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Liberté, récité par Paul Éluard

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1944

Le poète et résistant Paul Éluard lit son poème Liberté

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
1944
Production :
INA
Page publiée le :
10 sept. 2015
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001734

Contexte historique

Par Anne Doustaly

Né en 1895, Paul Éluard rejoint le groupe Dada et les Surréalistes dès 1918 et devient un pilier du mouvement. Adhérent au Parti Communiste en 1927, il en est exclu mais en reste proche. Il dit écrire contre l'ordre du monde. Sa lutte est, comme sa poésie, ininterrompue. Lorsqu'il écrit L'Immaculée Conception en 1930 avec André Breton, il se bat contre les traitements que l'on inflige aux aliénés, l'aliénation étant pour lui l'une des pires représentations de l'exclusion. Selon Éluard, la poésie est une entreprise de désaliénation. Très proche de Pablo Picasso pendant la guerre d'Espagne, il écrit La Victoire de Guernica en 1936, puis rompt avec les Surréalistes en raison surtout de ses désaccords avec André Breton en 1938.

Mobilisé en septembre 1939 dans l'intendance, il s'installe avec sa femme à Paris après l'armistice (22 juin 1940). En janvier 1942, il part vivre chez des amis, Christian et Yvonne Zervos, près de Vézelay à proximité des maquis. Éluard demande sa réinscription, clandestine, au parti communiste. En 1943, avec Pierre Seghers et Jean Lescure, il rassemble les textes de nombreux poètes résistants et les publie sous le titre L'Honneur des poètes. Face à l'oppression, les poètes chantent en chœur l'espoir, la liberté. C'est la première anthologie d'Éluard, où il montre sa volonté d'ouverture et de rassemblement, et sa fidélité à la règle surréaliste résumée par cette phrase de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous, non par un ». En novembre 1943, Éluard se réfugie à l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban dirigé par le docteur Lucien Bonnafé où se cachaient de nombreux juifs et résistants. À la Libération, il est fêté avec Louis Aragon comme le grand poète de la Résistance. La poésie est pour lui « un art de langage, un art de vie, un instrument moral ». Il meurt en 1952.

Éclairage média

Par Anne Doustaly

La lecture du poème fait partie d'un enregistrement de 18 minutes qui s'ouvre sur une présentation de Paul Éluard par son ami André Frénaud, lui aussi poète et résistant. Puis Éluard fait la lecture de cinq de ses poèmes : Pour vivre ici, L'entente, La victoire de Guernica, Liberté et Les armes de la douleur. L'enregistrement est fait dans la clandestinité. Liberté avait été publié le 3 avril 1942, sans visa de censure, dans le recueil clandestin Poésie et vérité. Il fut repris en juin 1942 par la revue Fontaine sous son titre initial Une seule pensée, qui permettait une diffusion dans la zone sud. Il est ensuite repris à Londres par la revue officielle gaulliste La France libre, et parachuté la même année à des milliers d'exemplaires par des avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français. À partir de 1945, Poésie et vérité est intégré dans Le Rendez-vous allemand, publié par les Éditions de Minuit.

Éluard s'est expliqué sur le titre originel du poème, Une seule pensée : « Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j'aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j'avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j'aimais incarnait un désir plus grand qu'elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n'était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l'Occupant ».

L'effet poétique est construit sur une alternance entre l'anaphore (Sur...sur...sur...en début de vers) et l'épiphore (j'écris ton nom en fin de strophes). Sur 21 strophes, le poème recense les territoires de la liberté (pages, nature, objets, êtres), qui en fait constituent le monde, et définit la mission du poète dans ce monde : nommer la liberté, la faire connaître. Durant les années de l'occupation nazie, Éluard est de ceux qui ne se résignent pas, il est un porteur d'espérance. Le poème a été mis en musique par Francis Poulenc dans sa cantate pour double chœur Figure humaine dès 1943. La même année, l'artiste céramiste et créateur de tapisseries Jean Lurçat a exécuté des tapisseries inspirées de ce poème, devenu un des hymnes de la Résistance française.

Bibliographie

- Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes - France 1940-1945, Seghers, 1974, réed. 2004.

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