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L’armée française libère Tombouctou et Gao de l’occupation djihadiste

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 janv. 2013

Au Mali, le 28 janvier 2013, Tombouctou a été libérée des djihadistes par les forces militaires françaises et maliennes : la foule exprime sa joie et sa reconnaissance à la France. Les soldats français déminent la ville. À Gao, les femmes ne portent plus le voile qui était exigé par les islamistes. Ceux-ci coupaient des mains et des pieds en application de la charia.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 janv. 2013
Production :
INA
Page publiée le :
10 juin 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001821

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Devenu indépendant de la France en 1960, le Mali n’a cessé d’être traversé par de forts antagonismes entre le Nord et le Sud. Le premier, désertique, est habité par les Touaregs, tandis que, dans le second, vit 90 % de la population malienne.

Le 17 janvier 2012, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) lancent une attaque contre plusieurs villes du Nord. Ils se sont alliés à des groupes islamistes armés dont al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et Ansar Dine, groupe salafiste. Ils parviennent à défaire rapidement l’armée malienne et à conquérir les grandes villes du nord du pays : Kidal le 30 mars 2012, Gao le lendemain et Tombouctou le 1er avril. Le MNLA annonce alors l’indépendance du nord du Mali, l’Azawad, avant de fusionner le 26 mai 2012 avec ses alliés islamistes d’Ansar Dine. Toutefois, les rebelles se divisent rapidement. Le MNLA doit ainsi abandonner Gao et Tombouctou à AQMI et Ansar Dine. À Tombouctou, « la ville aux 333 saints », capitale intellectuelle et spirituelle en Afrique aux XVe et XVIe siècles, les islamistes détruisent quinze mausolées (voir ce document) et tentent d’y appliquer la charia, la loi islamique.

Au début de l’année 2013, les groupes armés djihadistes avancent vers le sud du Mali et prennent Konna le 10 janvier 2013. La capitale Bamako et l’existence même du pays sont menacées. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, demande alors l’aide de la France pour repousser les islamistes. Le 11 janvier 2013, le président de la République française, François Hollande, décide ainsi d’engager l’armée française au Mali pour repousser les « éléments terroristes ». L’opération Serval, qui reçoit le soutien unanime du Conseil de sécurité de l’ONU, débute d’abord par une intervention aérienne qui permet de stopper l’avancée des groupes armés djihadistes. Puis les soldats français et maliens reprennent Konna le 18 janvier 2013 et Gao le 26 janvier. Tombouctou est à son tour libérée le 28 janvier sans coup férir par l’armée française. François Hollande se rend dès le 2 février 2013 dans la ville sainte musulmane libérée des djihadistes.

Les troupes françaises, qui atteignent 4 000 hommes, continuent ensuite avec les troupes maliennes à poursuivre les islamistes dans le nord-est du pays. Elles sont appuyées par les forces africaines de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), formée par les pays membres de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, qui se déploient dans le pays en janvier 2013. Par la suite, à partir de juillet 2013, la Mission intégrée de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma) prend le relais de la Misma. Elle conduit avec les soldats français et maliens une grande opération contre les djihadistes dans le Nord du pays en octobre 2013. Dans le même temps, le Mali connaît une stabilisation politique avec l’organisation d’une élection présidentielle les 28 juillet et 11 août 2013. Ibrahim Boubacar Keïta est élu aisément au second tour avec 77,62 % des voix.

La France met quant à elle officiellement fin à l’opération Serval en juillet 2014. L’armée française ne quitte pas pour autant le Mali : elle intègre une opération de lutte contre le terrorisme djihadiste dans l’ensemble du Sahel. La situation demeure en effet très instable dans la région, notamment dans le nord du Mali. Certes, le 20 juin 2015, un accord de paix est signé à Bamako entre la coordination des mouvements de l’Azawad, les rebelles touaregs, et le gouvernement malien. Cependant, les groupes armés djihadistes demeurent très menaçants. Ainsi, le 20 novembre 2015, deux hommes du groupe Al-Mourabitoune attaquent l’hôte Radisson Blu à Bamako et assassinent vingt personnes. Le 18 mai 2016, le groupe Ansar Dine tend une embuscade à une unité de la Misma, tuant cinq Casques bleus. De même, le 1er juin suivant, une double attaque est menée par AQMI à Gao, tuant un autre Casque bleu et trois civils travaillant pour l’ONU.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Le 28 janvier 2013, la première partie du journal télévisé de 20 heures de France 2, soit huit minutes, est entièrement consacrée à l’intervention militaire française au Mali. En effet, le jour même, soit dix-sept jours après le début de l’opération Serval, la ville de Tombouctou a été reprise aux djihadistes par les troupes françaises et maliennes. Cette reconquête suit celle d’une autre ville importante du nord du pays, Gao, libérée le 26 janvier 2013. Le journal télévisé s’ouvre ainsi sur deux sujets réalisés l’un à Tombouctou, l’autre à Gao, entrecoupés par des plateaux d’un envoyé spécial et du présentateur David Pujadas.

Plusieurs équipes ont été envoyées par France Télévisions au Mali pour couvrir l’intervention militaire française. Dans le cas présent, deux équipes de France 2 se sont réparties les reportages : le grand reporter Franck Genauzeau à Tombouctou, le correspondant de France 2 à Dakar, Gérard Grizbec, à Gao. Toutefois, pendant l’offensive française Mali, les chaînes de télévision françaises n’ont pu présenter aucune image des combats contre les groupes djihadistes filmées par leurs équipes. Les seules images diffusées dans les journaux télévisés ont été réalisées par l’ECPAD (l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense). Les journalistes ont en effet été tenus à l’écart des zones de combats à la fois par les armées malienne et française. Officiellement, l’état-major malien a bloqué les reporters pour des raisons de sécurité, craignant leur enlèvement.

Les journalistes n’ont été autorisés à se rendre sur place qu’après les combats, une fois les djihadistes repoussés. Franck Genauzeau et Gérard Grizbec proposent ainsi tous deux des reportages tournés au sein des villes libérées. Le premier, filmé devant l’entrée de Tombouctou, n’apparaît pas muni du traditionnel gilet pare-balles des reporters de guerre, ce qui atteste de son éloignement des zones de combats. Faute d’images des affrontements, Franck Genauzeau en est réduit à montrer leurs traces et leurs suites : un blindé malien abandonné sur le bord de la route, les explosifs et mines laissées par les djihadistes. L’autorisation de filmer dans Tombouctou lui a bien été accordée par l’armée française. Il lui a même été permis d’accompagner des soldats français dans leurs opérations de déminage et d’en interroger certains.

Les deux reportages mettent avant tout en lumière la joie des habitants d’être libérés de la domination islamiste. Dans le premier, la plupart des plans donnent à voir et à entendre la liesse de la population de Tombouctou qui s’exprime notamment par des coups de klaxons et des vivats. La reconnaissance envers la France et son président François Hollande apparaît également omniprésente, tant par les nombreux drapeaux français brandis que dans les propos d’habitants interrogés par le biais d’un micro-trottoir. Dans le second sujet, tourné à Gao, la joie manifestée par les habitants est illustrée par leurs libertés retrouvées, et plus particulièrement celles recouvrées par les femmes. Plusieurs plans très symboliques témoignent de la fin de l’application de la charia. Le reportage s’ouvre ainsi sur des images de femmes qui enlèvent leur voile : le retrait du voile symbolise la libération de la domination islamiste et le retour des libertés qui avaient été supprimées avec l’application de la charia. Ces images apparaissent tellement emblématiques que l’on peut même se poser la question d’une mise en scène pour les besoins du reportage. La séquence dans laquelle un homme joue d’un instrument de musique traditionnel qu’il avait dû cacher pendant l’occupation djihadiste vise également à illustrer le retour à la liberté.

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