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Xi Jinping, un nouveau président pour la Chine

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 nov. 2012

Au moment même où le président Obama est réélu, la Chine renouvelle ses instances dirigeantes. Le congrès du parti communiste chinois procède en douceur  au remplacement de Hu Jintao par Xi Jingping.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 nov. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001679

Contexte historique

Par Claude Robinot

En 1979 s’achève l’ère maoïste avec l’arrivée au pouvoir du réformateur Deng Xiaoping. Son programme des « quatre modernisations » transforme  le pays qui adopte l’économie de marché sous le contrôle du parti communiste. La Chine devient une grande puissance économique, appliquant les recettes du capitalisme libéral, mais elle reste un régime autoritaire où les dirigeants ne sont pas élus par la population mais désignés par le congrès du parti communiste chinois.

Deng Xiaoping, qui gouvernait dans l’ombre sans autre titre que président de la commission militaire centrale, réussit à imposer quelques règles pour que la succession à la tête du pays se passe sans trop de heurts. Il veut surtout éviter  que la compétition entre clans à l’intérieur du parti n’aboutisse à la prise du pouvoir par un dictateur tout puissant et solitaire. Il impose que la direction du parti soit collégiale, c'est-à-dire circonscrite aux 9 membres du comité permanent du bureau politique. Il limite à deux mandats de cinq ans le poste de président de la République. En 1989, après le massacre de la place Tien An Men, il se choisit un dauphin en la personne de  Jiang Zemin qui gouverne le pays de 1989 à 2002. Deng ne s’arrête pas là. Il fait attribuer à Hu Jintao, plus jeune, le poste de vice-président. Comme prévu, Jiang se retire et Hu lui succède sans heurts apparents. Le parti communiste garde la haute main sur l’attribution des postes. En 2007, le 17e congrès du parti communiste confirme Hu Jintao dans son deuxième mandat et intègre dans la direction centrale Xi Jinping, promis à un poste dirigeant. Fin 2012, le 18e congrès le désigne comme président de la république et chef de la commission militaire centrale. En apparence, le mécanisme de succession fonctionne sans anicroche ; en réalité la désignation du nouvel homme fort est aussi le résultat d’une féroce lutte de clans que seuls les spécialistes de la politique chinoise arrivent à démêler. 

Xi Jinping est ce qu’on appelle un « prince rouge », c'est-à-dire qu’il est le fils d’un des proches amis de Mao Zedong. Il était en rivalité avec un autre héritier, Bo Xilai, qui est limogé et accusé de corruption. L’ancien premier ministre est lui aussi touché par des scandales financiers. Le nouveau président bénéficie auprès des Chinois de la notoriété de son épouse Peng Liyuan, général de l’armée populaire mais surtout chanteuse très connue, apparaissant souvent à la télévision.

Par ailleurs,  Xi Jinping a fait sa carrière d’administrateur dans la région de Shanghai, où il s’est montré très habile pour favoriser le développement économique et nouer des relations avec les investisseurs étrangers.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Le journal de 20 heures, présenté par David Pujadas, commence par un lancement original et inhabituel. La coïncidence chronologique a voulu que l’élection du président Obama et celle du dirigeant chinois Xi Jinping tombent  au même moment. Les journalistes en ont profité pour réaliser un montage comparatif des styles télévisuels  américains et chinois. Dans le premier cas, il s’agit d’un spectacle médiatique où le président élu, accompagné de sa famille, vient remercier les citoyens américains avec une simplicité très étudiée ; dans l’autre, l’élu remercie avec une humilité et une retenue très convenues les membres dirigeants du parti qui l’ont porté au pouvoir. L’opposition des images est spectaculaire entre un rituel démocratique et celui hérité du communisme.

Le reportage revient ensuite sur le congrès du parti communiste chinois. Les images sont impressionnantes : plus de 2000 délégués, tous habillés avec les mêmes costumes et uniformes, sagement alignés comme les rangées de fleurs rouges et jaunes qui décorent les tribunes... Les mots du commentaire sont eux aussi sans surprise : « grande messe », « décorum », « fastueux… ». Derrière ces apparences, il faut essayer de décoder quelques signes. L’uniformité de l’habillement est justifiée par l’idéologie du PCC qui veut que l’égalité  et la simplicité la plus stricte règnent entre les camarades. On remarquera que Hu Jintao et Xi Jinping, les deux hommes les plus puissants du pays, connus de tous, portent un  badge d’identification avec photo, comme tous les autres délégués. Les élus font montre de calme et de modestie, sans faire percevoir aucun signe d’émotions personnelles. Ce rituel rigoureux et codé a pour but de faciliter le passage du pouvoir entre deux équipes dirigeantes dans un pays où il n’y a pas d’élections au suffrage universel. Il faut montrer l’accord et l’unanimité.

Le commentaire met pourtant le doigt sur les tensions qui existent entre Hu et Xi. Derrière le discours conventionnel sur la lutte contre la corruption à l’intérieur du parti et dans le pays, se cache une guerre de clans. Le Premier ministre accusé d’enrichissement a dû s’effacer et retourner dans l’anonymat. Hu a perdu, n’a pas pu imposer le successeur qui avait son soutien. L’interview sur la place Tien an Men d'un Chinois qui approuve la lutte contre les corrompus ne change rien. C’est le parti qui se charge de réprimer les malversations. Le peuple ne doit pas s’en mêler. Les autres images montrent que l’ordre autoritaire règne à Beijing, sous les auspices du portrait de Mao. Ce que le parti craint le plus, c’est une protestation populaire.

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