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L’affaire Dominique Strauss-Kahn

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 mai 2011

Les journalistes viennent d’apprendre dans la nuit que Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI et candidat éventuel à la présidence de la République, a été arrêté à New-York, accusé d’agression sexuelle à l’encontre d’une femme de chambre. Il est en garde à vue et doit être présenté à un juge.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 mai 2011
Production :
INA
Page publiée le :
28 oct. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001683

Contexte historique

Par Claude Robinot

Dominique Strauss-Kahn, avant d’entamer une carrière politique, a suivi des études d’économie qui l’ont conduit jusqu’au professorat à l’université de Paris-Ouest Nanterre. Sa réputation et sa compétence l’amènent  à travailler pour les services du Commissariat au plan. Lionel Jospin lui confie la responsabilité des études économiques pour le Parti socialiste, dont il devient un député aux élections de 1986. A l’assemblée, il présidera tout naturellement la commission des finances, puis sera ministre délégué à l’industrie et au commerce extérieur de 1991 à 1993. Cette progression est brusquement interrompue en 1993 par la défaite de la gauche et la perte de son mandat de député. Désormais sans fonction officielle, il crée un cabinet d’avocat d’affaire : DSK Consultants, qui lui permet de tisser des liens avec le monde de l’industrie et de la finance. En 1995, son élection comme maire de Sarcelles lui donne un ancrage local et l’expérience dans la gestion d’un territoire, nécessaire à une carrière politique.

En 1997, la victoire de la gauche aux législatives lui ouvre la porte de Bercy. Il devient ministre de l’Economie et des Finances du cabinet Jospin. Une nomination logique puisqu’il était le principal auteur du programme économique du parti socialiste. A ce poste, sa tâche principale est de préparer la France à l’entrée dans l’euro, prévue entre 1999 et 2002. Il relance les privatisations par l’ouverture du capital des entreprises publiques. Son passage à Bercy lui vaut une réputation de compétence mais aussi les reproches d’une politique jugée trop libérale. DSK, promis à un bel avenir, est mis en cause dans plusieurs affaires politico-financières (affaire de la MNEF, affaire de la cassette Méry). Aucune condamnation ne sera prononcée, mais  l’effet immédiat est de marquer un coup d’arrêt à la carrière de DSK, contraint de démissionner en 1999.

Il devient dans cette période une personnalité majeure du Parti socialiste, animateur du courant « socialisme et démocratie » et rassemble sur son nom la tendance sociale-démocrate. Dans la  primaire qui doit désigner le candidat socialiste aux élections présidentielles de 2007, DSK est opposé à deux autres « éléphants » du PS. Il arrive en deuxième position derrière Ségolène Royal qui l’emporte très largement.

Nicolas Sarkozy, devenu président de la République, propose la candidature de DSK au poste de Directeur du FMI, traditionnellement attribué à un européen. Ce choix du président français est habile : tout en reconnaissant la compétence d’un opposant, il éloigne un possible concurrent pour les élections de 2012. Dès lors, un combat à distance s’instaure entre les deux hommes. Tous les succès que rencontre DSK au FMI sont portés à son crédit et renforcent sa position de rival de Nicolas Sarkozy. Les sondages flatteurs alternent avec les attaques personnelles contre le directeur du FMI et son épouse Anne Sinclair.

Avant l’affaire du Sofitel, DSK avait été compromis dans l’« affaire Piroska Nagy », une collaboratrice hongroise dont il aurait obtenu des faveurs sexuelles en abusant de sa position hiérarchique. Après des excuses, il n’est pas inquiété et reste à la tête du FMI. Ce qui arrive le 14 mai 2011 est d’une autre gravité : DSK est arrêté par la police de New-York dans l’avion qui devait le conduire en France. Une femme de chambre, Nafissatou Diallo, l’accuse d’agression sexuelle. Il est inculpé, mis en détention pour quelques jours et doit présenter sa démission du FMI. Le procès aboutit à un non-lieu, une transaction financière est passée avec la victime de ce que DSK appellera une faute morale. Revenu en France, les accusations le poursuivent. Cette fois il est accusé de proxénétisme dans le scandale du « Carlton de Lille ». Les espoirs d’une carrière politique au sommet sont désormais ruinés.

Éclairage média

Par Claude Robinot

« Un choc, un séisme… » Tels sont les mots qui ouvrent la séquence du journal télévisé de Laurent Delahousse. Le présentateur ne fait que reprendre les termes qui ont couru dans toutes les rédactions dès la nuit précédente, compte tenu du décalage horaire, quand les Français ont appris l’arrestation de DSK. On remarque sur le plateau la présence de Ségolène Royal qui fut la rivale du directeur du FMI dans la course à la candidature en 2007.

Vient ensuite le dispositif habituel du direct, lorsque l’actualité est réputée « chaude ». Le correspondant de France Télévision à New-York Stéphane Breitner apparaît à l’écran. Il ne fait que confirmer ce que le présentateur a déjà dit : DSK est dans un commissariat et doit être présenté au juge. Cette séquence redondante n’a d’autre but que de montrer l’importance du dispositif médiatique et de dramatiser l’information. Vient ensuite une séquence de « récit en images » habituel à la télévision lorsqu’il faut établir les faits. Comme toujours, une série d’images prises sur les lieux, montées avec des infographies et des images de Google Earth, collent en rythme au commentaire qui dit l’essentiel. On revient ensuite au plateau en présence du présentateur et de son invitée Ségolène Royal pour un bref plan de coupe, puis retour au direct à New-York où le correspondant est toujours dans l’attente de la comparution de DSK. Le journaliste au moment où il s’exprime ignore la décision qui sera prise. Il explique les possibles développements de l’affaire. Compte-tenu de la gravité des charges retenues, la juge de fonction peut décider la  mise en résidence surveillée ou l’incarcération. Une prévision qui se révèlera exacte. Cette séquence du JT illustre parfaitement la façon dont la télévision procède dans l’urgence lorsqu’une affaire importante éclate.

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