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Attaque chimique en Syrie menée par le régime de Bachar Al-Assad

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 août 2013

De nombreux Syriens, victimes d’une attaque chimique dans les faubourgs de Damas le 21 août 2013, gisent blessés ou morts. La présidence de la République française accuse le régime syrien de ce crime. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel évoque une éventuelle intervention militaire. Le régime syrien tente de faire croire aux médias que l’attaque a été commise par l’opposition.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 août 2013
Production :
INA
Page publiée le :
10 juin 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001810

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

La guerre civile en Syrie, commencée en mars 2011 par des manifestations contre le régime de Bachar Al-Assad (voir ce document), est un conflit d’une grande violence. 270 000 personnes ont été tuées entre 2011 et 2016 selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. De nombreux massacres ont été commis, la plupart par les forces de Bachar Al-Assad. L’armée régulière syrienne n’hésite même pas à recourir aux armes chimiques.

Ainsi, le 21 août 2013, une attaque chimique a lieu dans les faubourgs de Damas : du gaz sarin est lancé sur la zone de la Ghouta, contrôlée par l’Armée syrienne libre, principale force opposée au régime de Bachar Al-Assad. Dans les heures qui suivent cette attaque, de nombreux témoignages affluent sur l’utilisation de gaz sarin. Des vidéos sont publiées sur YouTube et les réseaux sociaux, montrant des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants morts d’asphyxie ou inanimés, soignés dans des hôpitaux de fortune. Cette attaque chimique fait quelque 1 500 victimes.

Elle est immédiatement attribuée au régime de Bachar Al-Assad. Ce dernier nie pourtant sa responsabilité. Dans un communiqué lu à la télévision nationale, l’état-major syrien évoque des accusations « mensongères » destinées à cacher les échecs militaires des rebelles. Les pays occidentaux, les États-Unis et la France en tête, condamnent le régime de Damas pour cette attaque chimique qui viole le protocole de Genève de 1925. Ce dernier interdit en effet l’emploi d’armes chimiques et bactériologiques. Le président américain Barack Obama se dit « gravement préoccupé », l’attaque violant la « ligne rouge » sur l’usage des armes chimiques qu’il avait lui-même fixé un an auparavant. De son côté, le président français François Hollande déclare le 29 août 2013 dans Le Monde que le massacre « ne peut ni ne doit rester impuni » et « qu’un coup d’arrêt doit être porté contre un régime qui commet l’irréparable sur sa population. » Mais la Russie, allié indéfectible du régime syrien, s’oppose à toute action militaire occidentale.

Le 14 septembre 2013, après trois semaines de tensions, la Russie et les Etats-Unis, par le biais du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et du secrétaire d’État américain John Kerry, signent un accord visant à éliminer les armes chimiques syriennes. Sous la pression internationale, Bachar Al-Assad y consent. Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte ensuite à l’unanimité, le 27 septembre 2013, la résolution 2118 encadrant la destruction de l’arsenal chimique syrien. Elle confie cette mission à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et prévoit la possibilité de prononcer des sanctions au cas où le régime syrien ne respecterait pas ses engagements. La destruction du stock d’armes chimiques déclaré par Damas est alors prévue pour la mi-2014 mais c’est finalement en janvier 2016 que l’OIAC annonce sa réalisation.

L’élimination de cet arsenal et les différentes résolutions de l’ONU n’empêchent pourtant pas le régime syrien de continuer à mener des attaques au gaz chloré contre la population. La Syrian American Medical Society, organisation représentant des milliers de membres des milieux médicaux d’origine syrienne établis aux États-Unis, a recensé 161 attaques chimiques commises par le régime de Bachar Al-Assad de 2011 à 2016, dont 124 perpétrées depuis l’accord de démantèlement de septembre 2013, tuant près de 1 500 personnes.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Placé en ouverture du journal télévisé de 13 heures de France 2 le 25 août 2013, ce sujet est consacré à l’attaque chimique qui a eu lieu quatre jours auparavant dans les faubourgs de Damas. Comme la très grande majorité des médias internationaux, le groupe France télévisions avait retiré ses journalistes de Syrie en raison des menaces pesant sur eux (voir Les journalistes dans la guerre en Syrie). Seules deux petites parties du sujet ont en fait été réalisées par l’équipe de France 2 : il s’agit de l’interview d’une juriste de Médecins sans frontières réalisée dans les locaux parisiens de l’association humanitaire et d’une infographie. Celle-ci met en exergue plusieurs phrases tirées d’un communiqué de la présidence de la République française publié le jour même.

Le sujet se constitue par conséquent principalement de trois types d’images d’origines diverses : des vidéos amateurs filmées dans les faubourgs de Damas, des images tournées pendant une conférence de presse du secrétaire d’État américain à la Défense Chuck Hagel et des images filmées par la télévision nationale syrienne.

Les premières ont sans doute été tournées par des membres de l’opposition armée syrienne. Elles montrent des hommes, des femmes et des enfants inanimés sur le sol d’un hôpital de fortune. Leurs corps ne présentent aucune trace de blessure : ces victimes ont été asphyxiées par le gaz sarin. D’autres plans donnent à voir des cadavres ainsi qu’un charnier d’animaux, tous victimes de l’attaque chimique. Toutes ces images, publiées sur YouTube et les réseaux sociaux, visent à montrer la responsabilité du régime de Bachar Al-Assad dans le gazage de la population. Un groupe d’hommes, sans doute membres de l’Armée syrienne libre, effectue du reste des recherches de matières chimiques dans la rue afin de fournir des preuves tangibles à la communauté internationale du crime commis par le régime syrien. La juriste de Médecins sans frontières confirme que tous les éléments indiquent l’origine chimique de l’attaque.

Ces images apparaissent particulièrement poignantes. Les téléspectateurs sont mis en garde à trois reprises quant à leur dureté. La présentatrice Marie Drucker les avertit dès l’ouverture du journal télévisé puis encore une fois avant le lancement du sujet : elle parle d’ « images terribles » et « très difficiles ». La journaliste met également en garde les téléspectateurs dès le début du reportage : « Ce sont des images insoutenables ».

La seconde séquence du sujet est quant à elle entièrement consacrée à l’aspect diplomatique : elle vise à montrer la condamnation sans appel du régime de Bachar Al-Assad par la France et les États-Unis au vu des preuves récoltées sur le terrain. Le communiqué de la présidence de la République comme la déclaration du secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel lors d’une conférence de presse au cours d’une visite en Malaisie ne laissent aucune place au doute quant aux responsables de ce crime.

La troisième séquence du sujet se compose enfin d’images filmées par la télévision d’État syrienne : ce sont des images de propagande qui visent à réfuter les accusations portées contre le régime. Elles montrent en effet la visite d’un soi-disant bunker d’insurgés organisée par l’armée syrienne pour des journalistes. Cette visite a pour but de présenter des preuves probablement fabriquées de toutes pièces pour incriminer la rébellion. La journaliste de France 2 montre cependant bien dans son commentaire le manque de crédibilité de ces éléments. Ce bunker d’insurgés dans lequel ont été placés des bidons de gaz chimique a tout du « village Potemkine », mis en place à des fins de propagande.

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