Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 04 févr. 1962
Le peintre Jean Fautrier présente Les Otages, toiles inspirées par la guerre.
Niveaux et disciplines
Ressources pédagogiques utilisant ce média
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 04 févr. 1962
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 10 sept. 2015
- Modifiée le :
- 29 juin 2023
- Référence :
- 00000001731
Contexte historique
Après avoir passé sa jeunesse à Londres, Jean Fautrier (1898-1964), de retour en France, est mobilisé en 1917. Il est déjà peintre. Victime des gaz de combats, il est définitivement réformé en 1921, s'installe à Paris et expose pour la première fois la même année. À la fois peintre et sculpteur, il devient un représentant de l'art informel (formes non figuratives), courant auquel se rattache aussi Jean Dubuffet. Ses activités sous l'Occupation sont mal connues mais on le sait rattaché à un réseau de Résistance et toujours actif artistiquement. En 1943, il réalise sa vingt-deuxième et dernière sculpture, la grande Tête d'otage. La même année, inquiété par la Gestapo, il doit fuir Paris et trouve refuge à Châtenay-Malabry en banlieue parisienne.
C'est là que le projet des Otages voit le jour : il entreprend une série de collages, de dessins peints à l'huile sur papier, travaille essentiellement les matières. Ces travaux constituent Les Otages et Massacres, un ensemble de portraits sensibles où l'artiste exprime son malaise face à la violence de l'époque. En 1945, ces peintures sont exposées à la Galerie Drouin, suscitant une vive admiration du public parisien. Le catalogue de l'exposition est préfacé par André Malraux. En réaction à l'invasion de Budapest par les Soviétiques en 1956, Jean Fautrier reprend plus tard le motif des Otages pour la série des Têtes de partisans, variations sur le vers « Liberté, j'écris ton nom » de Paul Éluard.
Éclairage média
Le document est une courte interview du peintre Jean Fautrier, réalisée pour une émission de 46 minutes, « L'œil d'un critique avec Michel Ragon ». Le réalisateur Jean-Marie Drot affirme en ouverture qu'il faut s'intéresser à l'art de son époque et propose de suivre Michel Ragon, critique d'art. Michel Ragon parle de la profession de critique d'art, de sa formation de journaliste littéraire, explique que les critiques sont utiles au public, à condition d'être plutôt témoins que juges. Il revient sur ses débuts dans la profession. Plusieurs artistes sont interrogés : le peintre Gérard Schneider, Jean-Michel Atlan et sa femme Denise. Michel Ragon évoque Pablo Picasso, Pierre Soulages, Fernand Léger, Nicolas de Staël et d'autres peintres.
Filmé et interviewé dans son atelier, Jean Fautrier explique alors son travail pour Les Otages, série de petits tableaux de la dimension d'une tête, inspirée de l'actualité tragique des années de guerre, alors que le peintre vivait retiré à la campagne (1943). Il raconte qu'il recherchait une autre figuration, libérée des règles trop strictes du cubisme ou de tout autre courant, et surtout un moyen de garder et de faire passer l'émotion primitive. Il s'explique sur le terme d'art « informel » employé pour qualifier sa peinture : un art qui renonce à figurer (aucun détail n'apparaît sur les têtes des otages, résumés à de simples formes brutes) mais qui maîtrise tout de même la matière peinte. Il affirme que pour Les Otages, les jeux de matières ont permis d'exprimer avant tout la misère humaine.