulmans entrent en politique avec le parti "Liberté et Justice" dont le but est la conquête du pouvoir. Enfin, l'armée est chargée, à travers le Conseil Supérieur des Forces Armées (CSFA) de diriger la transition avant de remettre le pouvoir aux civils dans un délai de six mois. De nombreux incidents émaillent cette période, surtout à la veille des élections législatives de décembre- janvier 2012. La sécurité militaire s'en prend aux jeunes de la place Tahrir ou aux Chrétiens coptes qui manifestent devant l'immeuble de la télévision. A chaque fois, on relève quelques dizaines de victimes.

Les résultats proclamés le 21 janvier 2012, donnent une large victoire aux partis islamistes dans tout le pays, 47 % pour Liberté et Justice et 25 % pour les salafistes. Les élections à la chambre haute confirment ce rapport de force. Pour les frères musulmans c'est un succès. La confrérie, fondée en 1928 par l'instituteur Hassan El-Banna est aux portes du pouvoir. Elle recueille le fruit de son action sociale et caritative auprès des Egyptiens les plus modestes. Toutefois, les Frères sont contestés par les salafistes plus radicaux qui leur disputent le monopole de la prédication religieuse. Les révolutionnaires et les partis laïques très divisés sont les grands perdants du scrutin.

L'élection présidentielle, fixée pour mai-juin 2012, représente un enjeu encore plus important car elle donne les clés du pouvoir exécutif et permet de peser sur la forme de la prochaine constitution. Les Frères musulmans veulent présenter Khaïrat Al-Chater, un puissant homme d'affaires islamiste, mais la commission électorale refuse sa candidature. Il est remplacé par un ingénieur, Mohamed Morsi, moins connu et moins charismatique. Face à lui, les Egyptiens ont le choix entre 12 autres candidats. Morsi arrive en tête du premier tour avec environ 25 % des voix et derrière lui, un ancien ministre de Moubarak, Ahmed Chafiq. Le 17 juin 2012, Mohamed Morsi l'emporte avec 51 % des suffrages, alors que la participation n'a été que de 47 %. Une victoire incontestable mais juste pour le premier président élu démocratiquement en Egypte.

Face aux problèmes de l'Egypte, les Frères avaient une réponse unique : « l'Islam est la solution ». Une partie des Egyptiens redoutent que la confrérie exerce un contrôle total sur le pays. Le nouveau président va prendre une série de mesures, jugées maladroites, qui vont nourrir ces craintes.

En août 2012, Mohamed Morsi renvoie le maréchal Tantaoui, homme fort de l'armée de l'ère Moubarak. Il le remplace par le général Al-Sissi, un jeune militaire formé aux Etats-Unis qui a la réputation de ne pas être hostile aux Islamistes. A terme, ce choix sera fatal pour Morsi et les Frères musulmans, chassés du pouvoir par El-Sissi en juillet 2013

En novembre 2012, dans une déclaration constitutionnelle, Morsi s'octroie le pouvoir législatif et donne à ses décisions un caractère irrévocable.

Pour les militaires, qui craignent pour leur pouvoir, et pour les révolutionnaires et les partis laïques, cette décision est inacceptable. Les Jeunes de Tahrir lancent le mouvement « Tamarrod » (rébellion) qui reçoit le soutien de l'armée. L'alliance de ces deux forces aboutit en juillet 2013 à la destitution de Mohamed Morsi qui n'est plus soutenu que par les Frères musulmans.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Le sujet du journal télévisé de France 2, intervient quelques jours après l'entrée en fonction du président Mohamed Morsi. Un peu à la manière anglaise, les images et le reportage sont divisés en deux parties distinctes : une présentation des faits et un commentaire analytique. La première volée d'images ne dure que quelques secondes et montre Morsi visitant le palais présidentiel. Le décor et la tenue du président en costume-cravate resteraient banals s'il n'y avait derrière cette volonté d'adopter un style très occidental, l'intention de rassurer les opinions publiques (égyptienne et internationale). David Pujadas reprend ensuite la parole pour poser la question qui va guider toute l'analyse : de quelle marge de manœuvre dispose le nouveau président pour mettre en œuvre un programme inspiré par l'islamisme ?

Trois questions sont successivement posées suivies d'une réponse argumentée par le commentaire, les images et la parole d'experts.

Tout d'abord, on présente Morsi, largement inconnu du public, comme le deuxième choix de la confrérie. C'est un ingénieur libéral. Ce qui veut dire qu'il est favorable à l'économie de marché, au capitalisme comme tous les frères. Il a fait une partie de ses études aux Etats-Unis. Sans le dire ouvertement, le commentaire sous-entend son manque de charisme. Ensuite, sur le rôle de l'armée, le commentaire rappelle que son poids n'est pas seulement militaire et politique mais aussi économique. Héritage nassérien, l'armée possède, emploie et dirige dans beaucoup de secteurs. Antoine Sfeir confirme ces faits. Les images montrent l'homme fort de l'armée, le Maréchal Tantaoui, président du CSFA. Enfin le commentaire explique que les Frères musulmans devront composer avec les réalités sociales et économiques. On donne l'exemple du tourisme sur des images racoleuses de boîte de nuit et de plages. On peut regretter que l'intervention de Gilles Keppel, grand spécialiste de l'Egypte, soit réduite au sujet anecdotique du tourisme.

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