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Licenciements chez Citroën et fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 juil. 2012

Deux mois après l’élection présidentielle, Philippe Varin, président du groupe PSA annonce la suppression de 8000 emplois et la fermeture de l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois. Pour la CGT qui avait mené une lutte très médiatisée pendant la campagne électorale, cette décision est économiquement injustifiée et correspond à une déclaration de guerre.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
12 juil. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001676

Contexte historique

Par Claude Robinot

Citroën est une marque emblématique de l’industrie automobile française qui évoque des réussites originales, pour les véhicules de prestige comme pour les modèles populaires. La « marque au chevron » reste très populaire dans l’opinion  et les événements qui la touchent ne passent pas inaperçus. La crise industrielle s’est manifestée une première fois en 1976 quand la marque  a été achetée par  le groupe PSA. Les sites de productions demeuraient les mêmes. L’usine de Rennes, construite dans les années soixante (voir L'usine Citroën de La Janais) témoigne de la politique d’expansion du groupe à l’époque des trente glorieuses. Les 6 000 ouvriers recrutés à l’ouverture  venaient presque exclusivement du monde rural environnant.  L’établissement d’Aulnay-sous-Bois a ouvert en 1973, en remplacement du site historique du quai de Javel à Paris. Il s’agit d’une immense usine intégrée, conçue sur le modèle tayloriste alors à son apogée. Contrairement à Rennes, le recrutement fait appel à d’importants contingents de main d’œuvre immigrée. En quarante ans d’existence (1973-2013) plus de 8 millions de véhicules ont été assemblés sur les chaines d’Aulnay. A la veille de la fermeture, l’usine employait encore 3600 personnes. Citroën était le premier employeur de Seine-Saint-Denis.

L’usine est aussi connue pour la virulence des luttes sociales et la compétition entre la CGT et le CSL, syndicat inspiré par la direction. En 2007, la CGT conduit une grève qui dure plus de six semaines et revendique une augmentation de 300 € alors que la direction n’offre que 26 €. Les grévistes ont su profiter des circonstances, la grève s’achève en avril, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Cinq candidats sont venus rendre visite aux grévistes.

En juin 2011, Jean-Pierre Mercier (responsable CGT qui est  aussi un  militant trotskyste) remet à la presse un rapport confidentiel rédigé par deux cadres de l’entreprise qui envisage la fermeture de l’usine d’Aulnay à l’horizon 2014. La révélation fait un grand bruit. C’est le début d’un bras de fer entre la direction qui tente de rassurer et les syndicats CGT et Sud, tous les protagonistes prennent l’opinion à témoin. Les syndicats demandent au candidat François Hollande de s’engager pour le maintien de l’activité à Aulnay. En juillet  2012, les élections passées, Philippe Varin annonce l’arrêt de la fabrication de la C3 à Aulnay. Les tensions sont vives à l’intérieur de l’usine entre la CGT et le syndicat Sud partisans d’une action musclée et les autres syndicats plus soucieux de négocier les conditions de départ.

La décision est acquise le 29 avril 2013. Cinq syndicats, à l’exception de la CGT en grève depuis trois mois, signent le plan d’accompagnement. Outre des primes de licenciement pour ceux qui quittent volontairement l’entreprise, le dispositif prévoit le reclassement de 1500 employés dans d’autres usines du groupe et l’embauche de 1500 personnes dans des entreprises à créer sur l’emplacement libéré par Citroën.

Le 23 octobre 2013, la dernière voiture sort des chaines d’Aulnay. 2 712 salariés sur 3 000 ont trouvé une solution de reclassement. La production qui se faisait sur Aulnay a été transférée à l’usine de Poissy mais aussi à Trnava en Slovaquie. En deux ans, le groupe a supprimé 11 200 postes.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Les lieux de tournage et les images choisies pour ce reportage sont particulièrement éclairants sur la situation sociale à l’intérieur du groupe PSA. L’annonce à la presse de la suppression de 8000 emplois chez Citroën se fait au siège social du groupe PSA, avenue de la Grande Armée, près des Champs-Elysées, sous la protection des vigiles.

Le PDG du groupe Philippe Varin s’exprime selon les canons habituels de la communication d’un grand patron du CAC 40. Des termes mesurés, la justification d’une décision rendue inéluctable par les conditions économiques. On remarquera que la réaction du responsable syndical de la CGT, Jean-Pierre Mercier, est aussi filmée rue de la Grand-Armée, mais à l’extérieur du siège social, sur le trottoir. Le syndicaliste qui connait bien le fonctionnement des médias est venu apporter la contradiction sur les lieux mêmes où les décisions sont prises. Son discours est radical, il parle de déclaration de guerre, il est à la hauteur  des enjeux, puisque l’usine d’Aulnay doit être fermée.

On peut aussi noter qu’aucune image n’a été tournée sur le site pour enregistrer les réactions des ouvriers : en revanche on a quelques déclaration des syndicalistes de l’usine de Rennes elle aussi touchée par les mesures de réduction d’effectifs, mais moins brutalement que dans la région parisienne. On ne voit d’Aulnay qu’une image « Google Earth », un travelling extérieur pris de voiture  et des images promotionnelles anciennes sur les chaines de montage.

Visiblement il n’a pas été possible de tourner sur place, probablement parce que la direction n’a pas donné l’autorisation, mais aussi parce que les tensions sociales sont vives entre grévistes et non-grévistes. Les caméras de télévision ne sont pas toujours les bienvenues dans ce cas. Le reportage se termine par une sorte de pondération qui indique que les employés du siège social et ceux des centres de recherche seront aux aussi touchés.

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