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Une armée française méconnue de la Première Guerre mondiale, l'armée d'Orient

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 oct. 1968 | Date d'évènement : 1918

A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'armistice de 1918, des anciens combattants reviennent sur leur expérience particulière au sein de l'armée d'Orient et sur la grande offensive menée dans les Balkans en 1918. Parmi eux se trouve notamment l'un des as de l'aviation, Dieudonné Costes, qui réalisa après la guerre de nombreux exploits aéronautiques.

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
1918
Date de diffusion du média :
05 oct. 1968
Production :
INA
Page publiée le :
05 nov. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001700

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Au cours de l'année 1915, la guerre connaît un processus d'extension avec l'entrée dans le conflit de nouveaux Etats. Après avoir reçu le soutien de l'Empire ottoman à la fin de l'année 1914, l'Allemagne connaît un nouvel allié en 1915, la Bulgarie. En position de force dans les Balkans, l'Alliance envahit la Serbie, que tente immédiatement de soutenir l'Entente en constituant une Armée d'Orient, créée à partir des rescapés de l'opération des Dardanelles et d'un corps expéditionnaire dirigé par le général Sarrail. Cette armée d'Orient débarque à Salonique, avec la bénédiction du premier ministre grec, bien que la Grèce soit officiellement neutre. Outre l'idée de secourir l'allié serbe, l'expédition de Salonique contribue également à maintenir le deuxième front que Winston Churchill avait échoué à faire ouvrir lors de la tentative de débarquement des Dardanelles en avril 1915 (bataille de Gallipoli) en raison de la résistance de l'armée turque.

Ayant échoué dans leurs tentatives pour porter secours aux Serbes après la bataille du Vardar, les troupes de l'armée d'Orient se regroupent en se retranchant sur la Macédoine, dans des conditions souvent difficiles (boue, froid, marécages, paludisme). Salonique devient ainsi un véritable camp retranché, vers lequel se réfugient les troupes franco-britanniques ainsi que les troupes serbes battant en retraite face aux Bulgares. En août 1916, Sarrail reçoit des renforts, disposant sous ses ordres de contingents français, britanniques, mais aussi serbes, grecs, italiens, russes et même des volontaires albanais.

Le 10 décembre 1917, Sarrail est remplacé par le général Guillaumat, à qui succède en juin 1918 le général Franchet d'Espèrey. Depuis le retrait de la Russie du conflit, l'armée d'Orient revêt une dimension stratégique nouvelle, puisque c'est elle désormais qui permet de fixer les troupes des Empires centraux, empêchant que toutes leurs forces puissent être transférées vers l'Ouest. Franchet d'Espèrey dirige une grande offensive en direction de la Bulgarie en septembre 1918. Couronnée de succès, elle entraîne la rupture du front bulgare après la victoire de Dobro Polje, et constitue le signal de la débâcle générale des puissances centrales. En quelques semaines, l'armée d'Orient libère la Serbie et la Roumanie et envahit la Bulgarie puis l'Autriche-Hongrie. L'armée d'Orient, divisée en différents secteurs, sera maintenue jusqu'en 1920 pour faire respecter les traités de paix.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

L'armée d'Orient a été quelque peu oubliée, voire méprisée au cours de l'après-guerre. Le camp retranché de Salonique avait par exemple été surnommé « la cage aux oiseaux » (Birds cage) par les Anglais. Clemenceau avait affublé les soldats d'Orient du sobriquet de « jardiniers de Salonique ». Une fois la guerre terminée, les « poilus d'Orient », dont le rôle était méconnu de l'opinion, se regroupèrent dans différentes associations pour essayer de valoriser leur combat et de lutter contre une certaine forme de condescendance. Les Français avaient en effet tendance à considérer qu'ils avaient échappé à « l'enfer » du front occidental, sans avoir véritablement connaissance des conditions de vie et de combats très difficiles qui furent les leur au sein du camp retranché de Salonique. Les témoignages présentés ici montrent clairement la volonté de valoriser cette armée d'Orient, en rappelant qu'elle avait courageusement combattu, qu'elle avait eu des chefs prestigieux (Sarrail, Franchet d'Espèrey) et surtout ses héros, comme l'aviateur Dieudonné Costes, l'un des as de l'aviation française avec neuf victoires aériennes, onze citations, la médaille militaire et la légion d'honneur obtenue pour le courage dont il avait su faire preuve dans les Balkans. Les Français connaissaient surtout Costes pour ses exploits aéronautiques dans l'entre-deux-guerres (réalisations des premières traversées sans escale de l'Atlantique sud et de l'Atlantique nord) mais ne savaient pas forcément qu'il avait été pilote sur le front d'Orient lors de la Première Guerre mondiale. Le témoignage de Costes, au-delà du rôle de l'aviation sur le front d'Orient, est également intéressant au sujet des missions qui étaient confiées aux aviateurs lors de la Première Guerre mondiale (essentiellement des opérations de reconnaissance ou destinées à préparer les tirs d'artillerie).

Largement méconnue aujourd'hui encore, cette armée d'Orient n'en a pas moins eu un rôle tout à fait important sur le plan stratégique au cours de la guerre, puisque c'est elle qui fit que les empires centraux ont été pris entre deux feux, surtout après la révolution russe de 1917 et le retrait de la Russie du conflit. En ce sens, cette armée d'Orient a joué une double fonction en 1918, empêchant tout d'abord que l'Alliance puisse jeter toutes ses forces dans l'offensive de printemps contre la France, accélérant ensuite la chute des puissances centrales, prises à revers par l'offensive menée par Franchet d'Espèrey à travers la Bulgarie et en direction de l'Autriche-Hongrie.

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